L’Union Pour la République (UPR), un parti membre de la majorité présidentielle a réagit par rapport au document produit par l’UFP, qui qualifie la situation politique actuelle du pays de « chaotique ».
Ainsi donc, dans un document de 6 pages, l’UPR conteste les accusations de cette formation politique, membre du FNDU, qui selon elle n’a pas présenté des preuves objectives sur ce qu’elle appelle « crise profonde ».
Ci-joint le Document
بسم الله الرحمن الرحيم
Union Pour la République
Nouakchott, le 10 mars 2015
Document / réponse au document de l’UFP
A chaque fois qu’elle se retrouve dans l’impasse de l’isolement politique, de l’éparpillement des idées et de l’égarement, une poignée de forces politiques se résout à publier des tracts et distribuer des documents décrivant par toute sorte de qualificatifs la situation générale du pays. Une description qui n’a rien à voir avec la réalité, si ce n’est le sentiment que nourrissent ces fores de la nécessité de montrer à l’opinion publique qu’elles continuent d’occuper une place sur l’échiquier politique.
C’est ainsi que l’Union des Forces du Progrès (UFP) vient de publier un document, pompeux dans sa forme, acharné dans son fond, sur la situation générale du pays qu’il qualifie de « chaotique » sans se donner la peine de produire des preuves objectives sur ce qu’elle appelle « crise profonde ».
I. Sur le plan économique
Les visions et projets stratégiques visant à relever les défis de développement en Mauritanie qui ont été adoptés par son Excellence le Président de la République Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz pendant son premier mandat et mis en œuvre par ses gouvernements ont permis à l’économie mauritanienne de résister aux différentes crises internationales qui ont lourdement affecté des pays ayant bénéficié, plusieurs décennies durant, du boom des ressources et des flux de liquidité.
En effet, le projet de changement constructif s’est basé sur la diversification des ressources de l’économie nationale en mettant l’accent sur des secteurs restés jusque là exclus de la contribution à l’accroissement de la production nationale, et ce, après avoir nettoyé les ressources des méfais de la gabegie et du pillage systématiques des richesses naturelles et rétabli la propriété financière de l’Etat.
Le succès de cette option stratégique s’est traduit par la réalisation d’un taux de croissance de 6,7% hors industries extractives en 2012 grâce aux recettes des deux secteurs de l’agriculture et des travaux publics. Ces résultats ont conduit au développement des performances du secteur des services grâce à l’accomplissement, en un temps record, de réalisations gigantesques dans le domaine des infrastructures et le renforcement de la sécurité alimentaire par le biais d’investissements énormes dans le domaine agricole.
C’est dire que l’économie mauritanienne est désormais à l’abri des effets directs de la baisse des cours des ressources naturelles à l’échelle mondiale, comme l’ont attesté les experts du FMI dans un rapport publié en mars 2015. Ainsi, il est prévu de réaliser un taux de croissance de 5,5% durant l’année en cours dont le début a cependant connu des chutes effroyables des cours des matières premières. Ce taux de croissance est attendu à 6,8% en 2016, puis 5% en 2017, avant de monter à 8% et 8,4% respectivement en 2018 et 2019, ce qui constituera une première dans l’histoire économique du pays.
Grâce à la gestion rigoureuse des ressources et potentialités de l’Etat mauritanien, la Société nationale industrielle et minière (SNIM) est parvenue à financer un projet gigantesque à hauteur d’un milliard de dollars américains pour moderniser l’entreprise et accroître sa capacité de production afin qu’elle occupe la position qui lui sied sur le marché mondial et qu’elle se prémunisse des répercussions directes de la chute des cours du fer. Une telle gestion a également permis de déployer d’importants efforts au cours des trois dernières années en termes d’augmentation des salaires des travailleurs, d’amélioration du système de pension, de recrutement et de bonus de production, en plus de la subvention des prix des produits alimentaires au profit des travailleurs et de leurs familles, des services d’eau et d’électricité, de la construction de logements sociaux pour les travailleurs et de la généralisation de la couverture sanitaire pour les travailleurs et leurs familles.
Personne ne peut aujourd’hui nier que les Mauritaniens continuent de se rappeler le rôle historique joué par son Excellence le Président de la République Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz dans le refus opposé à une vente certaine de la SNIM dont les formalités pratiques avaient atteint un stade avancé après l’achat des consciences des responsables directs de cette trahison nationale. De tels responsables s’efforcent aujourd’hui à jouer le rôle de prédicateurs et d’intéressés par la situation des travailleurs qui avaient été pourtant écrasés par les gouvernements auxquels ils appartenaient à travers la surexploitation systématique, la pauvreté, la faiblesse des salaires et les licenciements collectifs.
En dépit de la conjoncture internationale difficile, la SNIM a réussi à réaliser ses objectifs de développement, à améliorer continuellement la situation de ses travailleurs et à éviter le plus grand nombre de répercussions de la situation mondiale des cours du fer.
Il n’est point besoin de clarifier que la chute des cours du minerai de fer sur le marché mondial constitue un obstacle objectif à la prise des mesures arbitraires non étudiées pour opérer une cinquième augmentation des salaires sans prendre en considération la situation financière de l’entreprise. En effet, l’intérêt recommande d’abord de protéger l’existant au lieu de réclamer l’inexistant, surtout en sachant que le marché mondial contrôle les fluctuations à la hausse et à la baisse des cours du fer comme mentionné par le document de l’UFP.
- Quant aux allégations contenues dans le document et selon lesquelles notre production des richesses maritimes souffre d’un problème de commercialisation et de refus de la part des importateurs d’acheter le poisson mauritanien, elles sont infondées et relèvent plutôt de la désinformation. Comment donc les auteurs du document de l’UFP peuvent ils expliquer le refus opposé par le gouvernement, malgré les tentations et les pressions européennes continues, à la signature d’un nouvel accord qui ne garantit pas les intérêts du pays, la protection et la gestion de sa richesse halieutique au service des citoyens.. ? S’agissant de la thèse d’une prétendue crise de commercialisation, elle est battue en brèche par l’affluence des partenaires internationaux, y compris les Européens, sur les produits de pêche mauritaniens. A cela s’ajoutent le fonctionnement du secteur des pêches dans des conditions normales et le fait que des milliers de familles mauritaniennes dépendent de lui dans leur vie quotidienne. En outre, il est tout à fait naturel et habituel que ce secteur soit affecté par les aléas économiques nationaux et internationaux positifs ou négatifs.
Reste que le plus important pour l’Etat c’est d’imposer sa souveraineté sur ses eaux maritimes et protéger ce qui reste de sa richesse halieutique contre le pillage des flottes étrangères. Ce qui est fait.
Le volume des amendes et revenus générés des contraventions aux règlements de pêche maritime et versés à l’Etat mauritanien ne dépassait point 400 millions d’ouguiyas par an. Depuis 2009, ces recettes apportent au Trésor public pas moins de 9 milliards d’ouguiyas par an sous forme d’amendes imposées aux contrevenants étrangers aux règlements de pêche.
Cette fermeté et cette transparence dans la gestion et de la richesse halieutique ont permis de réformer le secteur et de le libérer de la tutelle quasi-absolue des prévaricateurs et leurs partenaires dans le pillage des richesses de la nation mauritanienne. Elles ont également permis au secteur de protéger la richesse halieutique, de porter le taux des travailleurs mauritaniens dans les équipages des bateaux étrangers de 18% à 60% et de mettre en place une logique et des mécanismes de négociations effectives et d’égal à égal avec tous les partenaires de manière à garantir aux caisse de l’Etat des revenus à la hauteur de la fertilité des côtes mauritaniennes, de la qualité de leurs produits et de l’accroissement de la demande sur ces produits dans les marchés mondiaux.
- La révision du Code des investissements en 2014 en coordination avec les partenaires au développement a permis d’identifier les obstacles qui entravaient l’affluence des flux d’investissement dans les différents domaines vitaux de l’économie nationale et de surmonter ces obstacles par la mise en place de mécanismes durables et hautement crédibles en matière de transparence et l’adoption du guichet unique. Les conditions et le climat de l’investissement ont fait l’objet de deux colloques internationaux organisés à Nouakchott en 2014/2015 au cours desquels des investisseurs et partenaires issus des 5 continents ont exprimé leur confiance dans le climat des investissements et des affaires de façon générale dans notre pays. Ces participants ont loué les facilités accordées sur tous les plans et les garanties qui leur ont permis, à plusieurs occasions, de protéger leurs intérêts grâce à des jugements indépendants et transparents rendus par la justice mauritanienne.
- Sur un autre plan non moins important que les investissements et le climat des affaires, le gouvernement du président fondateur de notre parti son Excellence le Président de la République Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz a pris les mesures et adopté les plans stratégiques anticipatifs depuis plusieurs années et veillé à leur renouvellement chaque année afin qu’ils demeurent à même de protéger les citoyens contre la faim et la peur et de protéger leur cheptel contre les répercussions de la sécheresse qui a tout dévasté dans la région.
C’est ainsi que dans le cadre d’un projet consacré à la protection du cheptel, financé par l’Etat mauritanien pour un coût de 15 milliards d’ouguiyas, toutes les wilayas du pays reçoivent ces jours-ci une première tranche de 30.000 tonnes d’aliment de bétail et 15.000 tonnes de blé, en plus de la réhabilitation de 47 stations hydrauliques dans les zones pastorales sur toute l’étendue du territoire national et de la création de 18 nouvelles stations hydrauliques dont deux consacrées à des zones pastorales communes entre 3 wilayas intérieures dans les régions d’« Agan » et d’« Awkar ». D’ailleurs, le gouvernement, comme aujourd’hui, a toujours été présent au moment opportun pour faire face aux répercussions des crises climatiques et alimentaires mondiales qui n’ont pas épargné la Mauritanie et les autres pays de la région au cours des dernières années. Le programme Emel, lancé en urgence depuis 2012, est devenu l’une des composantes constantes de l’activité gouvernementale, pour un coût de 48 milliards d’ouguiyas avec toutes ses composantes destinées à faciliter l’accès aux produits alimentaires et de consommation de base à des prix subventionnés de façon permanente par l’Etat, comme le cas de l’aliment de bétail et autres..
- Evoquant la grève des travailleurs de la SNIM, le document de l’UFP a gratuitement accusé le gouvernement de manifester du mépris à l’égard des travailleurs. Cette accusation n’est ni objective ni équitable. Le document aurait plutôt dû saluer le traitement civilisé sur les plans sécuritaire, administratif et civique que le gouvernement a réservé à la grève et à l’activité syndicale, avec la garantie des droits des travailleurs à exprimer quotidiennement leurs doléances et à jouir de leurs libertés. Il aurait dû aussi noter le traitement responsable, positif et respectueux des lois et règlements en vigueur réservé par les autorités administratives locales aux grévistes. Au lieu de cela, le document de l’UFP a tenu à présenter la SNIM – intentionnellement ou non – comme s’il s’agit d’un corps étranger au tissu économique national, ce qui reflète une charge incitative délibérée qui ne représente sûrement pas une démarche de retenue et de sagesse visant à trouver des solutions positives garantissant aux travailleurs leurs droits et leur protégeant l’actif et le capital de ces droits, en l’occurrence l’entreprise elle-même en tant que société nationale qui les nourrit et qu’ils servent.
II. Au plan social
Il est clair que le document de l’UFP ne contient que des chiffres fortuits dont la seule source reste aussi floue que les expressions du genre : des statistiques concordantes, des observateurs, des rapports internationaux etc.
Le taux de chômage de 31% est dépassé, puisqu’il émane d’une étude qui date de 2004. Une étude plus récente, qui date de 2014 fixe ce taux à 10%. Elaborée par le Bureau International du Travail (BIT) et l’Office National de la Statistique, sur financement du FMI et axée sur une approche méthodologique fiable et répondant aux normes internationales en la matière, cette étude doit être la référence essentielle ; mais les rédacteurs du « document progressiste » l’ont déformée.
Quant au taux élevé d’accès à l’emploi, il est sans commune mesure avec ceux cumulés des cinq dernières décennies. Ce taux se traduit dans la fonction publique, mais aussi dans de grandes institutions qui ont absorbé des nombres importants, remplissant les registres de l’Agence Nationale de Promotion de l’Emploi des Jeunes, l’Ecole Nationale d’administration, de journalisme et de magistrature, la Direction de la fonction publique, des ministères de la Santé, des Mines, de l’Education, de l’Enseignement supérieur, de l’Elevage, de l’Agriculture et autres Caisses, programmes et grands projets de développement ; à quoi s’ajoutent les recrutements annuels réguliers au sein des Forces armées et de sécurité.
D’autre part, l’évocation des sit-in, grèves, manifestations et autres formes d’expression comme illustration de la « détérioration de la situation » n’est qu’une nouvelle façon de dénaturer la vérité, pour des raisons politiciennes évidentes. D’autant que l’on sait que dans leur grande majorité, ces manifestants brandissent, souvent, leur attachement aux orientations du Président de la République, Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz et aux espoirs nés des grands projets de développement.
Bref, la contradiction est flagrante dans le « document progressiste » qui prend les exemples de liberté d’expression pour des preuves d’une situation de crise !
III. Au plan politique
Par sa tentative de faire croire à une « situation de crise politique sans précédent dans l’histoire du pays », le document de l’UFP s’inscrit en faux par rapport à l’esprit du dialogue et au climat de confiance et de bonne foi qui doit prévaloir pour permettre un dialogue politique inclusif. Cette tentative ne reflète nullement le désir réel d’éviter le langage de l’escalade et de la suspicion de la part d’un parti qui a dialogué avec des régimes dictatoriaux en contrepartie d’une carte d’identité falsifiable.
Grâce aux préparatifs en cours, toutes les parties se rapprochent plus que par le passé d’un dialogue politique à dimension nationale. Il n’y a pas de place pour les provocations médiatiques et politiques contraires à la volonté affichée de part et d’autre de parvenir à réduire le fossé entre les différentes parties.
Dans son document étrange dans sa forme, son contenu et son timing, l’UFP tient à remuer, de façon absurde, des dossiers politiques, sociaux et humanitaires qui, pour la plupart, ont été dépassés, même par ceux qui sont directement concernés, et qui peuvent, éventuellement, faire l’objet de débat lors du dialogue attendu, si les parties le décident.
Et l’on est bien en droit de s’interroger sur l’objectif réel de la publication d’un document si provocateur en ce moment même.
IV. Au plan de l’enseignement
Le document de l’UFP n’a rien apporté en dressant un tableau sombre et un diagnostic sévère de l’état de l’enseignement, car le même diagnostic est contenu dans les recommandations des Etats Généraux de l’Education et la déclaration par le Président de la République, Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz de 2015 année de l’enseignement n’est pas fortuite. Il s’agit, là, de marquer le début du traitement effectif et sérieux des problématiques de l’enseignement, sur la base de la prise de conscience par les hautes autorités du pays de la réalité de ce secteur clé et du danger des échecs répétés depuis pas moins de trois décennies auxquels, soulignons-le, ont participé plusieurs leaders politiques de l’opposition qui tentent, aujourd’hui, de se disculper.
Enfin, le style du « document progressiste » nous offre l’opportunité de déceler l’incohérence et l’incapacité de convaincre propres à cette approche pessimiste fondée sur un triptyque de l’appréhension, de la suspicion et de la banalisation. Sa grille de lecture de l’avenir du pays est axée sur trois probabilités insensées et décousues, comme nous l’avons démontré.
Une telle attitude n’est pas de nature à encourager la recherche du dialogue. Mais, à l’UPR et au sein de la majorité de façon générale, nous restons attachés au choix constant pour le Président de la République, le frère Mohamed Ould Abdel Aziz et pour nous. Ce choix consiste en un dialogue national inclusif, sans conditions, ni tabou, auquel nous avons toujours appelé. C’est une constante de notre méthode et de notre orientation politique, qui restera inchangée, au-dessus des doutes et de tout soupçon.
Nouakchott, le 10 mars 2015
L’Union Pour la République