STRASBOURG (Parlement européen) - Le président tunisien Moncef Marzouki a dénoncé mercredi devant le Parlement européen l'odieux assassinat d'une figure d'opposition de gauche, Chokri Belaïd, survenu quelques heures plus tôt.
Cet odieux assassinat d'un leader politique que je connais bien (...) est une menace, c'est une lettre envoyée mais qui ne sera pas reçue, a déclaré le président tunisien, qui doit rentrer d'urgence en Tunisie après son intervention au Parlement européen.
Nous refusons ce message et nous continuons à démasquer les ennemis de la révolution, a-t-il déclaré, affirmant que le chemin est pavé d'embuches pour la Tunisie avec une violence verbale orchestrée, des marabouts (lieux de recueillement, ndlr) brûlés et le drame survenu ce mercredi.
Le chef de l'Etat a par ailleurs jugé exagérées les accusations portées par le frère de la victime, Abdelmajid Belaïd, contre le parti islamiste Ennahda, une formation membre de la coalition gouvernementale.
C'est exagéré de lancer des accusations de ce type, c'est absurde, s'est exclamé le président lors d'une conférence de presse à Strasbourg, en réponse à une question sur ces affirmations de la famille du défunt.
Je ne peux pas accepter qu'on commence à lancer des accusations de ce type. C'est une affaire qui sera probablement difficile à diligenter, a-t-il ajouté.
L'objectif de ceux qui ont commis ce crime odieux c'est que les Tunisiens s'accusent les uns les autres, a encore observé M. Marzouki.
Le discours solennel du président tunisien a suscité une grande vague d'émotion au Parlement européen, où plusieurs députés ont fini les larmes aux yeux, voire en larmes.
M. Marzouki a annulé sa participation au sommet de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) au Caire pour rentrer d'urgence à Tunis dans l'après-midi, où ont lieu des manifestations.
Chokri Belaïd, qui dirigeait le parti des Patriotes démocrates et était une des figures de l'alliance de mouvements de gauche appelée le Front populaire, a été tué de plusieurs balles en sortant de chez lui mercredi matin.
Ses proches ont accusé les islamistes au pouvoir du parti Ennahda d'être responsables de ce meurtre, alors que les violences politiques et sociales se multiplient en Tunisie depuis la révolution il y a deux ans.
Quelque 200 personnes manifestaient pour dénoncer le meurtre devant le ministère de l'Intérieur sur l'avenue Habib Bourguiba, l'axe central de Tunis et haut lieu de la révolution de janvier 2011 qui a renversé le régime de Zine El Abidine Ben Ali.
AFP |