Un voleur tout à fait spécial Imprimer

altUn Ivoirien du nom de Ludovic est en prison depuis quelques jours pour le vol de 4 ordinateurs. Déferré au Parquet de la République,

 le lundi 23 Septembre 2013, il a persisté dans son refus de montrer là où se trouvent deux ordinateurs, les deux autres ayant été retrouvés, un chez lui et l’autre chez un compatriote.

Un peu rondelet sur les bords, la taille moyenne avec une grosse tête, Ludovic était vêtu, au moment de son interrogatoire au Parquet, d’un tee-shirt jaune. Durant son passage à la police, il avait d’abord dit que c’est parce qu’il est noir, que la plaignante, une Libanaise, l’avait faussement accusé, avant de se rectifier plus tard pour soutenir que c’est parce qu’elle ne veut pas lui payer ses trois mois de salaire, qu’elle s’en est pris à lui.

Mais ses aveux, retirés plus tard après les enquêtes menées sur sa personne ont prouvé qu’en réalité, il n’était qu’un dangereux voleur.

Tout commence ce 4 Août 2013, lorsque la femme de Ludovic, qui était une amie de la Libanaise, directrice de l’école privée «Les Méharées», la supplia pour embaucher son mari, soutenant qu’il est un bon enseignant. La Libanaise accepta alors de le prendre à l’essai. 

Il faut dire que cette école traîne une bonne réputation, avec des enseignants de qualité et des élèves, plus de 300, issus de la grande bourgeoisie locale. Le 8 Septembre dernier, la Libanaise voyagea en France. Ludovic, bien que non encore opérationnel venait chaque jour à l’établissement. Pour l’histoire, Ludovic est un Baoulé dont la tribu est authentiquement Ivoirienne. 

Originaire du Brong-Ahafo au Ghana, les Baoulés s’installent dans une grande forêt de l’autre côté du rive et cette grande forêt deviendra plus tard l’actuel Côte d’Ivoire. Appelés Ashantis au Ghana, les Baoulés constituent un peuple fier de son histoire et de sa légendaire Reine Pokou qui avait bâti un immense Empire au Moyen-âge Africain.

Le vol est tabou chez les Baoulés et tout voleur est banni de la société, sa famille humiliée et chassée du village. Ce qui rend encore incompréhensible, pour ses compatriotes, cette honteuse déviation de Ludovic en dehors de son pays. Il avait soutenu être sorti de l’Université Cheikh Anta Diop en 2005, mais les enquêtes menées par la police prouveront qu’il n’a jamais mis les pieds dans cette institution. 

Dès le retour de la Libanaise de son voyage en France, elle découvrit que trop de choses n’allaient pas. Cette école qui n’a jamais connu de vol durant son existence, enregistrait brusquement des mini larcins. Les élèves avoueront à la directrice que Ludovic les dépouillait pratiquement. 

Le gardien de l’école, un jeune Soninké du nom d’Amadou, lui dira plus tard avoir surpris une nuit, un « homme à la grosse tête qui voulait forcer la porte de son bureau », probablement pour vider l’énorme coffre qui s’y trouvait. Mais il s’était enfoui lorsqu’il vint aux nouvelles. Il n’avait pas vu son visage, mais peut témoigner que l’homme avait une grosse tête. 

Mais les choses s’accéléreront encore plus vite, avant la découverte du vol des 4 ordinateurs. Ludovic avait abordé la Directrice pour lui dire que son salaire mensuel devait être normalement de 300.000 UM, et que c’est la comptable qui le lui avait dit. Furieuse, la Libanaise convoqua sur le champ la comptable, une compatriote, pour lui demander ce qu’elle avait dit à Ludovic à propos de salaire. 

La comptable resta bouche bée et soutint ne s’être jamais entretenu avec l’Ivoirien sur ce point et sur un quelconque autre point. C’est alors que la directrice se rendra compte du vol de 4 ordinateurs. En plusieurs années en Mauritanie, l’école n’a jamais connue de vol, même d’un stylo et que ces étranges manifestations n’ont commencé qu’avec l’arrivée de l’Ivoirien. Elle se souvient alors des propos des élèves et du voleur aperçu par le gardien dont la description correspondait à Ludovic.

Elle lui demanda alors de lui rendre les 4 ordinateurs et de disparaître de sa vue. Mais il nia avec force, et commença même à la menacer, ce qui obligea la Libanaise à porter plainte au Commissariat le plus proche, l’Anti-drogue. 

L’adjudant Ly, chef de la P.J et ses limiers interpellèrent Ludovic et lors de leurs enquêtes, ils découvrirent l’un des ordinateurs chez lui et l’autre avec un de ses compatriotes. Ludovic était en effet passé aux aveux dès son arrestation par la police.

Il restait deux ordinateurs dont Ludovic refusait à indiquer leur destinée. Le Commissaire Mohamed Nejib a beau tenté de l’amadouer en lui disant qu’il lui suffit juste de restituer les deux autres ordinateurs manquant et l’affaire sera close, rien n’y fit. 

Finalement, Ludovic avoua les avoir vendus à des inconnus qu’il ne connait ni de nom ni d’adresse. Mais les aveux de Ludovic sont intervenus après plusieurs tentatives de démenti, soutenant qu’il fait l’objet d’accusation raciste, mais le Commissaire lui dira que l’école compte plein de noirs enseignants et pourtant personne d’entre eux ne s’est jamais plaint de ce racisme dont il parle. 

Puis, il dévia sa méthode de défense pour dire qu’on l’accuse parce que la directrice lui doit trois mois de salaire. Un argument qui sera également balayé. Et il finit par craquer et passa à table. Ludovic fut alors déferré au Parquet de la République. La Libanaise y était, traînant une silhouette chétive, suivie par un proche.

Elle était drapée dans une grosse jupe-pantalon qui lui arrivait aux chevilles et s’exprimait dans un Français impeccable. Pour elle, tout ce qu’elle voulait, c’était la restitution de ses deux ordinateurs restant, pas que l’Ivoirien soit puni. Mais le Parquet écœuré par cette affaire tenait en toute apparence à châtier Ludovic, même à l’extinction de l’aspect civil de l’affaire. 

Ce qui semblait d’ailleurs le plus touché la directrice, c’est le fait que Ludovic ait accusé le pauvre gardien de recel, alors qu’il travaille depuis des années sans aucun reproche, soulignant qu’il est d’une droiture et d’une honnêteté indéniable.

Malgré cela, le gardien a été convoqué, bien qu’il soit libéré par le Parquet de la République. Ludovic sera alors entendu par le juge d’instruction du 5ème cabinet, puis jeté en prison. Le Consul de Côte d’Ivoire, SEM Diagana était venu au Commissariat pour chercher une solution à l’amiable mais fut déçu par l’intransigeance de Ludovic, qui refuse d’indiquer où se trouvaient les deux autres appareils. 

Affaire à suivre.

Abou Cissé

Source : L'Authentique (Mauritanie) via: cridem

Lundi, 30 Septembre 2013 11:54