L’incident qui s’est malheureusement produit dans la mosquée centrale de Nouakchottvendredi dernier pose plus de questions qu’il n’apporte encore des réponses claires sur les vrais mobiles d’un tel acte.
Des fidèles venus accomplir le rituel hebdomadaire ne pouvaient qu’être indignés par d’insolites échanges verbaux entre l’Imam et un homme qui lui reprochait apparemment «ses positions très excessives à l’endroit de groupuscules qu’il accuse de semer la haine et la division en menant une propagande outrageuse à l’endroit d’érudits ».
C’est semble-il la goutte qui aurait fait déborder le vase déjà plein de préjugés et qui a failli tourner en affrontement politico-confessionnel au sein d’un lieu de culte. Il faut dire que les relations très tendues entre le mouvement Abolitionniste Ira et des chefs religieux continuent d’entretenir des rapports conflictuels entre des milieux conservateurs et les abolitionnistes remontés contre les sorties musclées adressées par des personnalités religieuses contre IRA.
Depuis l’incinération des ouvrages théologiques qualifiés par des Oulémas de crime passible d’une peine capitale, le débat est loin d’être à la hauteur. La moindre occasion ouvre les critiques de part et d’autre des camps en conflit polluant sans cesse l’atmosphère entre les militants de IRA et leurs présumés adversaires. Une telle situation est dangereuse et lourde de conséquences.
Autant il faut protéger la religion contre toute tentative outrageuse et propos iconoclaste, autant il est inacceptable d’instrumentaliser l’islam à des fins personnelles ou politiques ou à des règlements de comptes sociaux.
L’islam est une religion de paix dont les principes prônent la tolérance, l’égalité et la fraternité. Seules les fausses interprétations et les orientations de mauvaise foi créent des dissensions dans certaines situations. Le fanatisme religieux et les fatwas taillées sur mesure à des fins autres que les exigences de rétablir l’ordre et la bonne cohabitation entre les différentes franges sociales ne sont pas porteurs d’harmonie au sein de la famille religieuse.
Il faut que chacun joue son rôle comme il faut, assume pleinement ses responsabilité en âme et conscience pour que la paix habite les cœurs et les esprits. Quand la politique côtoie mal la religion, les lignes se déplacent. Il est urgent de restaurer le débat en profondeur pour éviter les dérives politico-religieuses.
Les activistes des droits de l’homme, les Oulémas et exégètes avertis , les hommes politiques doivent œuvrer tous en commun pour assainir l’atmosphère par des échanges fructueux et positifs, loin des discours passionnés et grandiloquences boulimiques. L’islam est le seul cadre qui doit unir et où il n y a pas de place pour les commerçants de la surenchère, de l’exclusion, de l’exploitation et de toute autre forme de pratiques anachroniques.
Il est ainsi du devoir de chacun de s’élever contre tout mauvais procès intenté contre la religion tant du côté de ceux qui veulent avoir raison de la paix que de ceux qui exploitent l’islam à des desseins à mille lieux des frontières religieuses. Si nous voulons éviter d’installer ce pays dans des dérapages incontrôlables.
Déjà avec la montée des extrémismes religieux, l’exacerbation des frustrations communautaires, les injustices et les dominations économiques et discriminations sociales, les portes sont béantes pour toutes sortes de chaos dont il faut se prémunir pendant que cela est possible…
Cheikh Tidiane Dia