| ''Espagne'', une enclave conquise par le cajou à Boutoupa-Camaracounda |
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La sous-rÃÃégion se donne en miniature en ''Espagne", appellation d'une enclave de la communautÃÃé rurale de Boutoupa-camaracounda, dans la rÃÃégion de Ziguinchor, oÃÃù les besoins de la campagne de la noix de cajou incitent les autochtones ÃÃàune intelligente cohabitation avec des ressortissants de pays voisins, dont l'afflux a favorisÃÃé le dÃÃéveloppement d'activitÃÃés annexes telles que le commerce et la restauration. Dans ce quartier mixte dit ''Espagne", les langues locales (diola, mandingue, peul, mancagne) cÃÃôtoient aisÃÃément le crÃÃéole, l'anglais, le franÃÃçais et le hassanya, langue majoritairement parlÃÃée en Mauritanie. Les saisonniers qui affluent ÃÃàBoutoupa, en cette pÃÃériode de commercialisation de la noix d'anacarde, viennent en effet de la Mauritanie, mais ÃÃégalement de la GuinÃÃée, de la GuinÃÃée-Bissau, de la Gambie et des autres rÃÃégions du SÃÃénÃÃégal. Des huttes en paille ont ÃÃétÃÃé ÃÃérigÃÃées le long de l'axe routier latÃÃéritique qui mÃÃène vers la route nationale 6, en construction dans le cadre du MillÃÃénium Challenge Account (MCA). Leur nombre important et surtout les camions gros porteurs stationnÃÃés sur la principale voie en disent long sur l'importance de la noix de cajou ÃÃàBoutoupa, une localitÃÃé situÃÃée ÃÃà5 km de la frontiÃÃère avec la GuinÃÃée-Bissau, grand producteur de ce produit. "Ici, c'est une zone intense de commercialisation du cajou. La zone est appelÃÃée Espagne, en rÃÃéfÃÃérence aux jeunes qui prenaient des pirogues pour ÃÃémigrer dans ce pays. La communautÃÃé rurale de Boutoupa-Camaracounda a jugÃÃé sage de crÃÃéer un point de collecte des noix de cajou oÃÃù les jeunes pourront vraiment trouver leur compte", a expliquÃÃé le deuxiÃÃème vice-prÃÃésident du Conseil rural Famara Diandy. "Au lieu de prendre des pirogues pour une aventure suicidaire, mieux vaut venir ÃÃàBoutoupa pour gagner sa vie honnÃÃêtement", d'autant que, selon lui, tout le monde y trouve son compte, en rÃÃéfÃÃérence ÃÃàla floraison de restaurants et de petits commerces dans ce quartier. Des retombÃÃées pour la communautÃÃé rurale de Boutoupa-Camaracounda, ÃÃàtravers les taxes collectÃÃées, si l'on sait que chaque gros porteur chargÃÃé, par exemple, doit s'acquitter de droits de taxe de 2.500 francs CFA, contre 100 ÃÃà200 francs suivant le poids de chaque vÃÃélo. Le visiteur est justement frappÃÃé par la multitude de vÃÃélos en dÃÃébarquant en ''Espagne''. Il se trouve que ce moyen de locomotion est le plus utilisÃÃé par les collecteurs de noix de cajou qui se rendent dans les diffÃÃérents vergers de la communautÃÃé rurale, mais aussi en GuinÃÃée-Bissau pour s'approvisionner. "La majeure partie des noix de cajou qui transitent par Boutoupa nous vient de la GuinÃÃée-Bissau. C'est un grand pays producteur de la noix de cajou", a prÃÃécisÃÃé le deuxiÃÃème vice-PCR de Boutoupa-Camaracounda. A en croire Famara Diandy, les prix (350 francs/kg) sont naturellement plus ÃÃélevÃÃés ÃÃàBoutoupa qu'en GuinÃÃée-Bissau. "Il y a un contrÃÃôle strict en GuinÃÃée-Bissau pour interdire la vente de la noix de cajou ÃÃàl'ÃÃétranger. Mais parfois, ce sont les populations frontaliÃÃères qui nÃÃégocient avec les autoritÃÃés bissau-guinÃÃéennes pour leur faire comprendre qu'elles ne vivent que de cette activitÃÃé", a dit l'ÃÃélu local. Assane Fall, venu de la Mauritanie, dit nÃÃégocier avec les militaires bissau-guinÃÃéens pour collecter des noix de cajou. De cette maniÃÃère, il se rend dans plusieurs localitÃÃés de la GuinÃÃée-Bissau dont Noguere et Toubos. Son compatriote Abbas Babou, originaire de Rosso Mauritanie, trouvÃÃé dans son magasin en train de boire du thÃÃé, sÃÃéjourne ÃÃàBoutoupa depuis le 5 mars dernier pour prÃÃéparer la campagne de commercialisation de l'anacarde.ÃÃàAyant flairÃÃé le bon filon depuis 2010 et sa premiÃÃère campagne dans la zone, le Mauritanien dit financer des individus qui se rendent dans diffÃÃérentes zones de la communautÃÃé rurale et en GuinÃÃée-Bissau pour collecter la noix de cajou. A son tour, il les revend ÃÃàdes Indiens basÃÃés ÃÃàZiguinchor. Abbas Babou prÃÃécise qu'il peut stocker jusqu'ÃÃà70 tonnes de noix de cajou dans son magasin rÃÃécemment construit ÃÃàla pÃÃériphÃÃérie du quartier "Espagne'', pour, dit-il, capter le maximum de noix. Il lui arrive ainsi de collecter jusqu'ÃÃà800 tonnes de noix de cajou pendant chaque campagne de commercialisation, fait savoir le commerÃÃçant dont le magasin compte ÃÃégalement des stocks de riz et d'autres denrÃÃées alimentaires. C'est que le troc est aussi un moyen trÃÃès utilisÃÃé par les collecteurs, les nÃÃégociants et autres acteurs de la filiÃÃère anacarde. A la question de savoir si l'afflux de ressortissants de la sous-rÃÃégion n'est pas pour inquiÃÃéter en raison des risques liÃÃés ÃÃàl'insÃÃécuritÃÃé dans une rÃÃégion marquÃÃée depuis plus de 30 ans par l'irrÃÃédentisme casamanÃÃçais, le deuxiÃÃème vice-prÃÃésident de la communautÃÃé rurale de Boutoupa-Camaracounda rÃÃépond : "Nous touchons du bois".ÃÃà"Il n'y a aucun problÃÃème de sÃÃécuritÃÃé d'autant plus que l'armÃÃée veille au grain, en faisant des opÃÃérations de sÃÃécurisation dans la zone. Les populations sont aussi vigilantes pour dÃÃétecter les malfaiteurs, le commerce illicite", ajoute Famara Diandy. source:ÃÃàPar Amadou Sarra BÃÃâ (APS)ÃÃà|
| Jeudi, 22 Mai 2014 13:09 |