Education nationale: La mascarade continue |
Il s’agirait, semble-t-il, de redéploiements afin de mettre en œuvre le nouvel organigramme dont le ministère vient de se doter, après que les pouvoirs publics aient décidé de rassembler, à nouveau, les ordres de l’enseignement fondamental et secondaire dans une même structure, confiée, en vertu de la nouvelle composition gouvernementale d’après les élections de novembre 2013, à Bâ Ousmane, l’ancien secrétaire général du Gouvernement. Ce spécialiste, dit-on, de l’éducation aura à gérer le destin, en termes de gestion de carrière (promotion, formation initiale et continue, avancements et autres), d’une vingtaine de mille d’instituteurs, augmentée de douze à quinze mille professeurs et d’un peu plus de trois cents inspecteurs de l’enseignement fondamental. Au dernier Conseil, dix conseillers du ministre ont été nommés : sept professeurs de l’enseignement secondaire et trois instituteurs. Aucun inspecteur de l’enseignement fondamental n’aura l’opportunité de conseiller son Excellence Monsieur le Ministre (EMM). C’est un professeur qui a été chargé de cet ordre de l’enseignement pour lequel l’Ecole Normale Supérieure a pourtant formé plusieurs centaines de cadres en gestion, pédagogie, psychologie, administration, didactique et autres techniques d’inspection et d’évaluation. En ce qui concerne les inspections générales et les directions centrales, douze professeurs ont été nommés, contre seulement deux inspecteurs, l’un maintenu à la direction de l’enseignement fondamental et l’autre chargé de l’enseignement de base. Deux instituteurs deviennent, respectivement, directeur de l’informatique et des archives et directeur-adjoint à la même direction. Mais, au-delà de toutes ces incongruités purement d’ordre professionnel, les observateurs ont clairement perçu un clientélisme déconcertant, dans le choix de ceux à qui échoira, désormais, la gestion, le suivi et le pilotage de cet important secteur social qui poursuit, depuis plusieurs décennies, son inéluctable descente aux enfers, à l’origine de tous les problèmes de l’administration nationale, en ses innombrables subdivisions. Au dernier Conseil, certains cadres du ministère, aux compétences pourtant avérées, ont été, tout simplement, sommés d’aller « casser leurs doigts » chez eux. D’autres, recasés dans des postes quasiment sans importance, menacent de démissionner. Certaines promotions sentent, clairement, les coups de piston de puissants généraux. En tout cas, c’est le frère de l’un d’eux qui a été embarqué, à la tête de la très enviée direction des examens et de l’évaluation où il n’était qu’un simple chef de service. C’est, certes, un professeur mauritanien. Mais c’est, aussi, le frère d’un puissant homme du système, en plus d’avoir été mandataire, aux dernières élections, de la liste UPR de la commune de Cheggar. Le désormais ancien directeur régional de l’éducation du Gorgol devient inspecteur général de l’enseignement secondaire. C’est un homme du Charg, un professeur de Bassiknou, dont le cousin est le chef d’état-major adjoint des forces armées nationales. Ce qui n’est pas, non plus, un moindre argument. La nomination du conseiller juridique du ministre suscite encore plus de commentaires. Encore une affaire de clientélisme. Certes encore, c’est bien un fonctionnaire du ministère, instituteur titulaire d’un DEUG en droit. Mais pas seulement, puisque le jeune promu est ressortissant du petit village de Bengou dont est originaire le Premier ministre, Moulaye Ould Mohamed Lagdaf, loin d’être à son coup d’essai, lui, en termes de promotions imméritées.
C’est sur son intervention qu’un autre jeune instituteur d’à peine quatre échelons (moins de huit ans de service) a été propulsé directeur de la très convoitée école de Bamako et qu’un lointain cousin aux origines nationales douteuses a été imposé comme directeur de comptabilité, dans une importante société publique de la place. Le nouveau conseiller juridique, prétendument journaliste, a, comme autre fait de guerre, de s’être distingué en défenseur du pouvoir, contre les articles inquisiteurs de l’ancien ministre Cheikh Ould Horma. Ainsi, sur les vingt-deux nominations du conseil des ministres du jeudi 27 mars 2014, quasiment aucune ne se justifie par des critères objectifs. Toutes émanent de cet esprit de clientélisme, tribalisme, régionalisme, népotisme et autres trafics d’influence qui continuent à prévaloir dans les promotions, au sein de toutes les administrations nationales. C’est un des problèmes, structurels, du secteur névralgique de l’éducation nationale. Comment espérer, alors, son efficace refonte, quand les mêmes pratiques prévalent, sans que cela n’interpelle personne ? La mise en œuvre des stratégies et des politiques sectorielles visant à sortir l’éducation de sa torpeur nécessite des cadres consciencieux et compétents. Or, la grande majorité d’entre eux est mise à l’écart, par la fumisterie et les magouilles de quelques lobbies profondément incrustés dans le système, qui prennent en otage tout nouveau ministre ayant en charge le secteur, afin de lui imposer leur volonté malsaine. « La changité dans le continuement », disait Mahfoud. « L’acharniture dans le pourrement », pourrait aujourd’hui renchérir…
Ben Abdallah source: lecalame |
Jeudi, 03 Avril 2014 10:51 |