Les multinationales du secteur minier se croient- elles toujours tout permis enAfrique ? Les temps ont pourtant changé mais les habitudes elles semblent persister. L'Afrique, terre de croissance, entend mener le jeu mais le chemin est encore long.
Les compagnies minières internationales se montrent plus déterminées que jamais à conforter leur acquis en Afrique.
Le dernier « couac » en Mauritanie témoigne d’une pression accrue exercée par les multinationales du secteur minier sur les pays africains.
En effet, la compagnie minière Bumi Mauritania, filière de la société britanniqueBumi Holding, a décidé de poursuivre le gouvernement mauritanien accusé de lui avoir retiré illégalement un permis d’exploitation.
Lasse des recours et rappels à l’ordre, la société britannique s’en est remis au droit relatif au commerce international. Une procédure a été entamée afin de saisir leCentre International de Résolution des Différends liés aux Investissements(CIRDI) à Washington pour trancher ce différend. Ainsi Bumi Mauritania tisse sa toile puisque la Mauritanie a ratifié la Convention internationale de la CIRDI.
Pourtant soumise à la méfiance de nombreux états, l’instance pourrait ainsi obliger la Mauritanie à revoir sa copie malgré elle au risque de se voir accusé à tort ou à raison d’ailleurs de détournements de biens. Mais la Mauritanie n’a peut-être pas dit son dernier mot dans le sillage d’un pays voisin, le Niger sorti la tête haute d’un bras de fer marathonien avec le groupe français Areva.
L’état nigérien a bataillé ferme pour obtenir un partenariat plus équilibré sur les conditions d’exploitation des gisements d’uranium dans le Nord du pays. Autre exemple, en août dernier, le Nigeria a retiré les permis d’exploitation de 600 entreprises minières pour non-conformité avec les lois du pays, régissant les opérations du secteur minier.
Le pouvoir et les malversations des compagnies minières de plus en plus décriés
Depuis le début des années 2000, le continent africain connaît un boom du secteur minier, il attire les compagnies minières d’Europe, d’Amérique du Nord et de l’Asie. Reste que l’exploitation des richesses du sol africain s’est opéré de façon très inégale.
Les gouvernements ne sont pas en capacité de capter les revenus miniers au profit du développement et cela pour diverses raisons, manque de volonté politique, corruption, faiblesses étatiques et rapport de force inégal au profit des multinationales minières. Aujourd’hui, avec les perspectives économiques et la croissance en Afrique, la tendance se renverse timidement. Si la puissance des compagnies minières est bien réelle, l’idée d’un partenariat gagnant-gagnant creuse son sillon.
En 2013, le forum économique de WEF sur l’Afrique a dénoncé le jeu malsain des compagnies minières internationales, affirmant que celles-ci privaient le continent africain de 38 milliards de dollars par an par le biais de malversations liées à leurs gestions du négoce des concessions minières en Afrique.
Véronique Mansour
Source : Afrique Inside via cridem |