Dans les arsenaux du colonel Kadhafi étaient entreposés 20.000 missiles sol-air portables SA7. Une arme redoutable, d’abord fabriquée par les Soviétiques puis dans les pays de l’Est, qui, grâce à un système de détection de source de chaleur, peut atteindre un avion volant à 4.500 mètres d’altitude.
Aux mains de terroristes, un de ces SA7 risque de transformer en cercueil n’importe quel avion de ligne en phase de décollage ou d’atterrissage. Or journalistes et experts occidentaux ont découvert des caisses vides sur les sites conquis par les rebelles du Conseil national de transition (CNT). Leur contenu serait déjà passé sous le contrôle des djihadistes d’al-Qaida au Magheb islamique (Aqmi) qui opèrent au Sahel.
Un de leurs groupes retient toujours en otages quatre Français enlevés le 16 septembre 2010 sur le site Areva d’Arlit, au nord du Niger.
Arsenal volatilisé
Vendredi dernier, le porte-parole du gouvernement nigérien, Marou Amadou, a lancé un véritable cri d’alarme : « Aqmi s’est approvisionnée de façon considérable en Libye et c’est un danger pour tous. Les dépôts d’armes qui ont échappé au contrôle de l’ex-régime de Kadhafi et des autorités du CNT sont dans la nature, le Sahel est en danger. »
Inquiétude également en Mauritanie, où le président Mohamed Ould Abdel Aziz affirme : « Il y a un flux massif d’armements qui ont quitté la Libye. Les terroristes qui sont dans la zone du Sahel en profitent. » Celle-ci s’étend sur 8 millions de kilomètres carrés, répartis entre le Niger, la Mauritanie, le Mali et l’Algérie, dont le ministre chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, est formel : les récents attentats qui ont ensanglanté son pays ont été perpétrés avec des armes provenant de Libye.
"Une véritable poudrière"
Au début du mois de septembre s’est tenue à Alger une conférence internationale sur la sécurité dans la région du Sahel. « Une véritable poudrière ! » s’est exclamé les ministre nigérien des Affaires étrangères, Mohamed Bazoum. Et de rappeler qu’en juin l’armée de son pays « avait saisi 500 kg de Semtex », un explosif très puissant. Le 21 décembre 1998, 312 grammes avaient suffi à faire exploser un Boeing 747 de la Pan American au-dessus de Lockerbie, en Ecosse.
Bilan : 270 morts. Participant à la réunion d’Alger, le général Carter Ham, qui commande les forces armées américaines en Afrique, l’Africom, s’est voulu rassurant : « Les Etats-Unis et la plupart des autres pays ont été très clairs sur le fait que le contrôle des armes (libyennes) est sous l’entière responsabilité du CNT. »
Néanmoins il reconnaissait : « Il y a une menace de prolifération des armes venues de Libye et nous sommes, toutes les nations sont très préoccupés par les armes légères et armes similaires, mais aussi par les explosifs et les systèmes de défense anti-aérienne portables à l’épaule. » Il faisait allusion aux missiles SA7.
Par Alain Vincenot
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