La salle des conférences du Musée national a abrité le 05 août dernier un colloque scientifique à l’occasion de l’édition de la première traduction en arabe de l’ouvrage de l’historien portugais Gomes Eannes d’Azurara (né vers 1400, mort vers 1474): Chronica do Descobrimento e Conquista de Guiné, réalisée par Dr Ahmed Ould El Moustaph, enseignant à la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Nouakchott et ancien sorbonnard.
De grands chercheurs et éminents professeurs ont pris part à ce colloque en tant que conférenciers principaux, notamment Mohamed Ould Bouleiba, modérateur du colloque, Yahya Ould El Bara, Bilal Ould Hamza, Mohamed Lemine Ould El Ketab et Elemine Ould Baba. Aussi, des représentants de certains départements gouvernementaux et formations politiques, des chercheurs, des journalistes ont fait le déplacement pour assister à cet événement.
Crimes de guerre
Cet ouvrage constitue la plus importante source historique sur le début de l’expansion portugaise sur les côtes ouest africaines, notamment sur le littoral mauritanien actuel et le prélude des découvertes géographiques des temps modernes. Les événements historiques relatés par l’auteur remontent aux années 1441-1448 et portent sur les premiers contacts entre les portugais et les Maures. Ces événements ont pris une tournure tragique lorsque les portugais décidèrent de mener une guerre farouche contre les villages et les campements des populations riveraines des côtes mauritaniennes en vue de les chasser du littoral, dans la perspective d’y installer une présence permanente de la flotte portugaise.
Le bilan de ce conflit inégal entre une puissance européenne émergente disposant d’un arsenal militaire relativement moderne et des populations locales, pêcheurs pour la plupart et armées, dans les meilleurs des cas, de lances et d’arcs, fut catastrophique : les victimes (les morts, les blessés, les prisonniers réduits en état captivité et vendus en tant qu’esclaves dans les villes portugaises, les sinistrés et les déplacés) se comptaient par milliers.
Une période presque méconnue
Malgré cette épreuve inouïe, les populations du littoral mauritanien n’ont pas manqué à manifester leur résistance aux envahisseurs. Des batailles rangées avaient opposé les Portugais et les Maures, avec parfois de lourdes pertes subies par les premiers dont la mort de plusieurs leurs chefs et soldats dans différents endroits du littoral, en particulier dans l’archipel du banc d’Arguin.
L’auteur du livre évoque aussi des événements qui se sont déroulés le long des côtes du Sahara occidental et des côtes de la zone allant du Sénégal jusqu’à Sierra Leone entre les Portugais et les populations locales de ces zones. C’est le plus ancien ouvrage connu écrit par un Européen à propos de nos côtes.
Les chercheurs ayant pris part à ce colloque ont apprécié la qualité et la clarté de la traduction, en soulignant en même temps l’importance de cet effort scientifique qui jette la lumière sur une époque importante de l’histoire de la Mauritanie dont les ouvrages traitant de cette thématique font encore défaut.
Les principaux intervenants ont enrichi le débat autour de la présentation de cet ouvrage en évoquant des aspects historiques, sociologiques et anthropologiques étroitement liés aux différents chapitres de ce livre.
Cet ouvrage comporte, en plus de l’introduction du traducteur, quatre vingt dix-sept chapitres répartis sur 361 pages, format A5. Le livre est édité chez Maktabat al-Qarnayn (Librairie des deux Siècles) 15/21 à Nouakchott.
Mohamed Abdellahi ABBE
Journalsite à la TVM