Seuls ceux qui n’abandonnent pas finissent par y arriver.

lun, 01/11/2016 - 19:45

Je me présente, je suis Cherif Ahmed Hamahoullah, fondateur du club d’arts martiaux Body Fighting Club et professeur de Kick Boxing/Tai Boxing et full Contact.

Je suis passionné d’arts martiaux depuis tout jeune. J’ai assisté à mon premier cours d’arts martiaux probablement en 1996 à l’âge de 13 ans. J’en ai pratiqué plusieurs, j’ai arrêté quelques temps puis repris à l’âge de 19 ans pour ne plus jamais arrêter depuis. Je vis de ma passion et c’est une chance énorme. 

Si mes souvenirs sont bons (je ne suis pourtant pas si vieux), j’ai commencé à enseigner avec mes chers amis : les maîtres Abdellahi Soueid’Ahmed(Haidy) et Ely Cheikh Hanenna en 2008 .

Autant dire que depuis le temps, j’ai pu tirer quelques leçons de mes erreurs en tant qu’élève et professeur également. J’ai assisté aussi à celles des autres qui sont souvent les mêmes.

Je vais donc les partager avec vous pour vous aider à progresser dans la pratique de votre art martial.

 

Le choix du club

On retrouve plusieurs motivations à la pratique d’un art martial :

apprendre à se défendre

  améliorer la confiance en soi

  se défouler

  se remettre en forme

  évacuer le stress

  la passion ou l’intérêt pour un art martial

  l’envie de faire de la compétition

Pour progresser, il faut être régulier, il n’y a pas de secrets ! Comme tout le monde, par moment, vous serez fatigué ou il ne fera pas beau, vous aurez envie de rentrer ou rester chez vous.

Si votre club est loin, votre motivation est mise à rude épreuve constamment et la moindre difficulté supplémentaire peut vous faire lâcher. C’est tellement plus facile de rester dans son salon, sur son canapé en train de regarder la télé en grignotant quelque chose. C’est par contre bien moins enrichissant et l’assurance d’avoir des problèmes de santé tôt ou tard. Ce qui est génial dans les arts martiaux, c’est que c’est une activité physique qui vous apporte un savoir utile en plus des bénéfices inhérents à toute activité physique. C’est en plus très complet, toutes les aptitudes physiques sont travaillées.

Les bons clubs proposent en général un cours d’essai gratuit car ils sont sûrs de la qualité de leurs cours. Méfiez-vous de ceux qui ne le font pas ! Ne vous laissez pas avoir par la qualité des installations ou autres. Certes, c’est un plus indéniable d’avoir de l’espace, de beaux vestiaires, du matériel tout neuf mais est-ce vraiment ça qui va vous faire progresser ? Non !

Ne vous faites pas avoir non plus par les titres d’un professeur. Un champion du monde n’est pas automatiquement un bon professeur. Ça fait juste de lui un excellent pratiquant ou combattant mais ça ne veut pas dire qu’il sait transmettre son savoir.

Autre point important, les horaires doivent vous convenir. C’est pourtant simple mais tous les ans je vois des personnes abandonner parce qu’ils se sont inscrits à un cours où les horaires s’intègrent difficilement dans leur emploi du temps.

De plus, je recommande un minimum de deux entraînements par semaine pour une progression satisfaisante.

Cependant, je réponds toujours oui aux personnes qui me demandent si venir une seule fois par semaine est suffisant pour progresser. Ils vont progresser mais plus lentement. Le problème est que tout le monde n’a pas la patience nécessaire et que cette vitesse de progression peut aboutir à une frustration menant à l’abandon.  D’un autre côté, si l’on ne peut pas faire autrement, c’est toujours mieux que de ne rien faire. Sachez juste qu’il faudra redoubler de patience. 

 

Le choix du professeur (et ses élèves)

A mon sens, le professeur et son groupe d’élèves sont plus importants dans votre choix que l’art martial en lui-même. Un même style peut être enseigné complètement différemment dans des ambiances très différentes. C’est pourquoi je recommande toujours de venir faire un essai. Se sentir bien dans un groupe, apprécier la pédagogie de son professeur ainsi que sa personnalité peut faire toute la différence.

Certains de mes élèves m’ont déjà avoué que parfois quand ils n’ont pas envie de venir, qu’ils sont fatigués, démotivés, c’est l’idée de voir les gens du club, l’ambiance qui les pousse à venir. Le sentiment d’appartenance à un groupe est très puissant et un véritable vecteur de motivation pour beaucoup.

Par contre, si votre motivation principale est d’apprendre un art martial en particulier, ça ne s’applique pas forcément. En fonction de votre région, vous n’aurez peut être pas le choix. Il faudra alors être certain que l’envie d’apprendre ce style sera plus forte que tous les éventuels obstacles du quotidien sinon ça risque d’aboutir à un abandon. Et puis avec un peu de chance, vous trouverez peut être le professeur qui vous convient, qui enseigne l’art martial que vous cherchez avec une ambiance et des gens formidables.

 

Votre état d’esprit

 

Dans tous les clubs, on voit tous les ans des élèves abandonner au bout de 2 ou 3 mois, une fois l’excitation de commencer quelque chose de nouveau passée. La route est longue et difficile dans les arts martiaux. Tout le monde n’est pas fait pour, ou plus exactement, pas prêt à faire ce qu’il faut.

J’ai remarqué un phénomène grandissant que je ne voyais que rarement auparavant dans les cours. Pour vous l’illustrer, je vais vous raconter une scène pendant un de mes cours il n’y a pas si longtemps que ça.

Après avoir montré une technique à travailler, les élèves la répètent par deux. Je vais ensuite les voir un par un pour les corriger. Cela faisait à peine 10 minutes quand j’arrive vers deux élèves que je vois les bras croisés. Je leur demande pourquoi ils ne sont pas en train de répéter l’enchaînement que j’ai montré et ils me répondent “ça y est, on l’a répété, on le connaît !”. Par expérience, je sais qu’on ne maîtrise pas parfaitement une technique en 10 minutes ou même en 50 répétitions. Je leur explique donc que même s’ils pensent l’avoir compris, ça n’est pas suffisant, que moi-même après bientôt 15 ans de Kick Boxing et des milliers de répétitions, je suis toujours attentif à ma technique que je ne considère pas parfaite.

Je leur demande donc de me montrer l’enchaînement et dés le premier mouvement c’est faux. Cette histoire est pour moi représentative d’une dérive actuelle à tout consommer comme un repas au fast food, vite et mal ! Oui ce n’est pas toujours amusant de répéter inlassablement le même mouvement mais ça reste le meilleur moyen de maîtriser une technique et ça, à mon avis, c’est bien plus qu’amusant, c’est gratifiant et satisfaisant.

Le jeu en vaut la chandelle. Il y a un proverbe en anglais que j’aime bien et que je trouve plus évocateur que son équivalent français : “Practice makes perfect” qui, traduit littéralement veut dire “La pratique (ou répétition) rend parfait”. Et , on dit “C’est en forgeant qu’on devient forgeron”.

C’est malheureusement une valeur qui se perd et qui est essentielle dans les arts martiaux. C’est aussi l’occasion de se construire des bases solides. Beaucoup d’élèves ont ce besoin d’apprendre quelque chose de nouveau à chaque cours sinon ils ont l’impression de ne pas progresser.

Quand on construit une maison, si les fondations ne sont pas solides, on peut lui ajouter toute la décoration qu’on veut, à toute vitesse, au premier problème, tout s’effondrera et il faudra tout reconstruire. Pour éviter de perdre votre temps, d’être dans l’illusion d’avancer et devoir revenir en arrière, travaillez, renforcez constamment vos bases. Ne cherchez pas à aller trop vite

Un élève qui est avec moi depuis longtemps est souvent venu se plaindre à moi qu’il n’avait plus la sensation d’avancer. A chaque fois, je suis obligé de lui expliquer qu’à un certain stade, on est plus dans le perfectionnement que l’apprentissage. On va continuer à apprendre quand même mais bien moins souvent qu’au début. Je lui ai donné deux exemples similaires pour lui faire comprendre. Combien de temps est-il nécessaire pour apprendre les différents coups au Tennis ?Quelques mois, pas plus. Pourtant, des milliers de gens y jouent des années avec beaucoup de plaisir en essayant d’améliorer leur maîtrise du geste, leur positionnement, leur qualité physique (vitesse, puissance,...). Il en va de même pour la Boxe. Quand on regarde bien, il y a très peu de techniques et pourtant on a jamais fini de progresser.

C’est un art qui s’avère difficile à maîtriser parce que c’est le souci du détail qui fait sa complexité et en même temps, sa force réside dans sa simplicité. Même un grand champion comme Badr Hari qui s’entraîne assidûment depuis l’âge de 4 ans passe encore des heures chaque jour sur sa technique quand il prépare un combat.

N’ayez pas la prétention de croire que pour vous ce sera différent. Il faut apprendre à aimer cette inlassable recherche de la perfection qui doit caractériser le bon pratiquant d’arts martiaux.

 

Conclusion

 Pour devenir un maître d’arts martiaux, il faut donc :

choisir le bon club

choisir le bon professeur

avoir le bon état d’esprit

travailler sa technique inlassablement

ne jamais abandonner

« Seuls ceux qui n’abandonnent pas finissent par y arriver »