Les Egyptiens poursuivent les manifestations pour la onzième journée consécutive |
"Je pense que le président Moubarak se soucie de son pays. Il est fier, mais c'est aussi un patriote", a-t-il ajouté, suggérant, mais ne demandant pas clairement son départ. La Maison Blanche a par ailleurs affirmé que la révolte populaire, lancée le 25 janvier, ne s'arrêterait pas sans réformes "concrètes". Peu avant, le Premier ministre égyptien Ahmad Chafic avait exclu que la proposition de transfert de pouvoir entre le raïs égyptien et son vice-président, Omar Souleimane, soit "acceptée", comme le souhaiteraient les Etats-Unis selon le New York Times. Alors que des centaines de milliers d'Egyptiens étaient descendus dans les rues pour ce "vendredi du départ", les dirigeants des 27 pays de l'Union européenne ont demandé de leur côté que la transition démocratique commence "maintenant". Ils ont menacé à demi-mot de revoir leur aide économique à l'Egypte si les violations des libertés publiques se poursuivaient. "Nous voulons un processus démocratique sans délai, mais nous laissons aux Egyptiens le soin de déterminer qui doit le conduire et comment", a plaidé quant à lui le chef de l'Etat français Nicolas Sarkozy. L'opposant égyptien Mohamed ElBaradei a indiqué à Al-Jazira qu'il n'avait "pas d'objection" à se porter candidat si le peuple lui demandait, mais sa "première priorité" est "une transition vers un régime démocratique". Alors que les appels au respect de la liberté de presse se multipliaient, un journal gouvernemental a annoncé le décès vendredi d'un journaliste égyptien de 36 ans, Ahmed Mohammed Mahmoud, touché la semaine dernière par un tir de "sniper". Selon le Comité de protection des journalistes (CPJ) basé à New York, il s'agit du premier journaliste à perdre la vie en Egypte depuis le 25 janvier. Alors que la Société interaméricaine de Presse (SIP) a demandé aux autorités égyptiennes de respecter les traités internationaux sur la protection du travail de presse, le ministre égyptien des Finances Samir Radwan a présenté ses excuses pour les cas de "mauvais traitements" infligés aux journalistes et manifestants par les forces de l'ordre, dans une interview à CNN. Les manifestants anti-Moubarak de la place Tahrir au Caire veulent empêcher les chars de l'armée de partir, redoutant de nouvelles attaques meurtrières des partisans du président Hosni Moubarak. Au petit matin, samedi, quand ils ont entendu rugir les moteurs des chars et des blindés, des dizaines de manifestants se sont précipités pour s'asseoir autour des engins en suppliant les militaires de rester sur place. Pour eux, la présence de l'armée est une protection contre les partisans du raïs égyptien qui ont à plusieurs reprises tenté de submerger leurs barricades, jetant des pierres et parfois tirant des coups de feu. Ils craignent surtout le démantèlement par les militaires des voitures de police et des camions calcinés qui bloquent le boulevard. L'opposant égyptien et Prix Nobel de la Paix, Mohamed ElBaradei a annoncé qu'il souhaitait discuter "de préférence bientôt" avec l'état-major de l'armée égyptienne, afin d'organiser "une transition sans effusion de sang", dans un entretien au Spiegel de lundi. "J'aimerais discuter avec les chefs de l'armée, de préférence bientôt afin d'étudier comment nous pourrions arriver à une transition sans effusion de sang", a expliqué M. ElBaradei. L'ex-chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) est rentré récemment en Egypte pour participer aux manifestations demandant la chute du régime d'Hosni Moubarak, devenant rapidement le chef de file de la contestation. Il a de nouveau appelé le président égyptien, en poste depuis 29 ans, à se retirer dès que possible. "Il y aura sans doute bien un pays arabe pour l'accueillir. J'ai entendu parler du Bahreïn", a ajouté M. ElBaradei. Ce dernier a également fait savoir vendredi à la chaîne Al-Jazira qu'il envisageait de se porter candidat à la présidence, si des élections libres et démocratiques étaient organisées. Pendant ce temps, le président Moubarak s'est réuni samedi avec des ministres du nouveau gouvernement, a rapporté l'agence officielle Mena, alors que la révolte populaire qui réclame son départ entrait dans sa douzième journée. Il s'agit de la première réunion du président avec les ministres depuis le limogeage de l'ancien gouvernement la semaine dernière, une mesure destinée à apaiser le mouvement de contestation. M. Moubarak s'est réuni avec le Premier ministre Ahmad Chafic ainsi que les ministres du Pétrole, du Commerce, des Finances, de la Solidarité sociale et le gouverneur de la Banque centrale, a précisé Mena. Aucune indication n'a été donnée sur les sujets discutés. Par ailleurs, un terminal gazier approvisionnant Israël à partir de l'Egypte a été attaqué samedi par des inconnus, provoquant la rupture des approvisionnements.
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Samedi, 05 Février 2011 12:13 |