CLERGE RELIGION ET INTOLERANCE

dim, 12/28/2014 - 23:55

L'affaire M’kheitir qui a fait couler beaucoup d'encore vient peut être de connaitre son épilogue  avec sa condamnation à mort prononcée par la justice. Il est important de souligner que cette affaire rappelle particulièrement un tragique et horrible événement durant la seconde moitié du XVIII. Il s'agit de l'affaire du chevalier de la Barre, un jeune noble de 19 ans condamné par l'église catholique à avoir le poing coupé, la langue arrachée avant d’être brûlé vif. On lui reprochait d'avoir gardé son chapeau sur la tête au passage de la procession religieuse. Il était également accusé d'avoir blasphémé et mutilé le crucifix.

En plein siècle des Lumières cette affaire a suscité l'indignation de nombreux intellectuels dont voltaire qui fut particulièrement sévère avec la monarchie et le clergé catholique.

Quelques années plus tôt, c'est l'affaire Calas qui fut dénoncée comme un véritable scandale judiciaire, avec la condamnation à mort  et sans fondement de Jean Calas de confession protestante. Une fois de plus des intellectuels se saisirent de l'affaire pour dénoncer une justice prise en otage par l'exécutif et le clergé catholique. Voltaire se distingue en rédigeant le traité sur la tolérance en 1763 pour obtenir la révision du procès, chose qu'il obtint deux ans plus tard. Jean Calas déjà exécuté est réhabilité.

L'intolérance  caractérisait la société occidentale, particulièrement française, et à chaque fois les religieux exercent une forte pression sur la justice si ce ne sont eux même qui font le jugement. Jeanne d'Arc, trois siècles plus tôt fut brûlée vive à Rouen sous les ordres de l'église catholique suite à un procès ordonné par l’évêque de Beauvais Pierre Cochon faisant partie de clercs alors représentant archétypal d'un milieu social. Ces exécutions étaient le reflet d'un obscurantisme qui caractérisait la société occidentale médiévale. Rappelons au passage le cas de Galilée, une parfaite illustration de l'intolérance et de l'obscurantisme.

Ces rappels me semblent importants pour montrer que d'une part on traîne encore à un stade que certaines sociétés ont dépassé il y a plusieurs siècles et d'autre part que des intellectuels ont dit non à une justice partiale au moment où les libertés étaient limités et ce au nom de la liberté de croyance et d'opinion.

Loin de faire l’apologie d'un quelconque blasphème ou de faire un jugement à l'endroit  de notre respectable religion qui est avant tout une religion de TOLERANCE et de PARDON, je pense que ce jeune doit bénéficier d'une clémence ne serait ce que pour rappeler que l'islam est une religion de pardon et pour ne pas donner à ses détracteurs l'occasion de l'assimiler une fois de plus au sang et  à la violence. La condamnation à mort de ce jeune ne fera que pousser d'autres Mauritaniens à l'intérieur ou à l'extérieur  à suivre son exemple, une manière de défier le pouvoir et sa justice.

La  justice doit être au dessus de tous, elle doit également être la même pour tous, soit qu'elle protège soit qu'elle punisse. Cette même justice refuse pourtant de se prononcer sur des massacres planifiés contre des citoyens Mauritaniens musulmans, pire encore, elle refuse même de recevoir les plaintes des victimes. Ces même Mauritaniens qui ont manifesté pour exiger la mort de M’kheitir, qui selon eux est coupable d’hérésie, n’ont jamais eu le courage de demander que justice soit rendue à des milliers de noirs Mauritaniens musulmans massacrés en plein mois de ramadan sans raison, parmi eux des femmes, enfants et personnes âgées. Pourquoi ce silence coupable ? Ou selon eux la religion musulmane cautionne t elle l’injustice si les victimes sont noires ? Dans ce cas comment nous citoyens pourrons être convaincus non de la justesse des lois mais de leur application par ceux qui se considèrent comme garants de la religion.

Khar Tenguella BA, dimanche 28 décembre 2014

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