L’éminent érudit Baba Ould Maata lutte depuis plus d’un an contre la maladie sans que cela n’émeuve personne.
Aucune visite, ni d’un ami ou d’un collègue d’érudition ni de quelqu’un du ministère des affaires islamiques ou de la commission nationale des droits de l’homme où il travaille et moins encore de Radio Mauritanie où il a animé durant plusieurs décennies des rencontres ramadanesques très riches sur plusieurs sujets notamment l’héritage, la toilette mortuaire, les règles de l’inhumation ou la traduction du Coran en Français. En plus de tout ça, l’érudit est un ancien député, activiste et membre de plusieurs organisations des droits de l’homme.
Et, paradoxalement, le voilà seul, luttant contre une impitoyable maladie et incapable de défendre ses droits face à une société dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle a été ingrate dans toutes ses composantes à son égard.
Loin de se résigner, le savant Ould Maata a demandé de l’aide à son institution, la commission nationale des droits de l’homme. Sans que ni son Président qui lui a envoyé quand même la modique somme de 60.000 UM, ni aucun de ses membres ne daigne lui rendre visite.
Le Faqih a vendu le sel terrain qu’il possède pour aller se soigner à Dakar. Mais le petit montant n’a pas pu couvrir les frais de son traitement. De retour à Nouakchott, il a été accueilli par ses trois fils qu’il a volontairement nommés : Doureidi, Dessoughi et Cheikh Khalil. Toute une symbolique. Tous les trois diplômés chômeurs.
Baba Ould Maata souffre seul dans une maison louée à Toujounine, handicapé et partiellement amnésique. Un véritable gâchis. Une personne aussi valeureuse qui a tant donné à sa patrie qui livre un combat inégal contre une tenace maladie. Pourtant que de personnes de moindre importance (tous les hommes se valent) a eu droit à plus d’égards. Pourquoi pas un si éminent savant ? Cela suscite beaucoup d’interrogations et peut donner libre cours à toutes sortes d’interprétations.
L’Etat et les Oulémas et autres attendront comme toujours que l’illustre érudit disparaisse pour que des hommages posthumes qui ne servent plus à rien remplissent les airs. Merci quand même à Ahmed Ould Khattry, Mohamed Salem Ould Merzoug et Sidi Ould Youma qui ont aidé le professeur Baba Ould Maata durant son séjour au Sénégal.
Source le calame |
Vendredi, 15 Février 2013 22:08 |