Air Algérie - Fabius : "On ne peut exclure aucune hypothèse" |
L'avion transportait 116 passagers de plusieurs nationalités, dont 51 Français, et le contact a été perdu alors qu'il survolait le nord du Mali, a précisé à l'AFP une source d'Air Algérie, sous le couvert de l'anonymat. "L'avion a disparu à Gao, à 500 km de la frontière algérienne", a déclaré le Premier ministre Abdelmalek Sellal cité par la radio. Un témoin a affirmé avoir vu l'avion "tomber" dans la zone de Gossi, dans le nord du Mali, a déclaré le général burkinabè Gilbert Diendiéré, chef d'État major particulier de la présidence. "Un informateur (...) nous a indiqué avoir aperçu l'avion tomber à 01 h 50 (heure locale et GMT) dans la nuit (de mercredi à jeudi). Nous sommes en contact avec cet informateur et nous comptons aller sur le terrain" pour vérifier ces informations, a révélé le général Diendiéré, coordinateur de la cellule de crise mise en place à Ouagadougou d'où l'avion avait décollé pour Alger. "Nous pensons que cela est fiable car nous avons également visionné les images radar qui montrent la progression de l'avion jusqu'à sa disparition qui coïncide avec l'endroit indiqué par notre informateur", a-t-il ajouté. Selon lui, "on ne peut pas parler de localité exacte mais notre informateur nous a dit que cela s'est produit à 80 km au sud-est de la ville de Gossi au Mali" et "c'est là-bas que nous allons accentuer les recherches". La ville de Gossi se trouve à environ 100 km au sud-ouest de Gao, la plus grande vile du nord du Mali et le lieu présumé du crash de l'avion est proche de la frontière entre le Mali et le Burkina Faso. Le général Diendiéré a par ailleurs indiqué que "sur les images radar" on voit que "l'avion a dévié de sa trajectoire à cause d'un orage" qui "peut être la cause de ce qui s'est passé". "Mais pour l'instant nous n'avons aucune certitude, nous n'avons pas encore vu l'avion", a-t-il cependant ajouté. Des conditions météo "particulièrement difficiles"Selon le dernier bilan fourni par Air Algérie, le vol AH 5017 a décollé avec 51 Français, 24 Burkinabés, 8 Libanais, 6 Algériens, 6 Espagnols, 5 Canadiens, 4 Allemands et 2 Luxembourgeois. Il y avait aussi un Belge, un Camerounais, un Égyptien, un Malien, un Nigérien, un Roumain, un Suisse, un Ukrainien et "trois nationalités en cours de recherche". Les six membres de l'équipage de l'avion sont tous espagnols, a confirmé à Madrid le syndicat des pilotes de ligne Sepla. François Hollande a décidé jeudi de reporter sine die son déplacement prévu dans l'océan Indien et de mettre en oeuvre "tous les moyens" pour retrouver l'avion d'Air Algérie. L'Élysée a annoncé dans la soirée que le chef de l'État présiderait vendredi à 9 heures une nouvelle réunion de crise à laquelle participeront le Premier ministre Manuel Valls, et les ministres Laurent Fabius (Affaires étrangères), Jean-Yves Le Drian (Défense), Bernard Cazeneuve (Intérieur) et Frédéric Cuvillier (Transports). "Tout laisse à penser que cet avion s'est écrasé" et "j'ai décidé de mobiliser tous les moyens" pour le retrouver, a déclaré le président de la République dans une courte déclaration sur le perron de l'Élysée, à l'issue d'une première réunion de crise jeudi après-midi avec Manuel Valls et les ministres concernés. "Ces recherches dureront tout le temps qu'il faudra et encore cette nuit. Tout doit être fait pour retrouver cet appareil", a martelé François Hollande. Il a indiqué qu'après cette catastrophe, il avait décidé de "rester à Paris tout le temps nécessaire", reportant sine die son déplacement programmé de vendredi à dimanche à La Réunion, à Mayotte et aux Comores. "Tous les moyens militaires que nous avons sur place" seront utilisés, a-t-il assuré, alors que deux Mirage français survolent déjà la zone du Nord Mali où l'avion a disparu. "Les moyens civils" et ceux des autorités des pays proches - l'Algérie, le Mali mais également le Burkina Faso - seront mis en oeuvre également", a assuré le chef de l'État. Pour l'heure, "aujourd'hui (jeudi) même, nous ne pouvons pas établir les causes de ce qui s'est produit. Il faudra le faire", a par ailleurs indiqué le président. "Ce que nous savons, a-t-il cependant ajouté, c'est que l'équipage a signalé, il était 1 h 48 du matin (jeudi), qu'il changeait de direction en raison de conditions météo particulièrement difficiles". "On ne peut exclure aucune hypothèse"Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a indiqué pour sa part jeudi soir qu'aucune hypothèse n'était exclue pour expliquer la disparition du vol d'Air Algérie. "On ne peut pas, on ne doit exclure aucune hypothèse avant d'avoir tous les éléments", a-t-il déclaré sur France 2. En réponse à une question du journaliste sur un possible acte terroriste", il a répondu : "On ne peut exclure aucune hypothèse". "La seule chose que nous sachions de manière certaine, c'est l'alerte météo", a déclaré Laurent Fabius. "Le pilote a dit : 'compte tenu des très mauvaises conditions météorologiques, je demande à faire un changement de direction'. Ensuite, on n'a plus de nouvelles de lui. A partir de là, il y a plusieurs hypothèses (...). C'est une saison très difficile là-bas météorologiquement. Ca peut être à l'origine bien sûr de la catastrophe mais il y a aussi d'autres hypothèses", a expliqué Laurent Fabius. Le ministre a précisé que 51 Français se trouvaient à bord. "Cela concerne 20 familles parce que ce sont des fratries, ce sont en général des amis de l'Afrique qui étaient là-bas, soit des touristes, soit des humanitaires". "Nous avons décidé de réunir toutes les familles samedi à Paris et toutes les informations qui seront à notre disposition leur seront données", a-t-il dit. Le ministre des Affaires étrangères avait un peu plus tôt estimé que l'appareil s'était "probablement écrasé" et qu'il n'y avait "aucune trace retrouvée pour l'instant". "Malgré des recherches intensives, à l'heure où je m'exprime, aucune trace de l'appareil n'a été retrouvée. L'avion s'est probablement écrasé. Les recherches se concentrent à ce stade sur une vaste zone du territoire malien autour de la région de Gao", a-t-il affirmé. "D'après les dernières informations communiquées par le gouvernement burkinabé, 51 Français se trouvaient à bord. Mon collègue algérien évoque une cinquantaine de Français, soit près de la moitié des passagers qui se trouvaient à bord, ainsi que 14 autres nationalités, dont l'équipage espagnol", a-t-il ajouté. La secrétaire d'État aux Français de l'étranger Fleur Pellerin doit se rendre "dans les heures qui viennent dans la région", a-t-il aussi indiqué, sans autre détail. Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour "homicides involontaires". L'enquête a été confiée au général commandant de la gendarmerie des transports aériens. L'avion, un MacDouglas MD83 affrété auprès de la compagnie espagnole de leasing Swiftair, avait "subi une opération de maintenance il y a un mois" et aurait disparu "sur le sol nigérian", selon le journaliste algérien Fayçal Metaoui. L'avion avait été examiné par la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) "il y a deux ou trois jours" et était "en bon état", a indiqué pour sa part son directeur général, Patrick Gandil. Deux Mirage 2000 de l'armée française sont partis à sa recherche. "L'avion n'était pas loin de la frontière algérienne""Air Algérie informe que les services de navigation aérienne ont eu leur dernier contact avec le vol AH 5017 assurant la liaison Ouagadougou-Alger ce jour 24 juillet à 1 heure 55 GMT, soit 50 minutes après son décollage", précise un communiqué. La compagnie a mis en place un "plan d'urgence", selon le texte. Selon son site internet, Air Algérie assure quatre vols par semaine vers Ouagadougou, dont un jeudi au départ de la capitale burkinabée. La source au sein de la compagnie a expliqué que l'appareil en question était un McDouglas affrété par Air Algérie auprès d'une compagnie européenne dont elle n'a pas divulgué le nom. Le contact a été perdu avec l'équipage dans l'espace aérien malien, près de la frontière algérienne, a ajouté cette source. "L'avion n'était pas loin de la frontière algérienne quand on a demandé à l'équipage de se dérouter à cause d'une mauvaise visibilité et pour éviter un risque de collision avec un autre avion assurant la liaison Alger-Bamako", a-t-elle ajouté. "Le signal a été perdu après le changement de cap", a-t-elle insisté. Malgré une intervention militaire internationale en cours, la situation est toujours instable dans le nord du Mali, occupé pendant plusieurs mois en 2012 par des groupes armés djihadistes. Pour Air Algérie, c'est un nouveau coup dur six mois après une catastrophe dans l'est du pays. En février dernier, un Hercules C-130 de la compagnie assurant la liaison entre la Tamanrasset (2 000 km au sud d'Alger) et Constantine (450 km à l'est d'Alger) s'était écrasé peu avant son atterrissage, faisant 76 morts. Un passager a survécu. En mars 2003, elle avait perdu un Boeing 737-200 qui s'était écrasé peu après son décollage de Tamanrasset, faisant 102 morts. La compagnie publique algérienne a mis en place une cellule de crise à l'aéroport international d'Alger, présidée par le ministre des Transports, Amar Ghoul. De son côté, le ministère des Affaires étrangères français a mis en place un numéro d'urgence : (+ 33) 1 43 17 56 46. Lepoint |
Jeudi, 24 Juillet 2014 18:57 |