26 AVRIL 1989-26 AVRIL 2015
Pour la communauté négroafricaine de Mauritanie, le mois d’avril ne peut jamais passer inaperçu. En effet, c’était le 26 de ce mois de 1989 que les membres de cette communauté furent déportés au Sénégal et au Mali suite au génocide soigneusement orchestré par les autorités mauritaniennes d’alors sous la houlette du sanguinaire Maaouiya O/ Sid ‘Ahmed Taya. C’est ainsi que suite à une bagarre entre éleveurs mauritaniens et cultivateurs sénégalais tous négro africains, le pouvoir raciste, pour mieux asseoir la domination arabo-berbère sur l’ensemble du territoire national, a sauté sur l’occasion pour expulser les authentiques mauritaniens noirs et s’accaparer de tous leurs biens. Des milliers et des milliers de négromauritaniens furent ainsi obligés de vivre à l’extérieur du territoire qu’ils avaient véritablement créé.
Vingt six (26) ans après, les négromauritaniens continuent d’être stigmatisés, marginalisés et écartés de tous les secteurs de la vie politique, économique et culturelle de leur pays. Certains de ces déportés, qui sont revenus au bercail sous la pression internationale, sont devenus de véritables étrangers dans leur propre pays, car ils sont parqués dans des maisons de fortune à côté de leurs villages et de leurs biens devenus propriété d’autres citoyens par la volonté du pouvoir actuel. Quelques uns parmi eux jugeant cette situation insupportable, avaient marché en avril 2014 de Boghé à Nouakchott, sur plus de 300km pour réclamer de meilleures conditions de vie notamment l’application de l’accord tripartite liant l’état de Mauritanie à celui du Sénégal et au HCR. En toute réponse, ils ont été accueillis par des coups de matraques et des grenades lacrymogènes.
Ces événements comme tant d’autres, marquent profondément l’histoire de la Mauritanie car ceux qui l’ont subi ne pourront en aucune manière les effacer dans leurs mémoires. A l’occasion de la commémoration de cette terrible journée, le parti Rassemblement pour le Dialogue des Nationalités Mauritaniennes (DEKAALEM /RDNM):
-dénonce avec vigueur l’oppression qui continue d’être exercée sur tous les noirs de Mauritanie Hratine, Pulaar, Soninké, Wolof et Bambara (l’esclavage et ses séquelles, le racisme et l’exclusion) ;
-réitère son soutien sans faille aux rapatriés et aux déportés pour leur rétablissement dans leurs droits avec l’application de l’accord tripartite;
- demande l’abrogation de la loi 93 qui amnistie les génocidaires des années 89/90/91, l’extradition et le jugement du sanguinaire Maaouiya Ould Sid’ Ahmed Taya et de ses complices tapis dans l’ombre ;
-demande l’abrogation de l’ordonnance 83-127 du 5 Juin 1983 relative à la réforme domaniale ;
-demande de décréter le 26 Avril comme journée de deuil national ;
-appelle encore à une véritable concertation nationale pour régler définitivement la Question Nationale AVANT QU’IL NE SOIT TROP TARD.
Les tenants du pouvoir doivent prendre conscience que la politique de l’autruche conduit le pays inévitablement à l’implosion. Le salut de cette Mauritanie plurielle passe par un dialogue franc et sérieux entre ses citoyens. L’expérience a montré que les systèmes racistes, esclavagistes et autoritaires labellisés par l’injustice et la violence comme celui de Mauritanie sont incapables de se réformer pour dialoguer avec leurs peuples. Aujourd’hui, une autre Mauritanie s’impose dont les fondements seront la justice et l’égalité, incarnée par une démocratie réelle. Et si le pouvoir actuel est sincère, les mauritaniens doivent se mettre autour de la table pour abréger les souffrances du peuple, engager un dialogue sans ligne rouge avec des garanties internationales pour rétablir la confiance.
L’homme passe, le peuple reste.
La lutte continue. Avec Allah nous vaincrons.
Nouakchott, le 1er Mai 2015
DEKAALEM/RDNM
Le Bureau Politique National