Kadhafi réagit avec défiance aux bombardements de l'OTAN |
Par Essam Mohamed pour Magharebia à Tripoli Les habitants de Tripoli se sont réveillés au spectacle de volutes de fumées emplissant l'horizon, le mardi 7 juin, après que l'OTAN ait lancé ses frappes aériennes les plus lourdes à ce jour contre le régime retranché de Mouammar Kadhafi. "Nous ne nous rendrons pas. Vous êtes des bâtards. C'est vous qui devez partir, pas nous", a déclaré Kadhafi à la télévision publique par téléphone à l'occasion de son anniversaire. "Je n'ai pas peur de la mort. Je ne pense pas à la vie." Il s'en est violemment pris aux rebelles, les qualifiant de "bandes armées" et s'est engagé à rester au pouvoir. "Je parle désormais avec des avions qui survolent ma tête et bombardent tout autour de moi", a-t-il poursuivi. "Nous n'abandonnerons pas. Nous avons un seul choix : rester dans notre pays, morts ou vivants." Alors que les bombardements diurnes de l'OTAN se poursuivaient à Tripoli, les habitants ont réagi avec colère au dernier discours de Kadhafi. "Son appel lancé aux femmes pour qu'elles s'entraînent au maniement des armes, pendant que lui-même et ses fils se cachent, montre qu'il vit ses derniers jours", a expliqué le politologue Ramadan. "Les révolutionnaires ne sont qu'à 70 kilomètres. Ce régime a toujours été contre le peuple, comment peut-il maintenant demander au peuple de le défendre ?"
Et Ramadan d'ajouter : "Il y a trop de corruption, et la richesse du pauvre peuple libyen a été pillée, bien que sa terre regorge de richesses. Il ne dépense de l'argent que pour ses régiments qui oppriment le peuple. Il a armé des criminels et affirme toujours que le peuple est armé. Les révolutionnaires luttent pour une revendication populaire, la liberté."
Pour sa part, le militant Youssef Ali explique : "Il demande au peuple de faire son devoir contre l'OTAN, mais ce sourd n'entend pas que le peuple fait son devoir contre les régiments qui bombardent le peuple libyen à coups de roquettes Grad. C'est le peuple libyen qui a demandé l'aide de l'OTAN contre ses régiments."
"Où est-il lorsqu'il affirme qu'il restera à Tripoli mort ou vif ?", se demande Mme Nahla. "Où est-il lorsqu'il apparaît devant ses partisans qui sont désormais très peu nombreux ? Il qualifie le peuple libyen de rats, mais disparaît lui-même sous terre et devient un gros rat !"
"Je pense qu'il demande au peuple libyen de partir en guerre pour son compte pendant qu'il se cache et détruit le pays", affirme Abderrehim, un jeune diplômé de l'université de 24 ans au chômage. "Mais il a perdu la bataille, parce que la mentalité libyenne a évolué, et que le peuple est devenu solidaire."
Il ajoute que Kadhafi a "perdu sa légitimité", et que son discours était "désespéré parce qu'il vit dans la peur".
S'adressant à Kadhafi, Safaa, une étudiante en médecine à l'université de Tripoli, demande : "La liberté est-elle une insulte ?" "L'insulte et la disgrâce reviennent à celui qui se souille lui-même avec le sang du peuple libyen", ajoute-t-elle. "Nous assisterons bientôt à son procès devant la Cour pénale internationale." Elle aimerait cependant voir Kadhafi jugé en Libye "pour qu'il puisse voir la justice" qui "a été perdue sous son régime".
Mais tous les Libyens ne sont pas opposés à Kadhafi. Salem Ibrahim affirme être prêt à se sacrifier pour lui "pour la salut de la paix et de la sécurité". Leila Abdul Hafeez, une lycéenne, déclare quant à elle : "Il n'existe pas de gangs armés en Libye, mais des révolutionnaires qui souhaitent la liberté et veulent mettre un terme à une ère qui a tué la Libye."
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Vendredi, 10 Juin 2011 18:50 |