Au moment où on parle beaucoup de la volonté publique de lutter contre les malversations, on découvre, ça et là, dans les représentations régionales du trésor public, des détournements qui porteraient sur des milliards d’ouguiyas. Un rude coup à la lutte contre la gabegie, cheval de bataille déclaré du président Aziz…
Thiam Diombar, Ministre des Finances
Le ministre des Finances et le directeur général des Douanes se trouvent, depuis la fin de la semaine dernière, à Nouadhibou où les services de l’inspection de l’Etat ont mis la main sur un énorme scandale financier au trésor régional.
Au moins quatre fonctionnaires du trésor de Nouadhibou ont été interpellées par la police et sont, depuis, accusées d’avoir mis en place, depuis plusieurs années, un mécanisme qui leur a permis de détourner des centaines de millions ouguiyas à l’insu de tout le monde. Pourtant une simple action de rapprochement entre les documents des douanes et ceux du trésor aurait été suffisante pour découvrir leur forfaiture.
En effet l’opération qu’ils avaient montée consistait à sous évaluer les droits de douane sur la souche qui reste au trésor et à porter le montant exact sur la copie envoyée chez les douaniers. Cette astuce leur a permis de détourner des centaines de millions, voire des milliards.
Ces fonctionnaires indélicats ont-ils bénéficié de complicités au niveau de leur hiérarchie ? L’enquête n’a encore rien révélée. Ni par rapport à la somme détournée, ni par rapport aux complicités éventuelles…
Presque de manière concomitante, on avait découvert un trou de huit cents millions au trésor régional d’Aioun. L’un des présumés responsables de ce détournement a tout simplement pris la fuite avant que l’affaire soit révélée. Il se serait réfugié au Maroc.
Ce n’est pas tout. Il y a au niveau trésor d’Akjoujt un autre détournement dont l’auteur a pris la poudre d’escampette. On parle également d’un autre trou moins important au niveau du trésor à Rosso.
Pourtant au cours d’un point de presse tenu à l’issue de la réunion du conseil des ministres, le ministre des Finances avait catégoriquement démentie l’existence d’affaires de détournement dans les services relevant de son département.
Que voulait-il cacher et à qui voulait-il cacher quelque chose ? On ne sait pas. Toujours est-il que cette manière de faire est tout simplement inappropriée. D’autant plus que la question se rapporte à des deniers sur lesquels le citoyen doit être informé correctement par le pouvoir. C’est, n’est-ce pas ?, un droit élémentaire.
Mais quoi qu’il en soit, on ne peut que s’interroger sur ces détournements. Plus qu’un cas isolé, ils deviennent un véritable phénomène qui touche tous les coins du pays. Bien sûr, il ne s’agit pas d’une action d’indélicatesse financière coordonnée.
Tant il n’y a pas d’atomes crochus entre les différents coupables. Il faut donc chercher la faille ailleurs, car il y a véritablement une faille au niveau de la gestion du pays. Soit les responsables du département des finances sont incompétents, soit les détourneurs ne font qu’imiter ceux qui ont la charge de gérer le pays et qui, parait-il, s’adonnent à toutes sortes de malversations…
Cette dernière hypothèse parait la plus raisonnable dans la mesure où les malversations touchent d’autres départements et sociétés publiques du pays…
Mohamed Mahmoud Ould Targui
source: Biladi
Noorinfo
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