Des manifestations ont eu lieu en Lybie et plus particulièrement dans la ville de Benghazi qui regroupe de nombreux opposants au colonel Kadhafi. Les manifestants risquent leur vie car le régime n'hésite pas à tirer dans la foule, à emprisonner ou à torturer...

Lybie : Benghazi, la ville frondeuse

Les opposants au régime du colonel Kadhafi se trouvent essentiellement dans la ville de Benghazi qui n'a pas de réelle puissance économique par rapport à d'autres villes du pays mais qui est tout de même considérée comme la seconde ville du pays. Benghazi se situe à un millier de kilomètres à l’est de la capitale, Tripoli. C’est un bastion anti-Kadhafi où la contestation est plus marquée qu’ailleurs dans le pays. Des affrontements ont visiblement eu lieu dans cette ville hier, "la journée de la colère", la journée de manifestation contre la corruption et le népotisme. La ville a eu de fréquents heurts avec le pouvoir en place, déjà il y a un an et demi, en 2006 également ainsi qu'en 2007. Benghazi est marquée par l’arrestation des opposants voire leur torture. Les traces et les séquelles sur les habitants sont encore très vives. Il y a eu des heurts dans la nuit de mardi à mercredi : plusieurs centaines de personnes ont combattu les forces de l’ordre. On dénombre des morts, plus de 24 selon certaines sources ; d’autres disent qu’il y en a eu environ 50 dans le pays depuis le début des manifestations. Ce vendredi, les manifestations continuent à Benghazi et M. Kadhafi a fait appel à l'armée pour s'opposer aux manifestants. Comment s'est passé "la journée de la colère" hier ?

Lybie : le jeudi 17 février : "la journée de la colère"

Mercredi 16 février, les manifestants n’étaient que quelques centaines. Par l’intermédiaire de Facebook, on a compté sur environ 15 000 membres contre le régime du colonel Kadhafi. Les appels à la manifestation étaient adressés à la jeunesse libyenne par l’intermédiaire de ce réseau social. La mobilisation virtuelle était importante. La date du 17 février a été choisie en raison du 17 février 2006 où des manifestants sont tombés sous les balles de la police libyenne. 27 personnes ont été tuées ce jour-là alors que la manifestation n’était pas interdite. Elles manifestaient devant le consulat italien suite à des caricatures de Mahomet. Au début de la semaine, c’était 200 personnalités qui demandaient au colonel Kadhafi de quitter le pouvoir. Celui-ci malgré les manifestations, a pris un bain de foule à Tripoli récemment, acclamé par ses partisans. Les appels à la chute du régime se multiplient cependant. Lors des nombreuses manifestations du "jeudi de la colère", des affrontements meurtriers ont eu lieu contre la police et dans la nuit de jeudi à vendredi, des milliers de manifestants sont descendus dans les rues de Benghazi. L’armée a été déployée pour calmer les manifestants. Le reste de la nuit s'est passé sans conflits importants. Interrogeons-nous à présent, pourquoi ces manifestations ?

Petite analyse sur les manifestations en Lybie

Le colonel Kadhafi est depuis 42 ans au pouvoir, depuis son coup d’état en 1969. C’est une dictature dirigée par une main de fer. Il revendique son système c’est-à-dire qu’au lieu de représentants du peuple comme dans une démocratie, des comités populaires sont directement liés au pouvoir. Ce système se veut fondé sur "la troisième théorie universelle". M. Kadhafi a la chance d'avoir des réserves de pétrole qui font que certains pays traitent avec lui et dernièrement, on disait que le pays devenait une dictature moins dure quand les infirmières bulgares ont été libérées grâce à l’intervention de l’ex-femme du Président Sarkozy, Cécilia. Cependant, on peut voir que contrairement à l’Égypte par exemple, les forces de l’ordre de M. Kadhafi n’hésitent pas à tirer sur les manifestants, ce qui ne se faisait pas chez son pays voisin. Il est clair que le régime au pouvoir en Lybie est dur, l’opposition risque encore une répression sanglante avec de nombreux morts. Les dirigeants de la Tunisie et de l'Égypte étaient moins fermes. D’autres pays situés dans cette région font des manifestations, des protestations pour en venir à être des pays libres, à devenir des démocraties. Faut-il une aide internationale pour faire tomber ces dictatures ? Les peuples de ces pays seront-ils assez forts pour détruire à eux seuls ces régimes qui les ont soumis durant des années ?

source : Euromag