Les pratiques esclavagistes en Mauritanie

lun, 05/01/2017 - 00:35
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Au niveau du Centre Interdisciplinaire sur les Droits Culturels (CIDC), nous avions fait un ensemble de recherches destinées à quitter le registre de la DÉNONCIATION des pratiques esclavagistes pour tenter  de les expliquer et d’en identifier les mécanismes de reproduction à partir de la série questions suivantes :Pourquoi la persistance des pratiques esclavagistes et du mépris culturel à l’endroit des esclaves au sein de toutes les communautés culturelles mauritaniennes malgré toutes les actions initiées par les acteurs de la société civile et mesures prises par les pouvoirs publics pour l’enrayer?  En quoi le refus du mélange de sang qui se traduit par une codification stricte de l’endogamie participe-t-il de la transmission des privilèges liés à la naissance et de la reproduction des idéologies  de légitimation des dominations sociales?  Pourquoi les familles féodalo-esclavgistes ne veulent elles pas renoncer à la gratuité de la force de travail des esclaves et le silence de l’aristocratie Haratine par rapport à cette question? En quoi les rôles assignés à la naissance par le système des castes provoquent-ils une déshumanisation des femmes esclaves ? Enfin, en quoi la violation du droit à l’éducation des esclaves entraîne-t-il toute une série de mutilation de capacités des esclaves?

Un esclave soumis est sans bien est victime des manifestations grossières alors que l’esclave émancipé et vivant dans d’excellentes conditions souffre plutôt du mépris culturel c’est-à-dire de l’absence de toute forme considération sociale, autre que simulée. On observe lors des deuils, à cause des rôles assignés à la naissance des femmes esclaves venues exclusivement pour faire la cuisine. Elles acquittent de cette tâche avec un état psychologique identique que lors des cérémonies de mariage ou bien de baptême. Les stratégies matrimoniales endogamiques sou-tendues par le mythe de la pureté généalogique du sang fonctionnent comme « un bouclage consanguin » selon Bourdieu permettant de reproduire la société. Ce mythe pousse certains migrants à venir se marier en Afrique en faisant des mariages pompeux qui n’ont rien à voir avec leur vécu quotidien en Occident. Le fait de donner disons d’attribuer des terres aux esclaves comme le fait de rémunérer leur travail peuvent entraîner un bouleversement au niveau des rapports de domination. Ne pas être scolarisé donné naissance à la mutilation des CAPACITÉS source de multiples discriminations. Les arguments culturels qui légitiment et justifient les pratiques esclavagistes sont profondément ancrés dans les mentalités et si on n’y pose un regard CRITIQUE, on découvre tout un registre de mystification et d’aveuglement volontaires : « Sa wi a wona maccudo ko ngontata » Le rang social étant héréditaire, on ne peut changer de statut.  « Sada neha maccudo a jirgitat neddaagal mum » Au moment d’éduquer un esclave, il faut pervertir sa personnalité. Il ne m’appartient de dire les objectifs visés par ces deux arguments culturels, tout un chacun peut les décoder.

Abdoulaye Doro SOW
Enseignant-chercheur en sciences sociales
Président du Comité Scientifique de l’Equipe de Recherches sur les Mutilations Génitales Féminines (ERMGF)
Coordinateur du Centre Interdisciplinaire sur les Droits Culturels (CIDC)
Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Université de Nouakchott

Source : https://initiativesnews.com/