Mauritanie: le gouvernement s’en prend à des militants anti-esclavage |
Des échauffourées ont eu lieu la semaine dernière dans certaines mosquées de la capitale à la suite de propos de militants anti-esclavagistes accusant « l’ordre religieux établi » de favoriser la persistance de l’esclavage en Mauritanie. Des militants d’une association de lutte contre l’esclavage (IRA) avaient répondu à l’imam de la mosquée centrale de Nouakchott qui accusait cette organisation, sans la citer, d’être « à la solde du judaïsme » et estimait, qu’ils « méritent la mort de par la loi », selon l’ONG. Les trois militants ont été arrêtés par la police le week-end dernier pour « perturbation de la prière, incitation à la haine et à la rébellion et agression contre les forces de l’ordre », a annoncé l’IRA. Le ministère mauritanien des Affaires islamiques a affirmé vendredi qu’il « n’est pas du tout admissible que les mosquées deviennent une destination pour les politiques et les extrémistes qui y déversent leur venin et propagent leurs visées étrangères à la religion et aux traditions » du pays. Le ministère des Affaires islamiques « dénonce et condamne avec force ces actes irresponsables », promettant d’y « faire face avec fermeté » dans un communiqué diffusé par l’Agence mauritanienne d’information (AMI, officielle). Le gouvernement a lancé en septembre une vaste campagne destinée à impliquer mosquées et écoles coraniques à la lutte contre l’esclavage, qui est interdit par la Constitution et réprimé par une loi adoptée par le Parlement en 2007. Les organisations comme IRA et SOS Esclaves dénoncent quant à elles la persistance de l’esclavage dans le pays, déplorant l’absence d’une « volonté politique réelle de l’éradiquer ». L’IRA exhorte ses militants à « continuer et élargir une mobilisation intense et soutenue, dans toutes les villes de Mauritanie » tout en respectant « (son) credo, qui est la ligne de l’action pacifique ». Officiellement, l’esclavage a été aboli en 1981 en Mauritanie, pays de 3,8 millions d’habitants d’origine arabo-berbère – les Maures – et d’Afrique subsaharienne – les Négro-Africains. Depuis 2007, les personnes reconnues coupables d’esclavagisme encourent des peines pouvant aller jusqu’à 10 ans de prison. Mais le phénomène perdure néanmoins, d’après des ONG. Début mars, le Mauritanie a adopté une « feuille de route » pour l’éradication de l’esclavage, élaborée avec l’appui de l’ONU pour lutter contre ce phénomène.
Mali Actu |
Lundi, 03 Novembre 2014 13:25 |