Après les émeutes du ksar, les arrestations se poursuivent dans les rangs de l’IRA

lun, 07/04/2016 - 22:49

Les arrestations se sont poursuivies ce week-end dans les rangs de l’Initiative IRA en Mauritanie.  Dimanche après midi, on a appris de sources du mouvement que Hamady Ould Lehbouss, conseiller et porte parole du président de IRA  et Ahmed Hamdy Ould Amar Vall, du bureau exécutif  IRA, ont été appréhendés quelques heures après une  conférence de Presse tenue à Nouakchott au domicile de Biram Dah Abeid, président du mouvement.  Dans la matinée, les organisateurs de la conférence de presse en question ont rapporté que « le jeune Khattry, du comité de paix, a été arrêté aux environs de la BMCI au cœur de la capitale ». Six militants d’IRA avaient été arrêtés entre jeudi 30 juin et vendredi 1er juillet au lendemain de heurts violents entre des éléments de la police et des groupes de citoyens en colère. Cela s’est passé mercredi 29 juin où de violents accrochages ont opposé  des foules surexcitées et des éléments de la police sur fond de déménagement de populations, issues de la communauté harratine. Celles-ci squattaient, depuis plusieurs décennies, un vaste espace présenté comme propriété privée, ont expliqué certains observateurs. Selon M. Cheikh Sid’Ahmed Ould Sidi, préfet du Ksar, département où ont eu lieu les heurts, il s’agissait d’une « opération de déménagement d’un groupe de citoyens d’un endroit qu’ils occupaient de façon illégale. » « Ils seront installés dans des zones qui leur ont été octroyées par l’Etat », a-t-il dit en précisant que 134 sur 429 familles ont été déjà installées dans des conditions décentes. Du côté des militants anti-esclavagistes on soutient que « les affrontements ont eu lieu alors que se déroulait une opération de déméagement de citoyens hratines  qui  habitaient dans un quartier que l’Etat voulait déguerpir et déloger au profit d’un propriétaire privé.»  

Plusieurs blessés et des dégâts matériels ont marqué l’événement.   Les réseaux sociaux ont relayé des images de véhicules, dont un bus de la police, calcinés, tandis que la télévision officielle a montré quelques policiers blessés et couchés sur des lits d’hôpital qui témoignaient être venus accompagner les opérations de déménagement avant d’être « surpris par des groupes armés de couteaux, de sabres,  de barres de fers et pierres. » La télévision a également diffusé des témoignages de membres des familles qui déclaraient, tout en remerciant le Président mauritanien de les avoir dotés de « lopins de terre inespérés »,  n’avoir « aucun lien avec des groupes d’inconnus venus se mêler à l’action de déménagement. »

M. Mahy Ould Ahmed, un des gouverneurs de la ville de Nouakchott était intervenu jeudi à la télévision nationale en accusant le mouvement IRA d’être l’instigateur des troubles.  « Ce qui s’est passé en terme de pagaille et de blocage est le fait d’un groupe appartenant à un mouvement politique connu pour son extrémisme. » A-t-il dit. M. Mahy a poursuivi que les auteurs des troubles sont connus. Il a lu une liste des personnes dont l’arrestation aura lieu le lendemain de sa sortie médiatique. Parmi ces personnes, Cheikh Tidiane Diop et Balla Touré respectivement  3e Vice-président et Secrétaire Général de IRA.

 "L’intimidation et la violence continuent à viser les militants anti-esclavagistes en Mauritanie en dépit des déclarations du gouvernement proclamant que des réformes sont en cours pour réduire la pratique de l’esclavage », a réagi  M. Vukasin Petrovic, Directeur des programmes Afrique de Freedom House, dans une déclaration envoyée samedi aux médias. Freedom House a exigé que le gouvernement mauritanien divulgue les lieux de détention des activistes détenu et les présente devant la justice « si des chefs d’accusation pèsent sur eux, ou les libérer sans délais.»

Dimanche, au cours de sa conférence de presse tenue à 13 heures au domicile de son président, l’IRA a accusé le pouvoir et les renseignements généraux d’avoir orchestré une campagne d’arrestations dans ses rangs. «Dès les premières heures des émeutes et avant même de savoir les raisons ni les détails, l’ordre a été donné aux sites et organes de presse financés par les cercles du service de renseignement de déclencher une campagne médiatique dont le but est de faire le lien entre IRA-Mauritanie et les affrontements de violence. » A déclaré M. Issa Ould Aliyine, coordinateur dudit mouvement. Selon les membres du bureau de ce mouvement, les noms qui avaient été cités par l’un des gouverneurs de Nouakchott, sont tirés d’un liste portant noms et photos de 20 dirigeants de IRA-Mauritanie qu’un « ex-membre de IRA avait établi et publié au mois de Mai 2016 en connivence avec les Renseignements Généraux. »

Kissima