| Le marigot de Djadjibiné Gandéga se vide de son eau : Crie de détresse des maraîchères du village |
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Djadjibiné Gandéga, connaissez-vous ? C’est village peuplé d’un peu plus de 3.000 habitants composé de 13 villages qui gravitent tout autour de ce gros village. Il relève administrativement du département de Mbout duquel il est distant de 35 Km sur l’axe MBout-Sélibaby. Il y a deux semaines, vendredi 25 mars, nous visitions le village de Djadjibiné Gandéga. C’était sur le chemin du retour de Sélibaby où nous accompagnions le Chef de l’Etat, Mohamed Ould Abdel Aziz qui y procédait à deux inaugurations d’infrastructures.
Accueillis par deux des notables du village que nous connaissons, Timéra Haïmédou ancien fonctionnaire à la retraite et Silly Diagué ancien maire de la commune de Djadjibiné, les deux hommes ont tenu à nous faire visiter le site maraîcher du village. Selon M. Silly, le site a été mis en place en 1990 au bord du marigot. Il s'étend sur 1 ou 2 hectares tout au plus, morcelés en petites parcelles où travaillent quelques productrices. Chaque parcelle est aménagée de façon très artisanale avec des clôtures sommaires. Dans ces parcelles les productrices exploitent des choux, de la salade, des carottes, des tomates, de l’aubergine etc. « Toute la production est écoulée sur le marché local. Des fois nous sommes même obligés d’importer les légumes », indique l’ancien maire Silly Diagué.
Pour ceux qui aiment les chiffres, ils seront très vite déçus ! En effet, ces exploitantes qui ne savent ni lire, ni écrire, n’ont pu quantifier ce qu’elles gagnent réellement, faute de compétences en encadrement de l’exploitation maraîchère. Des semences, de la bonne terre, un arrosage quotidien, que faut-il de plus pour faire pousser des légumes ? La réponse coule de source, d’une exploitante : « Il faut avoir de l’eau et en ce moment le marigot a tarit et nous n’avons pas de puits pour y prendre de l’eau. Même le peu d’eau qui reste, ce sont les animaux qui viennent s’abreuver. Nous faisons face à une situation très difficile puisque les plans sont entrain de sécher ». Une autre renchérit : « il n’y a pas que ce problème. Nos plantes sont attaquées par des rongeurs et les animaux détruisent les clôtures avant de s’y engouffrer pour brouter les plantes ». Il faut dire que ces braves femmes n’ont pas de conseil de gestion pour les aider à prendre les bonnes décisions. C’est pourtant un outil d’analyse de la rentabilité économique par le producteur lui-même, s’il veut prendre des décisions plus éclairées en vue d’améliorer la situation de son exploitation. Par la visite que nous effectué sur ce site de maraîchage, nous avons pu comprendre rapidement que le maraîchage requiert plus qu’un coup de pelle! Des moyens pour investir, un savoir et beaucoup de travail sont nécessaires ! D’abord, il faut avoir accès à un point d’eau, ce qui est plutôt un problème ici avec le tarissement du marigot. Aucune de ces maraîchères ne dispose d’un puits de relais encore moins de bassin. En outre, un connaisseur du domaine, indique qu’elles doivent trouver l’apport en eau et la quantité d’engrais optimale par rapport au type du sol de la zone. Ils doivent trouver des semences de qualité, permettant une bonne levée des plants ; maîtriser la confection des pépinières et les traitements en cas de maladies. Soulignons qu’elles disposent d’une pompe mais dans la situation actuelle du marigot, elle est inopérante. L’irrigation des plantes se fait arrosoir par arrosoir puisé sur le peu d’eau qu du marigot qu’elles disputent aux animaux. Il n’empêche, si la réussite ou l’échec d’une saison maraîchère s’observe davantage à la vente, on peut dire que ces braves femmes produisent bien, malgré l’absence d’encadrement et d’aide de l’Etat mauritanien qui ne semble jamais s’être manifesté à l’endroit de cette commune qui ne respire que par l’apport inestimable de ses immigrés. Les revenus générés permettent à la famille d’envoyer les enfants à l’école, de payer les frais de santé, les habits et même d’ouvrir un compte dans une caisse d’épargne et de crédit. Avec ces activités génératrices de revenus, cela leur permet de participer aux dépenses de la famille et ainsi augmenter son statut. source : Quotidien de Nouakchott |
| Mercredi, 06 Avril 2011 18:43 |