La Mauritanie est engagée dans le cadre du Partenariat Ouagadougou pour l’espacement des naissances. Deux conférences, une tenue du 8 au 10 février 2011 sous le thème «Population, planification familiale et développement : l’urgence d’agir» à Ouagadougou et une tenue à Sally Mbour au Sénégal sur «l’engagement de la société civile en faveur de la planification», ont amené la Mauritanie à entreprendre une approche participative et inclusive dans le domaine de l’espacement des naissances. Soutenue par les partenaires et acteurs de développement, le pays a mis en place un plan d’action pour le repositionnement de la planification familiale 2014-2018. Cette nouvelle approche vise à intégrer tous les acteurs de la société civile dans le but de leur permettre de mieux expliquer et sensibiliser les populations sur la PF.
La Mauritanie a été félicitée par le Partenariat de Ouagadougou pour sa forte contribution à l’atteinte des objectifs fixés par les 9 pays. Cet objectif était l’atteinte en 2015, d’un million de femmes additionnelles, utilisatrices de méthodes de contraception modernes.
Toutefois beaucoup de chose reste à faire en particulier au niveau de la sensibilisation. Beaucoup de femmes, de jeunes, de pères de famille, ne connaissent pas c’est quoi la planification famille. Un espace vide est à constater. Il laissé aussi bien par les autorités compétentes concernées que par la société civile qui s’est engagée à faire du combat de l’espacement de naissance de son cheval de bataille.
Pour sonder l’avis des populations sur la Planification Familiale, nous avons interpellé ceux parmi eux qui utilisent les réseaux sociaux, notamment Facebook.
Monsieur Bacary Gueye, journaliste et rédacteur en chef du quotidien "Nouakchott Info" pense que la Planification Familiale est une nécessité chez nous (Mauritaniens) et qu’il faut faire des enfants quand on est sûr de pouvoir les entretenir et les éduquer. «Ce qui est loin d'être le cas de plus de 90% de nos "hommes"!» dira-t-il.
M. Guèye a précisé qu’il ya beaucoup d’avantages en appliquant la PF à savoir «Préserver la santé maternelle et infantile, rationaliser le budget familial, mieux maitriser l'éducation des enfants....»
Pour Mademoiselle NDeye El Housseinou NDiaye, Consultante en droits de l’homme, la PF: «C'est le fait d'espacer les naissances». Pour elle l’avantage serait de permettre aux parents d'espacer leurs enfants, de garantir leur avenir financièrement, de limiter le besoin de recourir aux avortements, de réduire la mortalité infantile. Elle permet également de réduire les grossesses chez les mères adolescentes et aussi chez les femmes vivant avec le VIH, ce qui réduit les enfants infectés. Ndeye Ndiaye pense que la PF joue un rôle aussi dans l'éducation des enfants...
Evoquant les inconvénients, Ndeye Ndiaye souligne les effets secondaires chez certaines femmes et le vieillissement de la population à cause de la faible reproduction.
Ibrahima Diop, technicien à la société de SNIM Nouadhibou, pense «qu’il faut en user modérément et que quand la santé est en jeu, c'est une nécessité. Un enfant tous les Trois ans conviens mieux.».
Ibrahim pense qu’on ne doit pas trop se précipiter sur l'argument religieux et imposer un avis là où il y a divergence. Il explique que les compagnons du prophète Mohamed (psl) pratiquaient le AZLE (retirer son organe, lors du rapport, pour éviter de déposer le sperme dans le vagin) lors des rapports sexuels pour ne pas avoir d’enfant. Ibrahim souligne que «le fait que la femme enchaine les grossesses et les allaitements la cantonne dans la redevance de ramadan en permanence et il faut prendre en compte les conséquences sanitaires si elles sont avérées.»
L’administrateur de la SNIM indique que le nombre d'enfants n’est pas un handicape à l'éducation. Il pense que comme l’affirme Cheikh Anta Diop «c’est une politique de dépeuplement employée contre les africains pour les amener à limiter leur naissance en contre partie d’une contribution pécuniaire.»
Ibrahim Diop explique que «Dans la pratique, je ne vois pas autour de moi, des avantages des petites familles sur les familles nombreuses lorsqu’elles vivent dans les mêmes conditions. Les familles nombreuses produisent souvent un peu d’élites et de cadres de la société, beaucoup de la classe moyenne. Les ainés y assistent leurs parents à la formation, à l’éducation et au perfectionnement de leurs frères. Les tâches pour l’entretien du domicile, reparties entre plusieurs membres se retrouvent allégées. Souvent les derniers enfants, réussissent bien, même si la famille est modeste. Le premier gosse a tendance à avoir moins de réussite. Ce qui révélé l’impact négatif de l'affection à l’endroit des enfants quand on en a peu. Phénomène auquel les familles réduites sont plus exposées d'ailleurs.»
Mame Yandé, employée à l’administration de la Douane entend beaucoup parler de la PF sans beaucoup la comprendre. Elle pense que pour l’espacement de naissance, qu’il ya des avantages sanitaires pour la mère et l’enfant. Elle croit que cela doit être discuté entre le couple avec l’approbation de l’époux. «J’ai une fois entendue que islam ne l'interdit pas si la femme est en danger» ajoute-t-elle.
Mohamed LO, expert Développement local et décentralisation explique que: «Quand nous parlons de la planification familiale, nous pensons à deux types de pratiques : primo, notre religion : elle nous dit de faire téter l’enfant pendant 2 ans. C’est un modèle de planification, mais certains n’y retrouvent pas. Secundo : la contraception, qui est, un élément de la planification familiale qui intègre tout un processus sur les naissances et l’épanouissement de la famille.»
Mr LO pense que «la contraception est un moyen pour espacer ou pour limiter les naissances de façon volontaire pour le bien être du couple. Elle contribue à la bonne éducation des enfants. C’est un moyen de lutte contre la pauvreté. Elle permet de bien conserver la femme. La contraception permet d’éviter les grossesses rapprochées.».
«L’espacement des naissances, c’est bien. Les enfants ne souffrent pas. Ils deviennent autonomes (au moins 3 ans), ils peuvent exécuter des commissions et même prendre soins du petit frère. Quand les grossesses sont rapprochées, l’enfant est maigre en général» conclue Mr LO.
Adama Ngaïdé est un jeune étudiant en Management de la qualité sécurité hygiène et environnement (QSHE). Selon son avis «la planification Familiale est une limitation et une gestion des naissances dans le temps». Adama Ngaidé, qui pousse loin sa réponse affirme que la «PF vise à garantir la sécurité sanitaire de la femme, vu les souffrances et les fausses couches qu'elles subissent.». D’autre part, le jeune étudiant souligne que «dans ce monde où l'éducation des enfants est essentielle et leur entretien coûte cher, faire un enfant est devenu un coût certes».
Sans renier sa croyance, Adama précise que «en tant que musulman on sait que c'est Dieu qui donne et qui fait vivre».
Parlant des inconvénients de la Planification Familiale, Adama Ngaidé souligne «qu’à long terme la femme peut être stérile et avoir des complications, une fois qu'elle voudra tomber enceinte. Tout comme les médicaments utilisés peuvent avoir des effets irréversibles».
Madame Oumou Kane est Présidente de l’Association Multiculturelle pour un Avenir Meilleur(AMAM), qui œuvre beaucoup dans le domaine du développement, notamment au niveau de l’éducation, de la santé et de la promotion culturelle. Interrogé sur cette question, Madame Oumou pense que la PF c’est important, surtout que nous vivons dans des conditions difficile et le plus souvent ce sont ceux qui sont les plus vulnérables, qui font plus d’enfants et n'arrivent pas à bien les gérer, ni s'en occuper à forte raison les nourrir.
«Regarder dans les pays surpeuplée comment les conditions de vie sont difficile le cas de l'Inde et quelques zones en Afrique» a argumenté la Présidente de AMAM.
Madame Oumou Kane pense qu’il «faut du coté sanitaire, il faut gérer l'espacement de naissance car beaucoup de femmes âgées de 24ans se retrouve déjà avec 4 à 5 enfants à entretenir et souvent le décalage d’âge est de 9 mois ou 10 mois. C'est ce qui fait souvent que beaucoup de femmes meurent en donnant naissance.»
Madame Oumou Kane conclue que «la PF aidera à mieux gérer la santé, à bien s’occuper de la famille et bien encadrer les enfants. Ainsi bien les nourrir pour avoir une vie saine».
Oumar Amadou M’baye