Le Nobel 2013 de la paix récompense l'OIAC |
dans la discrétion depuis quinze ans, est sous les feux de l'actualité depuis qu'elle a été chargée par la résolution 2118 du Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies, le 28 septembre, de superviser le démantèlement d'ici au 30 juin 2014 de l'imposant arsenal chimique du régime syrien."Je sais que le prix Nobel de la paix nous aidera dans les mois qui viennent àpromouvoir l'universalité de la convention", a réagi son directeur général, Ahmet Uzumcu, qui a au passage égratigné les Etats parties qui, comme les Etats-Unis et la Russie, n'ont pas totalement détruit leurs stocks avant la date limite d'avril 2012. "Quand des pays braquent les projecteurs sur les armes chimiques d'un autre pays, ils ont évidemment la responsabilité d'accélérer la mise en œuvre de leurs propres engagements", a-t-il dit. "Les Etats-Unis ont fait de gros progrès, mais ils sont en retard", a-t-il ajouté. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a salué une récompense qui "arrive presque cent ans après la première attaque à l'arme chimique – et cinquante jours après une révoltante utilisation de ces armes en Syrie". "Loin d'être des vestiges du passé, les armes chimiques restent un danger évident et toujours présent", a-t-il ajouté. "PAS À CAUSE DE LA SYRIE MAIS POUR SON TRAVAIL DE LONGUE DATE" Anticipant d'éventuelles controverses, l'organisation du prix Nobel a tenu lors de l'annonce du nom du lauréat à préciser que cette distinction n'a "pas été accordée à cause de la Syrie mais pour son travail de longue date".
"Il y a différentes manières d'œuvrer pour la paix", a rappelé le président du comité, Thorbjørn Jagland, soulignant que que cette distinction n'était pas"eurocentrique" mais "mondiale". "Les événements en Syrie, où des armes chimiques ont été utilisées, soulignent le besoin d'accroître les efforts pour sedébarrasser de telles armes", a-t-il déclaré. "UNE ORGANISATION DÉDIÉE À LA PAIX" Méconnue du grand public, l'OIAC, dont le siège est à La Haye, a été fondée en 1997 pour mettre en œuvre et veiller à l'application de la convention internationale sur l'interdiction des armes chimiques signée le 13 janvier 1993. L'OIAC s'assure de son application auprès des cent quatre-vingt-neuf Etats signataires. Elle est chargée de superviser à la fois la destruction irréversible des armes chimiques déclarées et l'arrêt des installations de production. "C'est une organisation profondément politique, dans laquelle on ne demande rien de moins aux Etats que de démilitariser. C'est, finalement, une organisation dédiée à la paix", affirme au Monde l'une des employés de l'organisation à La Haye. Dans des conditions périlleuses, les inspecteurs de l'OIAC sont à pied d'œuvre en Syrie depuis le 1er octobre. En combinaison spéciale, avec casque et gilet pare-balles, ils vont devoir s'assurer du démantèlement d'un arsenal qui serait composé de plus de 1 000 tonnes d'armes chimiques, dont 300 tonnes de sarin. Les inspecteurs de l'organisation expliquent qu'une gouttelette d'agent neurotoxique pas plus grosse qu'une tête d'épingle suffit à tuer un adulte en quelques minutes après exposition.
lemonde |
Samedi, 12 Octobre 2013 12:39 |