« Une insulte à l'intelligence des Egyptiens » Imprimer

altC’est par ces termes qu'après avoir reconnu sa défaite, Hamdine Sabahi, adversaire malheureux du maréchal Abdel Fattah al Sissi, a qualifié les chiffres de la Présidentielle égyptienne de la semaine dernière.

En obtenant 93% contre 3 % seulement à son  challenger de gauche, le Maréchal Al Sissi, tombeur de Mohamed Morsi, élu lui en juin 2012 au second tour à  51,73% est peut-être mal dans sa peau de nouveau civil pas forcément élu démocratiquement. Et pour cause : en 2012, 46,5 % des électeurs s'étaient déplacés au premier tour, et 52 % au second de la Présidentielle. Comparée à  ce qui prend la forme d’un plébiscite pour un Maréchal qui a confisqué le pouvoir en juillet 2013, l’élection du candidat des Frères Musulmans avait le mérite de refléter une réelle compétition dans laquelle s’étaient engagés plusieurs acteurs. Celle qui vient de (re)propulser un putschiste à la tête se son pays reste entachée d’un manque d’intérêt. Un désintérêt lisible à travers un taux de participation honteusement faible : 47 %.

A moins que les taux de participation à des scrutins soient d’un impact marginal, force est de noter à travers ceux enregistrés ici et là et par les temps qui courent  un manque d’intérêt frisant le dégoût pour les électionsâ€Â¦ En France par exemple, c’est le taux d’abstention qui vient de remporter les élections dont les résultats ont montré le passage au premier rang du Front National de Marine Le Pen. Avec  25%, devant l’UMP (droite) et le PS (gauche), le FN, parti d’extrême droite a profité visiblement d’un manque d’intérêt des électeurs, de ceux qui se sont abstenus lors des Européennes de 2014. Là encore le taux d’abstention était expressif : 56% des français ont évité les urnes dans un pays où un certain Nicolas Sarkozy n’a pu bénéficier que d’un seul mandat et où un certain François Hollande peine à tenir le navireâ€Â¦bref dans un pays où les politiques passent pour des pays pendant que chez nous en Afrique ils font figure de demi-dieux. Or, au jeu de la démocratie ou du suffrage universel, la majorité appartient désormais à ceux qui ne partent pas voterâ€Â¦ceux qui préfèrent se rendre au marché le jour du vote parce que très peu convaincus que ceux qui les invitent aux urnes tiendront leur promessesâ€Â¦  ceux qui, comme les rapatriés-marcheurs,  choisiront de rester méditer à la maison parce qu’ils ont été copieusement molestés par la police, la garde, la gendarmerie alors qu’ils avaient voulu rencontrer le président sortant, sur qui ils avaient cru pouvoir compter mais qui les a fait poireauter puis tourner en rondâ€Â¦L’abstention est capable de remporter une électionâ€Â¦Cela, les mauritaniens le comprendront-ils le 21 juin en évitant les urnes ? Oseront-ils s’abstenir ? Que dira d’eux le (re) candidat Mohamed Ould Abdel Aziz, tombeur de Sidi Ould Cheikh Abdellahi, puis Général converti en civil et élu en 2009 devant Ahmed Ould Daddah, Messaoud Ould Boulkhier, entre autres figures historiques de l’opposition mauritanienne. La Présidentielle du 21 juin reflétera-t-elle les impressions ou promesses des mauritaniens qui rivalisent à coups d’initiatives de tribus, d’ethnies, de castes, etc. autour de la candidature d’un Mohamed Ould Abdel Aziz que l’opposition traditionnelle mauritanienne a décidé cette fois-ci de laisser pratiquement seul à la course vers le fauteuil sur lequel il est encore bien assis ? En 2009, il avait battu ses rivaux dès le 1er tourâ€Â¦S’il se fait trainer cette fois jusqu’au deuxième tour par Boidiel, Birame ou Sarr, Ould Abdel Aziz devra constater que sa cote a baisséâ€Â¦S’il l’emporte dès le 1er tour, c’est que les « boycottistes » et les abstentionnistes sortent perdants et que lui est un Président mal-éluâ€Â¦ Kissima    source: La Tribune N°681 via www.kissimadiagana.blogspot.com

Dimanche, 01 Juin 2014 13:41