Affaire DSK : vers un non-lieu ? |
La thèse de l'accusation sur le point de s'effondrer. Un dossier près de se refermer. L'incroyable feuilleton des sept charges valant 74 ans de prison qui pèsent sur DSK depuis le 16 mai dernier pourrait connaître un épilogue dans les prochains jours. C'est ce que révèle le New York Times vendredi matin après que les procureurs responsables de l'affaire ont rencontré les avocats de l'ex-patron du FMI jeudi et dévoilé les nouveaux éléments de leur enquête (voir notre dossier : Le scandale DSK) . La crédibilité de l'accusatrice se fissure C'est la crédibilité de l'accusatrice qui est en cause. À commencer par son passé. Nafissatou Diallo aurait déjà été impliquée dans des activités criminelles, elle serait notamment liée à un réseau de blanchiment d'argent et de trafic de drogue. La jeune femme aurait également menti aux enquêteurs au sujet de sa demande d'asile et aurait faussement déclaré être en possession d'un seul téléphone portable alors qu'elle payait ses factures à cinq compagnies de téléphone différentes. Sa crédibilité quant aux faits reprochés à DSK serait également contestable. Selon des enregistrements saisis par les enquêteurs, la femme du Bronx aurait téléphoné en prison à un détenu quelques heures après sa rencontre avec Dominique Strauss-Kahn et aurait discuté de l'intérêt de poursuivre l'homme politique en justice. Le détenu avec lequel elle s'entretenait avait été arrêté pour s'être trouvé en possession de marijuana. Il fait partie des personnes qui ont transféré sur le compte de la jeune femme de nombreuses sommes d'argent, dont le total atteindrait environ 100 000 dollars au cours des deux dernières années. Les transferts auraient été réalisés en Arizona, en Géorgie, à New York et en Pennsylvanie. Ces dernières semaines, les avocats de Strauss-Kahn, Benjamin Brafman et William W. Taylor, avaient laissé entendre, notamment dans une lettre du 25 mai, qu'ils étaient en possession d'informations qui "diminueraient considérablement la crédibilité" de l'accusatrice. Vers un non-lieu de DSK ? Ce vendredi, les procureurs du bureau du district de Manhattan devraient dire au juge de la cour suprême de Manhattan qu'ils "rencontrent des problèmes avec cette affaire", liés à ces découvertes, et révéler de nouveaux éléments à la défense. Le juge Michael Obus pourrait alors assouplir le régime de liberté sous caution de DSK. "L'audience d'aujourd'hui n'a pour but que de modifier les conditions d'assignation à domicile, précise l'avocat aux barreaux de Paris et de New York Denis Chemla. Mais compte tenu des révélations du NYT, le juge ne manquera pas de poser des questions au procureur au sujet des faits évoqués dans l'article." Par ailleurs, le procureur et la défense discutent à présent d'un éventuel abandon des poursuites criminelles et de leur remplacement par un simple délit. "Si les révélations se confirment et si le procureur a perdu confiance dans les accusations de Nafissatou Diallo, la logique voudrait qu'il retire les charges ou négocie une charge beaucoup moins grave que les agressions sexuelles ("crimes") en retenant par exemple la séquestration. Mais les avocats de DSK rejettent pour l'instant une telle éventualité. "À partir du moment où ils ne peuvent pas établir la contrainte, il n'y a en effet aucune raison de reconnaître qu'il l'a empêchée de sortir", souligne Me Chemla. Quand on apporte la preuve que le témoin a menti dans un procès qui se résume à la parole de l'un contre la parole de l'autre, c'est le socle même de l'accusation qui se consume... Source : Le Point (France) |
Vendredi, 01 Juillet 2011 10:19 |