| Mise en hors-jeu de l’Union Africaine |
|
Cette réunion du comité de haut niveau désigné par l’Union africaine (UA) pour traiter la crise libyenne. Ils devaient être quatre chefs d’Etats, seuls deux ont finalement fait le déplacement. Il y avait là Denis Sassou Nguesso du Congo Brazzaville et Amadou Toumani Touré du Mali. Musévéni et Zuma se sont fait représentés par leurs ministres des affaires étrangères. Comme d’habitude – au moins depuis les deux derniers sommets consacrés à la Côte d’Ivoire – la réunion a eu lieu au Palais des Congrès. Du point de vue de l’organisation et de la logistique, rien à dire. Avec en plus cette sensation de détente qui a caractérisé ces rencontres, pourtant pressantes. C’est dire que sur le plan de la sécurité et du protocole, la Mauritanie a gagné en maturité.Samedi, jour prévu pour la réunion, se tenait à Paris une autre rencontre qui portait sur le même sujet. Malgré l’insistance du Président Sarkozy, ni le Président Ould Abdel Aziz ni celui de la Commission de l’UA, Jean Ping, n’ont accepté de se rendre à Paris ou de remettre en cause le rendez-vous de Nouakchott. Les Européens se suffiront de la présence arabe à Paris pour légitimer les frappes qui ont commencé le même jour. Visiblement dépassée par les événements, la réunion de Nouakchott aura cependant permis de chercher un rôle pour l’Afrique. En effet le Comité ad-hoc – ou panel - a appelé à "la cessation immédiate de toutes les hostilités" après avoir été interdit de séjour à Tripoli où il devait se rendre le lendemain. A l'issue d'une rencontre de plus de quatre heures, les membres du comité ont publié un communiqué dans lequel ils demandent également "la coopération des autorités libyennes concernées pour faciliter l'acheminement diligent de l'assistance humanitaire aux populations dans le besoin". Ils ont en outre demandé "la protection des ressortissants étrangers y compris les travailleurs migrants africains vivant en Libye", ainsi que "l'adoption et la mise en œuvre des réformes politique nécessaires pour l'élimination des causes de la crise actuelle". Le comité a regretté "de ne pouvoir se rendre" dimanche sur place comme il l'avait souhaité et annoncé que l'autorisation demandée à la communauté internationale lui a été "refusée". Appelant la communauté internationale "à la retenue" pour éviter "de graves conséquences humanitaires", il lui a demandé d'apporter "un appui sans réserve à ses efforts" et souligné "la nécessité d'une action africaine urgente" pour résoudre la crise. Il a "réaffirmé la légitimité des aspirations du peuple libyen à la démocratie et la réforme politique, à la justice, à la paix et à la sécurité". Il a appelé a une réunion le 25 mars à Addis Abeba avec le haut représentant de la Ligue des Etats arabes, l'Organisation de la conférence islamique (OCI), l'Union européenne (UE) et les Nations unies. L'objectif de cette réunion sera de "mettre en œuvre un mécanisme de consultation continue et d'action concertée" pour résoudre la crise libyenne. A l'ouverture de la rencontre, le Président Mohamed Ould Abdel Aziz avait déclaré que la situation en Libye "exige une action urgente pour une solution africaine à la crise gravissime que traverse ce pays frère". "Cette solution doit être conforme à notre attachement au respect de l'unité et de l'intégrité territoriale de la Libye, ainsi qu'au rejet de toute intervention militaire étrangère qu'elle qu'en soit la forme", avait-il ajouté. Il avait cependant reconnu qu'à la suite du vote jeudi, au Conseil de sécurité de l'ONU, d’une résolution autorisant l'usage de la force en Libye et du sommet international de Paris où a été annoncé samedi le début de l'opération militaire, le comité devait, "de manière responsable et efficace, tenir compte dans (sa) démarche de cette évolution nouvelle". Une manière de recadrer avec la situation créée par l’engagement militaire dans la région. «Les voies diplomatiques ne sont jamais fermées», a dit en substance le Président Mohamed Ould Abdel Aziz à sa sortie de la réunion. Espérons-le.
La Tribune N° 542 (avec Agences)
|
| Lundi, 21 Mars 2011 09:40 |