Tamisage pour la ‘mauritanité’, la carotte à Nouakchott, le bâton à Kaédi |
Le site essirage.net a rapporté dimanche que le hakem a autorisé les commerçants à défendre leurs biens quel qu’en soit le prix. Selon le même site (http://essirage.net/news-and-reports/4596-2011-09-25-14-01-22), des coups de feux ont été tirés l’air par un boutiquier pour disperser des manifestants négro-africains qui tentaient de saccager son commerce. A Nouakchott, le pouvoir n’a pas fait péter la moindre grenade lacrymogène face aux jeunes qui ont marché le même jour contre cette même opération dont ont eu à se plaindre plusieurs citoyens pour avoir été confrontés à des questions ressenties comme « humiliantes » et que leur ont posées des agents recenseurs qu’ils trouvent « zélés et chauvins »… Ce samedi donc, les forces de l’ordre se sont montrées calmes à Nouakchott. Pas le moindre acte nerveux face aux jeunes alors que les deux samedis précédents ont été particulièrement violents. Le Quotidien de Nouakchott rapporte dans son édition du dimanche 25 septembre ces propos tenus par un officier de police aux manifestants, réunis devant le centre d’accueil citoyen de Tevragh Zeina.: « Ce n’est pas la peine de vous échauffer, aujourd’hui, il n’y’aura pas de grenades, ni de gaz lacrymogènes. » Le pouvoir a-t-il choisi de négocier avec les manifestants de Nouakchott ? « Le préfet de Tevragh Zeina a été envoyé par le gouverneur pour chercher à négocier avec nous. On leur a fait savoir que nous tenons à marcher. Il nous a proposé de lui remettre la lettre de protestation et de disperser ensuite les manifestants. Ce que nous avons refusé. Comme seconde proposition, Il nous a demandé de marcher d’une manière pacifique sous escorte de la police, jusqu'à l’espace BMCI et ensuite de choisir des délégués pour rencontrer le ministre. » Rapporte encore le Quotidien de Nouakchott. Dans leur relation des faits liés à ces événements, certains média n’hésitent pas à aller vite en besogne pour remarquer : « … les Mauritaniens noirs font état de questions provocatrices quand ils s’enregistrent et craignent des motivations racistes. Pourtant, les mêmes motifs ont été évoqués, lors de l’enregistrement, par des Maures blancs et noirs, sans que cela ne conduise à une contestation populaire. » Pourquoi, les jeunes négro-africains contestent-ils en particulier cette opération ? Le souvenir des exactions des années 80-90 est encore vivace dans les esprits : Des expulsions et même des exécutions massives de citoyens mauritaniens pour « délit » de faciès ou de naissance à l’étranger. Des contrôles d’identités aux frontières et le long de la route de l’espoir ciblant spécifiquement une communauté. Un état de siège dans la vallée faisant des habitants des localités du sud des espèces de colonisés toujours obligés de considérer le wali, le hakem, le directeur régional de la sûreté, le commissaire de police, le commandant de brigade et tous les représentants locaux de l’administration comme des espèces de demi-dieux ayant droit de vie ou de mort sur eux. Sans compter les viols et violations rendues possibles par cette situation et une corruption systématique qui a rendu possible, entre autres, la ‘vente’ de pièces d’état-civil à des étrangers…Tout à été accumulé en au moins vingt ans de relations entre ces citoyens et leurs dirigeants. C’est donc l’histoire d’une frustration doublée d’humiliation qui explique cette rébellion des jeunes contre une opération d’enrôlement que le ministre de l’intérieur avait défendu devant les parlementaire en soutenant qu’elle nous permettra de distinguer qui fait partie de nous de qui n’en fait pas partie. Suffisant pour que des agents récenseurs se croient obligés de jouer aux poseurs de questions attrape-nigauds aux candidats à un enrôlement qui se déroule sous forme d’un tamisage à dessein. Kissima La Tribune N°566 du dimanche 26 septembre 2011 |
Dimanche, 25 Septembre 2011 20:40 |