Baisse du prix des produits pétroliers : L’exception mauritanienne

mer, 12/24/2014 - 10:05

Depuis la mi-juin, le prix du baril de pétrole brut est passé de 115 dollars US à 81 dollars. 

Les impacts sont nombreux, mais forts différents selon les pays. Pour certains, cette situation constitue une aubaine, alors que pour d’autres la chute vertigineuse du prix du pétrole a des conséquences fâcheuses sur l’économie, du fait du poids que représentent les recettes pétrolières dans leur Produit Intérieur Brut. 

Dans tous les cas, aucun pays n’est indifférent aujourd’hui à ce que beaucoup de spécialistes considèrent comme un «choc pétrolier» à l’envers. Sauf un, laMauritanie, où on semble vivre sur une autre planète.

A titre d’illustration, au Sénégal, les prix des produits pétroliers ont tous été révisés à la baisse. Ainsi, le prix du gasoil baisse de 102 francs Cfa le litre en évoluant de 792 à 690 francs Cfa, celui du super carburant baisse de 889 à 795 francs le litre, alors que le litre de l’essence pirogue baisse de 100 francs en passant de 687 à 587 francs. 

Même le gaz butane, appelé «gaz domestique» a connu une baisse, avec la bouteille de 6kg de gaz butane (la plus populaire), qui passe de 3 700 à 3 200 francs, soit une baisse de 420 francs.

Malheur des uns, bonheur des autres

Au Burkina Faso également, les Centrales syndicales estiment qu’il est temps de baisser le prix des hydrocarbures. Leur argument principal est que le prix du baril de pétrole a baissé depuis 2012, mais les prix à la pompe au Faso sont restés les mêmes, voire ont augmenté.

Plus loin de nous, le réputé magazine The Economist estime que l’économie mondiale profitera de cette baisse du prix du pétrole, car une baisse du prix de 25% a un impact positif de 0,5% sur la croissance économique mondiale. Un des principaux bénéficiaires sera évidemment la Chine qui est le deuxième plus gros importateur net au monde. La baisse de 30 $ du prix du baril lui fait économiser 60 milliards par année, soit 3% de la valeur totale de ses importations, estime The Economist. Pour les américains, l’impact est plus mitigé, car ils sont maintenant à la fois les plus gros consommateurs, importateurs et producteurs de pétrole. EnEurope, la baisse du prix du pétrole a comme effet d’exacerber le risque de déflation.

Mais les pays le plus en difficulté conséquemment à la baisse du prix du pétrole sont les producteurs qui comptent sur les revenus que procurent les exportations de pétrole pour financer leurs programmes sociaux, soit l’Iran, le Venezuela et laRussie.

Le prix baissera-t-il encore plus ?

La baisse du prix du pétrole va se poursuivre s’il faut en croire les experts. Ils s’attendent à ce que les prix baissent jusqu’à 75 $ durant le premier trimestre de 2015. Et même jusqu’à 70 $ au deuxième trimestre alors que l’abondance de l’offre sera à son zénith. Cette prévision demeure toutefois à la merci de ce que pourrait annoncer l’Arabie Saoudite à la prochaine réunion le l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Les dirigeants du Royaume ont maintes fois affirmé au cours des derniers mois qu’il était hors de question de diminuer leur production. Mais d’ici quelques mois, la baisse du prix pourrait devenir de plus en plus difficile à supporter pour certains autres membres de l’organisation.

Le paradoxe mauritanien

En Mauritanie, la particularité est que non seulement la baisse du prix des hydrocarbures n’est pas à l’ordre du jour, mais en plus aucune voie ne s’élève pour dénoncer cette situation. Pourtant les innombrables hausses du prix des hydrocarbures de ces deux dernières années ont toujours été justifiées par une hausse du prix du pétrole au niveau international. 

C’est ce qui nous expliquait, il y a un peu moins de deux ans, M. Cheikh Ould Beddah, directeur du département des hydrocarbures au ministère de l'Energie, qui avait affirmé que le gouvernement ne négligeait pas son travail, mais que le problème tient au «renchérissement des prix sur les marchés internationaux». «Les prix ont augmenté de 80 dollars le baril en août 2010 à 120 dollars aujourd'hui», avait-il expliqué. 

«Cela signifie que nous avons connu une hausse de 50 pour cent au niveau mondial. Malgré cela, la hausse en Mauritanie n'a pas dépassé les 10 ouguiyas, ce qui constitue un pourcentage très faible par rapport à l'augmentation du prix du baril sur les marchés mondiaux. Cela reflète la volonté du gouvernement de contrôler les augmentations des prix et de les maintenir au niveau le plus bas possible».

La question que tout le monde se pose légitimement est bien sûr de savoir pourquoi ce lien entre marché local et conjoncture internationale, n’est valable que dans le sens de la hausse ?

Une question que devraient se poser des syndicats qui ne se rappellent au bon souvenir des citoyens qu’à l’occasion des défilés du 1er mai.

Sikhousso 

Source : Eveil Hebdo (Mauritanie) via:cridem