Le prix du bétail qui avait atteint des sommets jusque-là insoupçonnés il y a quelques mois, connaît une chute dramatique depuis quelques semaines. Même bradé à vil prix par des éleveurs aux abois face à l’absence totale de pâturage pour mauvais hivernage et face à la panne inexpliquée du Programme « EMEL », le bétail ne trouve plus preneur. L’Est sylvopastoral du pays regarde avec effroi l’avenir.
Les éleveurs des régions orientales du pays, les deux Hodhs et l’Assaba entre autres, vivent des instants terribles ces jours-ci. Le prix du bétail, principale source de revenus de ces populations, est en chute libre face aux grands courtiers qui n’ont plus les moyens de les acheminer vers les centres urbains. La cherté du carburant et du transport, en ont découragé plus d’un.
D’où l’inquiétude des industries du bétail qui prient pour que l’hivernage prochain soit plus salutaire que celui qui l’a précédé. Le manque de pâturage dû à l’insuffisance des pluies l’année dernière n’a pas été supplée par un effort de l’Etat.
Le Programme « EMEL », doté d’un budget de 45 Milliards d’UM, comporte en effet un volet important consacré aux aliments de bétail. Pour certains, ce programme a plus servi les concessionnaires à qui l’Etat a sous-traité le projet, à leurs acolytes et les nombreux intermédiaires, que les populations cibles et leur bétail.
Pourtant, l’Etat se défend en soutenant les bons résultats engrangés par EMEL, affirmant avoir distribué en 2013 quelques 143.000 tonnes d’aliments de bétail, des médicaments vétérinaires et réalisé plusieurs sondages dans les zones rurales de l’intérieur.
Mais nombreux ont été les éleveurs qui avaient critiqué la qualité des produits qui leur ont été vendus, ainsi que l’absence de transparence dans la distribution.
Beaucoup ont dénoncé la mort tragique de leurs têtes d’animaux provoquée selon eux par les aliments avariés et empoisonnés qui leur ont été cédés. Des villes entières s’étaient levées pour réclamer des rations payées et non livrées, d’autres se sont révoltés des quantités dérisoires qui leur ont été vendus ainsi que les ruptures de stocks dans les approvisionnements.
Bref, aujourd’hui, les éleveurs de l’Est du pays sont déçus par les belles promesses des autorités qui leur garantissaient la mise en place de mécanismes adéquats pour épargner leurs bétails. De peur de voir leur cheptel décimé par la faim et la soif, ils bradent leurs bêtes sans trouver preneurs. Peut-être que l’implantation de l’usine d’Aïoun pour l’importation de viande rouge, un projet financé par la Banque mondiale pour alimenter le marché européen et africain, constituera un salut pour les éleveurs du Chargh.
MOMS