Warning: copy(http://www.fr.essirage.net/images/stories/sileye inal.jpg): failed to open stream: HTTP request failed! HTTP/1.1 400 Bad Request in /www/htdocs/w00b6320/essirage_new/fr/arc/plugins/content/mavikthumbnails.php on line 402
Un vivant parmi les morts ( partie 1) Imprimer

altDimanche 27 novembre, les forces vives de la diaspora négro-mauritanienne ont réuni, environ 300 personnes lors d'une marche à Paris, pour rendre hommage aux 28 officiers noirs pendus en 1990 à Inal.
Les manifestants se sont ensuite rendus à l'ambassade de la Mauritanie pour déposer une déclaration dans la boîte aux lettres de l'ambassade. Dans cette déclaration distribuée à la presse française, panafricaine et aux passants, le collectif des forces démocratiques exigent davantage plus de justice sur les circonstances des exécutions sommaires des officiers noirs durant les années de "l'acharnement". Ils ont également drastiquement dénoncé" l'impunité et la régression en matière des droits de l'homme et de l'égalité des chances Mauritanie".

 

Les manifestants ont pu tout de même échangé par téléphone avec le convoi rendu à Inal. Par ailleurs, dans la foule noire, on reconnaissait des anciens officiers des forces armées mauritaniennes en exil depuis plusieurs années en France. Nous avons approché un rescapé du camp d'Inal ayant vécu les atrocités perpétuées par le régime de Maouiya Ould Sid'Ahmed Taya.

Nous vous proposons la première partie de son témoignage. Nous gardons l'anonymat pour des raisons de sécurité.

C'est un témoignage poignant d'un ancien de la marine nationale. Il s'agit d'un homme d'une quarantaine accompagné de deux enfants. Il se présente comme un rescapé du lugubre camp de la mort, Inal où 28 officiers noirs mauritaniens furent pendus par l'armée mauritanienne en guise de commémoration de la fête nationale de l'indépendance un certain 28 novembre 1990. Regard triste… des propos qui sont presque incorporés. On dirait qu'il vit une psychose. Oui un syndrome d’Inal. Il n'oublie aucun nom d'un soldat mort ou en vie. Encore moins les gestes de ses tortionnaires ou de l'univers carcéral. Tous les détails sont là avec une précisons incroyable même le positionnement des objets à Inal sont gravés dans la mémoire du marin.

Les propos de l'homme bouleversent et revoltent en même temps. J’ai eu l'impression d'avoir écouté un vivant parmi les morts. Les victimes et les crimes d’Inal hantent toujours notre marin. Il se tenait à la proximité d'une foule venue manifester devant l'ambassade de la Mauritanie à Paris en signe de solidarité au convoi des associations de droits de l'homme rendu à Inal.

Il scandait une pancarte sur la quelle est affichée la photo du : Sergent Oumar Teguenla matricule 75495, né à Garky (Keadi) Sergent au 1 BCP d’Atar, assassiné le 27/12/1990 à INAL.

Il ne disait rien... Il observait seulement et écoutait presque pieusement le discours prononcé à l'occasion devant la foule. Je n'avais aucune intention de l'approcher. Mais en faisant, je me suis rendu compte que j'ai discuté avec une mémoire vivante d'une page noire de notre histoire contemporaine. Un ami ouvre la discussion. Lui s'étonnait du fait qu'un être humain puisse être raciste... Moi de certains détails. Une date surtout. J'ai entendu 1989, puis Maam Ghaar, et particulièrement Inal.

Excusez-moi lui dis-je .On est le jour du 28 novembre 1990, qu'en souvenez-vous aujourd'hui ?

« Ce soir-là, nous avions été surpris par le numérotage par un feutre de certains de nos camarades de cellules par nos geôliers. Aucune explication de cette nouveauté. Le seul prétexte que nous donnaient les geôliers est le suivant: ceux-là seront transférés ailleurs où?.Personne ne savait. Mais quelques instants après, nous nous sommes retrouvés devant des scènes horribles. On regardait des hommes mourir comme des bêtes pendues, il ne maquait qu’on les dépèce. On ne lisait aucune consternation de la part des bourreaux. Ceux-là nous obligèrent d’aller enterrer nos miens sous leur surveillance »…. Le marin se tût pour dire que c’est inhumain. Et d’ajouter après un long silence : « J’ai perdu mes qualités et mes moyens lorsque j’ai vu un soldat abattre son frère d’arme en récitant quelques versets du Coran. Je suis scandalisé toutes les fois que je repense aux tortures les yeux bandés et les mains ligotées ou les pieds liés comme un mouton.

J’avais perdu confiance lorsque j’ai vaincu les scènes où l’on voyait un homme mourir devant nous comme s’il ne s’agissait pas d’une personne ».

L'homme n'a cessé de répéter " ces gens là n'étaient pas entièrement conscients de ce qu'ils faisaient. Ils devraient être psychologiquement anormaux ou du moins sous la pression car la brutalité a des limites". A Inal, elle était un mot d'ordre national notamment " Kittlou lekhwar el vrouka" " Tuer les noirs ... ces batards".

 

--
Bâ Sileye 

Sociologue et Journaliste mauritanien 

Paris-France

Jeudi, 01 Décembre 2011 22:53