La communauté Mauritanienne de Paris a battu le pavée ce dimanche 2
octobre 2011. Ce qui différencie cette manifestation des précédentes
c’est qu’elle a lieu quelques jours après les fusillades de Maghama et
les incidents de Kaédi.
C’est d’ailleurs à la victime Lamine Mangane que la manifestation a
été dédiée comme pour rendre hommage à ce jeune de 19 ans tombé sous
les balles de la gendarmerie nationale lors d’une manifestation contre
l’opération de recensement en Mauritanie.
Près de 1500 manifestants se sont retrouvés sur le Parvis des droits
de l’homme, « une première en France », confie Abou Sy, un manifestant.
Arrivés à l’ambassade les orateurs du jour ont demandé justice pour
Lamine Mangane tout en renouvelant leur demande d’arrêt immédiat de
l’enrôlement. « La mort de Lamine Mangane fait qu’on a enregistré
beaucoup plus de monde aujourd’hui. Etant mauritanien à l’étranger
nous sommes extrêmement sensibles et solidaires de nos compatriotes
mauritaniens qui n’arrivent pas à se faire recenser dans les centres
d’accueil citoyens en Mauritanie ».
Il a en outre rappelé que le mouvement « touche pas à ma nationalité »
englobe beaucoup de problématiques dont souffre la Mauritanie. « Je
pense que la question de la nationalité est liée naturellement à la
question nationale Mauritanienne, la cohabitation, savoir qui est
Mauritanien et qui ne l’est pas, la Mauritanie est-elle un pays arabe
ou africain, ou les deux ? Cette dynamique de manifestation des
Mauritaniens va poser un autre problème qui va réclamer un Etat de
droit en Mauritanie où tout les Mauritaniens seront égaux devant la
loi, auront les mêmes devoirs et que les tortionnaires et sanguinaires
qui ont tué Lamine Mangane répondront de leur responsabilité et ce au
delà des questions de recensement la question de la nationalité est
liée aux droits politiques, et civiques », conclue M. Sow.
Mamoudou Touré membre de la coordination a quant à lui rappelé que «
l’objectif était de mobiliser davantage de monde, car le pouvoir a
franchi un pas déjà en tirant sur la foule à balle réelle. Et nous
rendons hommage à travers cette marche à Lamine Mangane ». Il accuse
le pouvoir « de faire passer les manifestants pour des gens violents
alors qu’il n’en est rien. Le mouvement, ajoute-til, n’a jamais appelé
à la violence, je tiens encore à le rappeler une fois, car c’est très
important. Et il n’ya aucun appel à la violence ni un sentiment anti
maures, il ne s’agit pas de cela, c’est une injustice qu’il faut
combattre et il n’est question que de cela ».
Quant à l’évolution du mouvement, M. Touré affirme que « le mouvement
est né de ce recensement mais il voit beaucoup plus large ».
Diabira Hamadi, un autre membre du mouvement, renchérit : « on est
venu dénoncer l’assassinat de sans froid d’un de nos manifestants à
Maghama. Nous sommes là pour dénoncer pas une communauté, nous sommes
là pour dénoncer un régime, un système en place. Ce n’est pas une
lutte communautaire, on tient vraiment à préciser cela ».
Quant au risque d’essoufflement du mouvement, M. Diabira ne se fait
pas d’inquiétudes : « il ne faiblira pas et la revendication première
qui est l’arrêt du recensement reste intacte ».
Mohamed El Moktar Neine, dit, pour sa part, être venu manifester
contre les violences et l’injustice de l’Etat mauritanien contre les
manifestants du mouvement ne touche pas à ma nationalité.
Le mouvement touche pas à ma nationalité a commencé des sit-in et des
manifestations contre le recensement depuis la fin juin à en
Mauritanie. Ce dimanche, leurs camarades de Paris qui les ont rejoint
ont brandi des photos du défunt Lamine Mangane ainsi qu’un cercueil
symbolisant l’issue tragique de cette mobilisation.
Thierno Diallo pour Kassataya
Source :www.kassataya.com |