Entretien avec Koné Mame-Coumba : « J’irai jusqu’au bout afin d’obtenir un rendez-vous avec le président Ould Abdel Aziz » Imprimer

Madame Koné Mame-Coumba, présidente du Mouvement des femmes africaines pour l’éveil des consciences (Mofapec) est depuis quelques jours à Nouakchott. Qui est-elle ? Quelles sont les raisons de sa visite de la capitale mauritanienne ? Quels sont les objectifs de son mouvement. Pour lever le coin de voile de toutes ces interrogations, Le Rénovateur est allé à sa rencontre et a eu avec elle l’entretien suivant auquel elle s’est prêtée à cœur ouvert :

 

Le Rénovateur Quotidien : Qui est madame Koné ?

Madame Koné Mame-Coumba  : je suis la présidente de la Fondation Sao Amsatou, section Côte d’Ivoire - créée il y a une dizaine d’années à Lille (France). Elle a été initiée par mon frère aîné qui vit jusqu’aujourd’hui en France pour pérenniser les actions d’une femme qui n’est autre que notre mère Sao Amsatou qui a toujours lutté pour venir en aide aux personnes démunies surtout aux orphelins, personnes âgées et lutter surtout contre l’inégalité, l’injustice. Etant enseignante elle-même de formation, elle a compris la nécessité de scolariser les jeunes filles, dans les années 77. De ce fait elle a abandonné l’enseignement, elle a ouvert une librairie qui lui permettait d’offrir des manuels scolaires aux nécessiteux en général, et aux parents des filles à scolariser, en particulier. Raison pour laquelle après son décès en 2000, nous avons décidé de mettre en place cette fondation. Voilà en gros, Madame Koné Mame-Coumba Sylla est la présidente donc de la Fondation Sao Amsatou Côte-D’Ivoire et par la même occasion aujourd’hui elle se retrouve à la tête du mouvement Mofapec (crée au sein de la fondation Sao Amsatou).

Le Rénovateur Quotidien : Justement quels sont les objectifs du Mofapec ?

KMC :Les objectifs du mouvement sont simples. C’est la conscientisation, le réveil ou l’éveil même de la femme africaine, du fait que dans les conflits généralement ce sont les femmes qui payent le plus gros tribut. Ce sont les femmes, dans les conflits, qui sont généralement battues, violées, mises sur la voie de l’exil avec leurs progénitures. Ce qui entraîne, bien sûr, d’autres conséquences. Alors le Mofapec a été crée pour que les femmes prennent conscience du rôle fondamental qu’elles doivent jouer. Parce que partout en Afrique la majorité de la population est féminine, donc le Mofapec dit non à la mise à l’écart des femmes dans le processus des règlements des conflits en Afrique et particulièrement en Côte-D’Ivoire. Les femmes doivent être prises en considération avant pendant et après, les élections. Voilà les objectifs du Mofapec.

 

Le Rénovateur Quotidien : Quelles sont les raisons de la venue de Madame Koné en Mauritanie ?

KMC : Les raisons sont les suivantes. J’avais souhaité rencontrer le président qui est le président du panel mis en place pour la résolution de la crise en Côte-D’Ivoire, pour émettre justement l’avis du Mofapec concernant le constat que nous avons eu à faire depuis la crise ivoirienne, ce que dans toutes les médiations qui ont eu cours il n’y a eu la présence d’aucune femme. On ne peut pas nous rétorquer aujourd’hui le fait qu’il n’ait pas de femme présidente et que c’est un collège de chefs d’Etats de la Cedeao qui a été désigné pour résoudre la crise. Aujourd’hui en Afrique nous avons une présidente en l’occurrence Serleaf Johnson chef d’Etat du Liberia qui pouvait être représentative des femmes au sein de ce panel. Malheureusement ça n’a pas été le cas. Depuis la crise nous constatons un ballet diplomatique sans les femmes, nous nous insurgeons contre cela. Nous sommes les premières victimes, nous sommes des actrices, des animatrices, donc nous devons être prises en considération. Je suis venue en Mauritanie rencontrer le président de la République pour lui faire part de ces observations et parler également de notre mouvement.

 

Le Rénovateur Quotidien : Avez-vous rencontré le président ?

KMC : Malheureusement non.

Le Rénovateur Quotidien : Que comptez vous faire, le relancer pour avoir une audience ou baisser les bras ?

KMC  : Non, je ne suis pas femme à baisser les bras, je suis une militante des droits de l’homme convaincue. J’irai jusqu’au bout je veux relancer jusqu’à ce que j’obtienne un rendez-vous avec le président.

Propos recueillis par Samba Camara

Source : Le Rénovateur via Temps Forts (Mauritanie)

Mardi, 05 Avril 2011 10:52