Yeslem Ould Beibacar : « Je ne comprends rien de ce qui m’est arrivé ! »
Yesleme Ould Beibacar est un ancien chef de centre de la SNDE qui a servi à Kaédi et à Kiffa. Il a d’abord été affecté en 2006 de Kiffa à Kaédi où il est resté en poste jusqu’en 2010 avant d’être réaffecté à nouveau à Kiffa. Le 5 mars 2012, il a reçu une demande d’explication datée du 4 mars et signée par la direction commerciale de la SNDE.
Cette correspondance lui signifiait que « Le rapport d’inspection qui était en mission au niveau du centre commercial de Kaédi du 27/02/2012 au 03/03/2012 fait ressortir des dysfonctionnements au niveau de la caisse de ce centre ayant trait à des paiements effectués par des clients contre la livraison de reçus manuel/SNDE dûment établis par le Centre de Kaédi. Ces reçus ont été bien transcrits mais non transmis à le DC, pour saisie.»
Cette note invitait alors M. Yeslem Ould Beibacar à s’expliquer dans un délai de 48 heures sur la situation entre l’année 2007 et l’année 2010 pour faire comprendre le sort d’un montant d’environ 31 millions 4 cents mille ouguiya.
En réponse à cette demande d’explication, l’ancien chef de Centre de la SNDE a envoyé une correspondance au directeur Commercial dans laquelle il est écrit ceci : « Le dysfonctionnement relevé porte sur un montant total de 31 378 203 UM. Il s’agit, en fait, de 4990 reçus délivrés au clients au titre de paiement de factures supposées ne pas être transcrits et saisis normalement pour venir solder le compte du montant payé à la caisse. Dans ce cas précis, ces montants apparaissent comme impayés sur la facture du client alors que ce dernier est en règle.
Ce phénomène toute proportion gardée, est possible, poursuit Yeslem Ould Beibacar dans sa réponse à la DC. Car explique-t-il, il se produit dans le cadre de la gestion manuelle de la chaine de prise en charge des règlements de factures à la caisse dans les centres à l’intérieur contrairement aux centres commerciaux de Nouakchott et Nouadhibou où cette chaine est intégralement informatisée. Se disant surpris de l’ampleur du phénomène, Ould Beibacar appelle la DC à effectuer de plus profondes investigations pour situées toutes les responsabilités. Selon lui, il ne saurait être comptable d’un dysfonctionnement d’opérations de Caisse se chiffrant à un trou de d’environ 32 millions sur une période de quatre ans.
A propos de responsabilité, l’ancien chef de centre mentionne que par une relecture des règles de procédure et des directives éditées et mises en application, dans le cadre de la gestion manuelle des règlements dans les centres de l’intérieur la chaine concerne : le centre pour ce qui est de la prise en charge de du règlement par la délivrance d’un reçu signé par le caissier ; la Direction Commerciale pour ce qui est des saisies des journaux de caisse avec les souches originales de reçus délivrés aux clients ; et la direction financière pour ce qui est des opérations de vérification de conformité des montants transcrits et saisis par rapport au nombre de reçus émis et de leur montants.
Ces explications n’ont visiblement pas convaincu la Direction de la SNDE qui, le 08 mars 2012, a envoyé à Yeslemn Ould Beibacar une lettre de « licenciement pour faute grave ». Dans cette lettre signée par Mohamed Khalifa Ould Biyyah DG de la SNDE, il est rappelé à l’ancien chef de centre les processus de demande d’explication sur « les agissements dont il a été l’auteur entre 2007 et 2010 au moment où il exerçait la fonction de chef de centre de Kaédi : non versement de paiements effectués par les clients et non transmission des reçus manuels correspondants pour la saisie.
Arguant que les explications fournies n’ont pas permis d’écarter sa responsabilité ou de comprendre ses différents agissements, le DG de la SNDE a signifié à Ould Beibacar la décision de la société de se passer de sa collaboration, et ce sur la base de l’article 25 du règlement intérieur. « Vous pouvez considérer qu’à compter du 8 mars 2012, il n’existe plus aucun lien de droit entre vous-même et la société nationale d’eau ». Lui a-t-on signifié.
De même, la SNDE a adressé une mise en demeure à Ould Beibacar et une tierce de restituer le montant 31.378.203 UM dans un délai de 72 heures.
Pour sa part, Ould Beibacar qui s’estime lésé après trente ans de service a déclaré ne rien comprendre à ce qui lui arrive : « je ne suis responsable d erien du tout. Il y a un caissier qui est responsable de ce dysfonctionnement. En principe, il doit lui être imputé. »
Contestant par ailleurs la régularité de l’inspection qui selon lui a été faite à son insu, Ould Beibacar estime qu’on aurait dû l’appeler d’abord et lui signifier qu’il allait être inspecté sur la période qu’il a faite à Kaédi. Or, déplore-t-il, « j’ai eu ma lettre de licenciement le jour même où j’ai été remplacé, jour où d’ailleurs j’ai reçu la mise en demeure. » Et, tient-il à aire remarquer, cette mise en demeure devait être du ressort de l’IGE et non du directeur commercial de la société. Estimant en plus que le dossier dans lequel on cherche à l’impliquer devait être soumis à l’IGE, Yeslem Ould Boubacar dit : « Moi, je trouve que c’est un complot, une mascarade qui a été faite contre moi car ça fait trente ans que je travaille, et même si j’avais détourné des milliards, il y a quand même du social. Il y a des procédures à respecter. J’ai demandé à être démis de mes fonctions et de refaire l’inspection en ma présence afin de faire prévaloir la présomption d’innocence, rien de cela n’a été fait. Ils ont fait sciemment ce qu’ils voulaient faire. J’ai pris un avocat qui a été lui-même surpris de la manière avec laquelle cette affaire a été conduite. Maintenant je demande à ce que cette histoire soit tirée au clair. » |