Jeudi dernier, 24 mai, la présidence annonce à Seyid ould Ghaylani qu'il est mis fin à son mandat de président de la Cour suprême, et que celui-ci est nommé ambassadeur au Yémen : un limogeage à peine déguisé, qui suscite immédiatement la polémique. En effet, la loi précise que le président de la Cour suprême ne peut être suspendu ou démis de ses fonctions que dans un nombre de cas précis et restreints : à sa demande, pour cause d'incapacité physique, en cas de perte des droits civiques et politiques, ou en cas de manquement à l'honneur et à la dignité de sa fonction.
Or le mandat de Seyid Ould Ghaylani, nommé par décret en 2010, court jusqu'en 2015 et le magistrat affirme avoir immédiatement informé la présidence de son refus de quitter son poste pour celui d'ambassadeur. Seyid Ould Ghaylani a d'ailleurs voulu se rendre à son bureau dans l'enceinte du tribunal ce dimanche 27 mai : il s'est alors heurté à une unité de la garde nationale qui lui a interdit l'entrée.
Quelques heures plus tard, le président de la République nommait par décret un nouveau président de la Cour suprême. Seyid Ould Ghalyani juge son limogeage « nul et non avenu ». « Je refuse l'humiliation et la domestication de la justice », a-t-il déclaré, dénonçant « une ingérence de l'exécutif dans les affaires de la justice ». Un point de vue partagé par l'ordre des avocats et plusieurs partis d'opposition, qui condamnent une atteinte grave à l'indépendance de la justice.
RFI