L’année 2015, commence dans notre pays par le lancement d’une idée de dialogue inclusif entre le pouvoir et l’opposition pour désamorcer la crise politique, économique, sécuritaire et sociale dans laquelle se trouve notre pays. Les hommes politiques, les organisations de la société civile, les observateurs avertis et même les personnalités religieuses sont entrain de donner leurs opinions par rapport à l’opportunité d’une telle idée.
Le parti DEKAALEM/RDNM (Dental Kaaldigal Leyyi Moritani/ Rassemblement pour le Dialogue des Nationalités Mauritaniennes) comme son nom l’indique, a toujours prôné le dialogue et la concertation entre les différentes communautés nationales pour permettre à l’ensemble des mauritaniens de participer à la construction de ce vaste territoire multinational aux richesses naturelles variées.
Mais pour que le dialogue prévu puisse aboutir, il est nécessaire de dépasser certains clivages et oser débattre sans passion ni esprit partisan de tous les problèmes notamment de ceux qui empêchent notre pays d’avancer vers le progrès et le développement.
Ce dialogue en gestation doit dépasser le cadre strict pouvoir/opposition pour s’élargir à la société civile, les intellectuels, les personnalités indépendantes, les syndicats, les représentants des forces de défense et de sécurité, la diaspora, les forces vives, etc. pour se prononcer sur des questions plus cruciales. Une question s’impose cependant : que peut signifier « un dialogue inclusif » sans aborder frontalement les questions de fond qui excluraient le problème de la cohabitation, l’exclusion, le racisme, la question de l’esclavage, la reforme de la politique de défense et de sécurité, la politique étrangère, l’islam et l’état, l’économie criminelle, le terrorisme, l’audit des finances publiques depuis 1978, les compensations économiques et financières des communautés exclues, l’injustice et la discrimination érigées en règle fondamentale de gouvernement et ceci à tous les niveaux … ? La réponse serait certainement négative.
Pour le parti DEKAALEM/RDNM, ce dialogue doit nous amener à résoudre une bonne fois pour toutes la Question Nationale afin de fonder une république nouvelle bâtie à partir de l’une ou l’autre des solutions suivantes:
-un Etat Unitaire Juste : où l’Egalité et la Justice constituent le socle de la construction nationale et faire de la Mauritanie une Nation des nations dans un Etat Décentralisé avec des garanties et qui ne sombrera pas dans le giron de l’état unitaire Injuste de Mauritanie conçu depuis Aleg en 1958. A défaut de garanties pour l’Etat Unitaire Juste que nous pensons possible, nous devons nous accorder à opter l’une des solutions suivantes pour instaurer la confiance et raffermir la cohésion nationale et sociale.
-Régions Autonomes : jouissant d’une autonomie pleine et entière avec à leurs têtes des exécutifs élus.
-un Etat Confédéral : avec un exécutif confédéral tournant entre les différentes communautés ; cet état sera construit sur la base d’une constitution confédérale et pour chacune des régions, une constitution régionale.
-un Etat Fédéral : construit sur la base d’Etats Fédérés et une constitution fédérale au niveau fédéral.
Dans tous les cas, quelque soit l’option prise, L’ETAT DE DROIT prévaudra dans une DEMOCRATIE REELLE qui respecte la dignité humaine et consacre l’honneur, la fraternité, l’égalité et la justice comme valeurs cardinales de notre société.
D’autres problèmes pendants tels que : le partage et la séparation véritable des pouvoirs, l’esclavage et ses séquelles, les discriminations, l’impunité, l’officialisation et l’enseignement des langues nationales, la politique de la communication, le passif humanitaire, la répartition équitable des richesses, la bonne gouvernance, l’enrôlement biométrique, la gestion des élections, le redécoupage des régions en tenant compte des grands équilibres sociolinguistiques, culturels et économiques, la restitution des terres spoliées, et d’autres questions, doivent être abordées et solutionnées.
Le dialogue et la concertation autour de ces thèmes et d’autres est un passage obligé pour éviter à la Mauritanie une implosion. Les mauritaniens ont le droit de choisir librement l’état qui leur convient pour vivre en paix et dans la dignité. L’état ne doit pas être monopolisé ou être pris en otage par une quelconque ethnie ou race, pour asseoir sa domination, mais doit être le bien commun à tous.
Le parti DEKAALEM/RDNM opte pour le dialogue et la concertation pour une Mauritanie multiculturelle dans ses frontières internationales. Le parti DEKAALEM/RDNM combat le système raciste et esclavagiste qui puise ses sources des systèmes de valeurs d’un autre âge agrémentés par une injustice savamment tissée au sommet de l’état et qui se drape de l’islam pour assouvir ses ambitions de domination et d’aliénation, qui nie l’autre, et encourage la haine et l’extrémisme.
La Mauritanie est placée dans une situation de crises permanentes depuis son indépendance. Dans ces conditions, il faut alors se parler, se communiquer, dialoguer de façon responsable et aborder sans tabous toutes les questions pour sortir le pays du bourbier. Il n’ya pas de ligne rouge !
Si le dialogue est sincère, les tenants du pouvoir doivent donner un signal fort :
- libérer les prisonniers d’opinion condamnés injustement notamment Biram Dah Abeïd Président de IRA Mauritanie, Brahim Ould Bilal son Vice Président et Djiby Sow, Président de Kawtal, et les autres militants antiesclavagistes détenus à Nouakchott ;
- reconnaitre tous les partis politiques dont les dossiers se trouvent au Ministère de l’Intérieur car le dialogue concerne tous les mauritaniens et toutes les opinions ;
-accepter des garanties internationales (ONU et UA) pour cautionner, accompagner le processus, en amont, pendant et en aval, suivre et certifier chaque étape du processus y compris les élections éventuelles jusqu’à terme;
-accepter un gouvernement de consensus fort qui aura pour mission de conduire le processus pour une période de 15 mois.
Le président doit abréger les souffrances du peuple. Il est responsable devant Allah, devant le peuple et devant l’histoire.
Le peuple devra être vigilant et suivre de près les manœuvres dilatoires des acteurs politiques et des décideurs à l’occasion de ce dialogue en gestation pour ne pas dévier la volonté populaire. Celle de vivre ensemble en paix et non en parallèle comme c’est le cas depuis 1958 à nos jours. De toutes les façons, le dernier mot appartient au peuple souverain. L’homme passe, le peuple reste.
La lutte continue. Avec Allah nous vaincrons.
Nouakchott, le 10 Mars 2015
DEKAALEM/RDNM
LE BUREAU POLITIQUE NATIONAL