Mauritanie – Sénégal: "Combattons les préjugés qui minent nos relations", Mohamed Saïd Ba

mer, 01/06/2016 - 22:35

Mohamed Saïd Ba, membre du comité directeur du parti sénégalais MRDS, Mouvement de la Réforme pour le Développement Social, appelle les deux peuples sénégalais et mauritanien à se "rapprocher davantage" et à ne "pas se laisser divisés par des préjugés".

Il est interviewé par Alakhbar lors de son passage en Mauritanie pour assister à la sixième « Rencontre annuelle » de la jeunesse du parti Tawassoul, Rassemblement National pour la Réforme et le Développement.

Mohamed Saïd Ba, comment appréciez-vous les relations entre la Mauritanie et votre pays, le Sénégal ?

Le fleuve ne doit pas diviser les nations sénégalaise et mauritanienne. Il doit plutôt servir de trait d’union et de point de rapprochement entre les deux peuples. Il ne suffit pas cependant de parler de rapprochement à travers les médias. Nous avons besoin d’établir un contact permanent. Combattons également les préjugés qui minent les relations entre ses deux peuples voisins.

Existe-il un lien particulier entre les partis Tawassoul et le MRDS qui sont tous les deux de tendance islamiste ?

Il y a une bonne base de coopération entre les partis Tawassoul en Mauritanie et MRDS au Sénégal. Nous avons une vision commune qui constitue un socle fondamental pour un fort partenariat politique, intellectuel et culturel qui pourra nous permettre d’aller de l’avant. Il y a également les visites mutuelles. Je prends mon exemple.

Aujourd’hui je réponds à une invitation du parti Tawassoul pour traiter un thème lié à la problématique des langues nationales sous l’angle de l’Islam. En fait, le problème est posé en Mauritanie comme au Sénégal et dans d’autres pays de la sous-région.

Mais je pense qu’on peut toujours se servir de l'Islam pour surmonter les obstacles linguistiques et culturels vers la création de communautés soudées, et cela nous épargnera le risque de sombrer dans des conflits.

Le président sénégalais Macky Sall a récemment annoncé des reformes constitutionnelles. Ira-t-il jusqu’au bout, selon vous?

Nous avons besoins de ces reformes. Cependant, il faut distinguer entre annoncer des reformes et les réaliser à terme. Nous espèrerons en tout cas que le Président Macky Sall aille jusqu’au bout, mais qu’il ne le fasse pas seul. Seul, on ne peut pas reformer un Etat. Cela veut dire qu’il faut intégrer tous les acteurs concernés.

Pensez vous que les articles relatifs à la durée et au nombre de mandats présidentiels pourront être verrouillés dans la constitution sénégalaise?

Le Sénégal a déjà relevé un défi plus difficile. Pendant trois décennies nous avions un problème de fichier électoral. Nous pensions qu’il était impossible d'organiser des élections apaisées. Aujourd’hui les Sénégalais votent et rentrent chez-eux sans heurts. Et puis, la constitution sénégalaise elle est bonne.

Ce qui manque c’est de la rendre stable. Je peux comprendre qu’un président ou une minorité manipule la constitution dans un pays où la démocratie est naissante. Mais il est aujourd’hui intolérable d’avoir une constitution manipulable dans un pays de démocratie avancée comme le Sénégal.

Alakhbar.info