Le Gret a démarré mercredi 20 avril 2016, à l’hôtel WSSAL, un atelier sur les perspectives de développement de la filière de production du charbon de Typha en Mauritanie.
L’objectif de cet atelier est d’échanger avec les autorités mauritaniennes, les bailleurs de fonds, des entrepreneurs privés mais aussi avec des acteurs sénégalais et maliens engagés dans les bio-combustibles et les énergies renouvelables sur les perspectives pour la filière Typha dans la sous-région.
Du coté officiel on notait la présence de Mr Nalla Samassa, représentant de GRET, de la chargée du programme de la délégation de l’UE, helene Quentrec, de Mr Sidi O Mhamed Lhlou directeur des Aires protégées et du littéral/MEDD dans le cadre d’échange des expériences, on remarquait la présence des délégations en provenances du Sénégal et du Mali.
Au cours de cet atelier diverses communications liées au projet ont été présenté par des experts en la matière. Mr Tourad Ould Sery du GreT a présenté le projet Typha, pour la production du charbon ainsi que les résultats de la satisfaction du charbon Typha. De même Babana O Mohamed Lemine, directeur de l’ISET de Rosso, a accès son introduction sur «le processus de production artisanale et semi industrielle et bilan de la production ».
D’autres thèmes comme « l’impact environnementaux : exemple de la récupération d’une zone de pèche » « rentabilité de la production industrielle et perspective » on été présentés respectivement par Abdalahi Magrega du Parc National du Diawling (PND) et Julien Cerqueira du GRET.
Par ailleurs, dans le cadre des témoignages sur le terrain, la parole a été donnée à Madame Codou Diagne, présidente de l’union des coopératives de Garack, qui a expliqué l’impact positive du projet Typha sur les femmes de son village, qui commencent à se familiariser avec l’utilisation du charbon économique.
Elle a aussi souligné les difficultés qui existent à travers les fonds d’entrée, produit de la vente du charbon, qui ne peut pas encore être partagé. Madame Codou Diagne a demandé l’implication des autorités pour mieux les aider à lutter contre la prolifération de cette plante, qui occupe de l’espace destiné à la pèche et propage des moustiques.
La même remarque a été faite par le deuxième intervenant Mr Mohamed Vall, qui assure la présidence de l’unité d’Oumou Elghoura, situé dans le département de Tekane, et qui demande la mise en place d’autre projet d’accompagnement.
L’atelier a également été marqué par des discussions au tour du sujet ainsi que des débats des perspectives à travers le partage d’expériences régionales, les stratégies à adopter pour accompagner les operateurs industriels et comment l’Etat peut soutenir la filière charbon Typha.
Le Typha australis est une plante autochtone de la famille des roseaux et qui devenu envahissante après la construction du barrage de Diama en 1986. C’est une plante, qui aujourd’hui colonise les deux rives du fleuve et les canaux d’irrigation autour du fleuve, empêchant tout développement économique.
Selon le communiqué de presse de GRET la Typha a envahi plus 25 000 hectares en Mauritanie.
Depuis septembre 2011 le Gret et ses partenaires l’Institut supérieur d’enseignement technologique (Iset) de Rosso et le Parc National du Diawling (PND), ont développé un processus pour transformer le Typha en charbon. Il s’agit d’un projet qui a été financé par l’Union européenne et de l’Etat mauritanien par le biais de l’Agence pour la Promotion de l’Accès Universel aux Services (APAUS), qui s’achève le 30 avril.
selon les presentation, le projet a présenté des résultats très positives comme : « l’installation de 7 unités artisanales dans des villages autour de Rosso (Communes de Rosso, N’Diago et Tékane) où 90% des équipes de production sont composées de femmes ; l’accueil par le Centre ISET d’une unité industrielle pilote qui a produit 25 tonnes de charbon ; la formation de 350 personnes sur les techniques de production d’une part et sur les outils de suivi organisationnels et de gestion, 162 personnes gagnent un complément de revenu en produisant et vendant du charbon de Typha. »
Par ailleurs, le document de presse mentionne que « Rosso et Nouakchott la consommation en charbon de bois est estimée à plus de 45 000 tonnes par an, ce qui représente un chiffre d’affaire annuel de 8,5 milliards d’Ouguiyas. Alors que la pression sur les forêts du sud de la Mauritanie est très forte et qu’une partie du charbon vendu dans le pays provient de l’étranger, le charbon de Typha constitue une alternative renouvelable à même de concurrencer le charbon de bois. Avec un impact majeur sur l’environnement : la consommation d’une tonne de charbon de Typha permet d’économiser 7 tonnes de CO2 (par rapport à la consommation de charbon de bois) ! »
En conclusion le Gret et ses partenaires souhaitent maintenant encourager le développement d’unités industrielles de production de charbon portées par des entrepreneurs mauritaniens, voire exporter la démarche dans les pays voisins. Mais cela ne pourra se faire sans un appui fort des Etats pour accompagner les entrepreneurs qui investiront dans des unités de production et renforcer les contrôles sur la production, le transport et la vente du charbon de bois. Afin de donner toute sa chance au charbon de Typha !
Fondé en 1976, le Gret est une ONG française de développement qui agit du terrain au politique pour lutter contre la pauvreté et les inégalités. En Mauritanie, le Gret intervient depuis 25 ans sur les thématiques de l’insertion professionnelle, de l’accès à l’énergie, à l’eau et à l’assainissement, et de la lutte contre la malnutrition.
Oumar Amadou Mbaye