Départ massif à la retraite : L’administration mauritanienne et la relève Imprimer

Partout, et au niveau de tous les compartiments de l’administration, la vieille génération quitte ses fonctions, touchées par la retraite. Certaines administrations sont même parfois obligées de retenir quelques uns de leurs retraités, pour palier l’absence de compétences capables d’assurer la relève. Aujourd’hui, le départ massif de cette vieille garde, moulée à l’école du mérite, du savoir et du savoir-faire, est en train d’installer un vide dramatique, car la jeunesse appelée à lui succéder souffre de malformations scolaires et universitaires, de rigueur, de probité, du sens du devoir bien accompli et de l’esprit de l’Etat, tels qu’ils leur ont été inculqué.

Le respect des normes administratives et des procédés usuels, le manque d’expérience cultivée au bout de plusieurs années de pratiques administratives, ont en effet du mal à servir la boulimie grandissante d’une jeunesse I-pad, nourrie aux réseaux sociaux et à Internet, avides de richesses rapides et de raccourcis. Ajouté à cela, l’afflux massif d’agents et de responsables administratifs non formés, la plupart provenant d’un enseignement traditionnel qui fait fi des usages administratifs, et considère comme superflu les détails précieux du travail bureaucratique, fastidieux et pointilleux, mais combien précieux.

Pour apprécier le degré de dépréciation dans le travail routinier d’une administration efficace, un détour auprès de certains services de l’Etat, montrent à premier vue, combien le laxisme s’est installé, combien l’incompétence et la médiocrité auréolées d’une arrogance outrancière ont pris le pas sur la rigueur des vieux administrateurs, leur dextérité, leur disponibilité et leur sens aigu de l’Etat. Avec le départ de la vieille garde formée à l’école du civisme et de la République, place à la mainmise des sous-ensembles tribaux et claniques et l’avènement des recrutements de complaisance.

Le népotisme s’étant installé dans toute sa plénitude, les chasseurs de postes de prestige et des trésors publics jettent aujourd’hui leur dévolu sur les filles de responsables haut placés. Les gendres des puissants voient en effet s’ouvrir devant leurs ambitions les portes de la réussite offertes sur des poignets d’argent. Aujourd’hui, la police nationale perd des hommes de valeur. Certains d’entre eux, peuvent bien avoir quitté leurs fonctions, alourdis par un passé peu glorieux mais qu’ils pourront certainement justifier par les nombreuses situations d’exception qui ont jalonné leur carrière et que le pays a connues ces dernières trente ans. D’autres, sans reproches, quittent la vie active pour savourer une retraite bien méritée.

Plusieurs officiers et gradés vont en effet rendre le tablier, à l’image du commissaire Mohamed Ould Brahim Ould Seyid, qui a occupé plusieurs fonctions et connaît parfaitement les rouages de la sécurité nationale. Il serait également question des commissaires Ismael Ould Mohamed Yehdhih, qui part cette fois bien à la retraite après avoir dépassé largement son départ décidé en 2006. L’officier de police Mohamed Lemine Ould Mohamed Abdallahi dit « Hdoud » serait également sur la liste des retraités, lui qui a commandé plusieurs commissariats de police, de même que l’inspecteur Niang de l’Ecole de Police et de l’inspecteur Dia Kane, détaché au ministère des Finances, de l’inspecteur Abé Ould Ahmedou, qui a également dirigé plusieurs commissariats, de l’inspecteur Sy, chef de la P.J de Tevragh-Zeina 1.

Au niveau de la Garde nationale, la saignée n’est pas moins importante, car plusieurs officiers devront faire prévaloir leur départ à la retraite, à l’image du colonel Oumar Ould Beibakar, conseiller au ministère de l’Intérieur, du colonel Sidaty Ould Dick, chef du B2 à l’Etat-major de la Garde, du colonel Ahmed Ould Abeid, responsable de la cellule de la communication, du lieutenant-colonel Ghaly Ould Souvi, conseiller du Chef d’Etat-major, du colonel Ahmed Salem Ould Touweinsi, directeur de l’école de la Garde. Certains ont évoqué également le départ programmé du colonel Abdallahi Ould Kleïb qui aurait bénéficié d’un prolongement pour une année supplémentaire.

A ces départs au sein de la police et de la garde nationale, devront s’ajouter d’autres au niveau du commandement et c’est le ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation qui paierait ainsi en cette année 2014-2015, le plus lourd tribut. Ce qui augure d’un grand vide que l’Etat devra compenser par les promotions sortant de l’ENA, et dont certaines ont été reversées dans les régions et les préfectures. Mais aux yeux des nostalgiques de la vieille école, le niveau de rendement de l’administration mauritanienne prendra à n’en pas douter un rude coup, après le départ des anciens administrateurs.

JOB

lauthentic

Mardi, 14 Octobre 2014 13:08