Des rapports confidentiels de la Banque africaine de développement, de la Banque mondiale et du Front monétaire international s’inquiètent de l’avenir économique de la Mauritanie. Une crise sans précédent pourrait frapper le pays à court terme.
Au lendemain des élections présidentielles qui ont ramené à nouveau le président sortant, Mohamed Ould Abdel Aziz, au pouvoir, des rapports confidentiels établis par le Groupe de la BAD (Banque Africaine de Développement), la Banque mondiale ou encore le Fonds monétaire arabe, ne cachent pas leur scepticisme à l’égard des perspectives socio-économiques de ce pays.
En effet, la majorité des résultats obtenus, basés sur des analyses objectifs des données existantes, montrent que la structure du tissu économique de la Mauritanie impose une réalité que tous les citoyens de ce pays manquant de ressources importantes comme ses voisins de l’UMA (Union du Maghreb Arabe) doivent reconnaître.
Ce, afin d’éviter que le pays arrive à une situation catastrophique dans le prochain avenir. Cela, en raison de la persistance des effets de la crise financière internationale, d’une part ; et, de l’autre, de la récession qui frappe de plein fouet les économies des Etats de l’Union européenne, partenaire privilégié de ce pays pauvre.
Pays du Golfe pas intéressés
Les rapports émanant des experts de ces institutions internationales qui avaient visité Nouakchout à la veille des élections présidentielles, affirment que la Mauritanie est touchée par une dépendance totale des échanges commerciaux avec l’extérieur. Et que le pouvoir en place n’a pas réussi à réduire ce phénomène en dépit des conseils du FMI et des autres fonds de développement qui, à maintes reprises, avaient élaboré des plans de réformes pour atténuer l’ampleur de ce fardeau.
Dans ce contexte, force est de constater que la Mauritanie importe tous les besoins de première nécessité que consomme son peuple. En contre partie, elle exporte la majorité de sa production qui est certes limitée. Le pire, c’est ce ces échanges ne pourraient être effectués qu’à travers les devises étrangères, notamment le dollar.
Les responsables mauritaniens qui avaient visité les pays du Golfe ces trois derniers mois pour les inciter à aider la Mauritanie à appliquer les réformes «souhaitées» par le FMI ; et, d’éloigner les risques de la montée des extrémistes aussi bien islamistes que de gauche, n’ont pas donné de fruits.
A Riyad comme à Abou Dhabi, on a fait savoir aux émissaires de Mohamed Ould Abdel Aziz, que le régime «pourrait mieux faire» pour convaincre. Mis à part l’ouverture du pouvoir sur les composantes politiques et ethniques du pays, les interlocuteurs des pays du Golfe se sont focalisés sur la mauvaise gestion des organismes de l’Etat, plus particulièrement dans les domaines de la nourriture, du transport, de la santé et de l’éducation. Quant à la finance du pays, les rapports évoquent la gravité du manque permanent en devises. Celles-ci, qui proviennent uniquement de trois secteurs comme les produits miniers, à savoir le fer, le cuivre, l’or et le pétrole. A ceux-là, s’ajoute la pêche maritime.
Menance d'une crise sans précédent
Depuis 2005, la situation des réserves en devises s’améliorent progressivement, selon un rapport établi en 2014 par Bank Al-Maghrib (Banque centrale marocaine). Ce phénomène a créé une confiance limitée qui a induit à la stabilité de la monnaie nationale «Al-Ouquia» et a permis une présence de liquidités sur le marché financier. Pourtant les experts financiers estiment qu’on est loin de sortir du goulot d’étranglement.
L’ouverture des agences de deux banques françaises, BNP Parisbas et la Société Générale, ne semblent pas changer grand-chose. C’est en tout cas l’avis d’un membre du gouvernement mauritanien qui a préféré garder l’anonymat à la veille des élections présidentielles de peur d’être éjecté du nouveau gouvernement.
En tout état de cause, les rapports inquiétants apparus sur le site électronique de la Banque centrale mauritanienne, impliquent la révision des acquis sur le plan de la stabilité monétaire.
Ce qui menace de voir surgir une crise sans précédent à court terme. Les changements intervenus au niveau des responsables des importantes institutions étatiques, et la faiblesse de la planification sur le long terme, viennent de créer des interrogations sur les perspectives de la gouvernance dans l’avenir. Le centre des recherches au sein du Fonds arabe de développement, basé au Koweit, souligne que le taux de croissance de 6,8% enregistré à la fin du premier trimestre de 2013, ne sera pas atteint ni à la fin de 2014 ni de 2015.
Cette situation est imminente sauf si le pouvoir déploie des efforts considérables en matière d’augmentation des projets de réformes, de diversification de la base de production, et de création d’une réelle valeur ajoutée. De plus le centre ne prévoit pas un essor significatif si le régime de Ould Abdel Aziz ne s’ouvre pas aux les forces de l’opposition, et sur les groupes ethniques qui font partie du tissu national mauritanien.
Pour conclure, les analystes politiques dans les pays du Maghreb s’accordent à indiquer que les défis que doit confronter le président mauritanien dans les prochains mois sont importants. Surtout que les objectifs définis lors de sa campagne présidentielle pour l’année 2015 semblent, eux aussi, irréalisables
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