Nous sommes dans un monde où tout va de mal en pis. L’éducation de façon générale est moribonde et celle sexuelle insaisissable, inquiétante et lamentable. La sexualité est un domaine naturel, étrange, mystérieux, compliqué et complexe.
Donc, dans une société où le sexe est tabou, il est compréhensif que ses membres ignorent, d’une manière ou d’une autre, ses nombreux effets positifs tout comme négatifs. De nos jours, la sexualité se vit sous toutes les formes : entre homme et femme, entre femme et femme, entre homme et homme et même entre être humain et animal.
Dans cet article, nous restons dans le cadre de la première forme, c’est-à-dire de la sexualité vécue entre deux sexes opposés : l’homme et la femme.
Dans la société mauritanienne comme dans de nombreuses sociétés du monde, les garçons et les filles sont éduqués et socialisés de différentes manières voire opposées.
Les garçons sont socialisés à être libres et à occuper un espace plus vaste contrairement aux filles dont la liberté est limitée tout comme l’espace occupé d’ailleurs. Dans ce sens, si nous nous intéressons à l’éducation sexuelle, nous nous rendons compte qu’elle n’est pas faite, d’une manière ou d’une autre, de la même façon chez les sexes et avec la même rigueur.
Ainsi, dans nos sociétés mauritaniennes, ce n’est pas mal perçu ou, du moins, il est beaucoup moins mal perçu quand un homme se marie tout en n’étant pas puceau contrairement à une femme qui se marie en n’étant pas pucelle.
Certes, on dira que ce n’est pas pareil parce que l’hymen ou la défloration marque la différence entre les deux sexes. Autrement dit, on peut vérifier la virginité de la femme et non celle de l’homme… Ceci étant, l’homme peut en profiter et se donner plus de liberté en vivant sa vie sexuelle contrairement à la femme. Or, une question fondamentale et profondément omise et sensée se pose : qui déflore (devierge) la fille, la femme ?
La réponse à cette question devrait être une prise de conscience qui nous amènerait tout de suite à penser et à opter pour une éducation sexuelle similaire. Ce point parce que nous savons que les filles/femmes sont déflorées, dans la norme, par les garçons/hommes.
Concernant l’hymen, notons qu’il peut être perdu par certains mouvements brusques tels que certains sports, etc. Comme souvent avancé dans mes discussions, je suis pour une « éducation équilibrée et équitable» entre les deux sexes (filles/garçons).
Cette sorte d’éducation a pour but d’initier et d’apprendre aux filles tout comme aux garçons à être indépendants et libres et cela où qu’ils soient et compte tenu des différentes circonstances. Dans ce sens, il ne sera pas impérativement question de « cette tâche n’est pas destinée à mon sexe » ou autre car on a déjà un avantage qui est le fait d’avoir tout appris et surtout d’avoir appris à être indépendant et libre et cela par le moyen de l’éducation et de la socialisation.
D’avance, compte tenu de cette idée « d’éducation équitable et équilibrée », je sais et je me dis que certaines voire nombreuses personnes diront que c’est une utopie ou que je veux remettre en cause le genre, les fondements sociaux de la socialisation sexuée et que d’autres, voire trop peu, partageront ce point de vue. Dans ce texte, je me focalise sur l’éducation sexuelle pour mettre en exergue le pourquoi et le choix d’une « éducation équitable et équilibrée » qui est même prônée par l’Islam.
Tout comme manger, boire et se soulager (faire ses besoins naturels), la sexualité est un besoin instinctif asexué. Comme cela va au-delà des normes sociales – qui sont changeables – et, s’inscrit dans la nature animale, notamment humaine dont il est ici question, il est important de s’y pencher afin de voir et de penser aux perspectives de sortie de crise.
Ainsi, cette éducation nécessite que de nombreuses valeurs soient inculquées de façon similaire aux filles et aux garçons. Parmi ces valeurs, au centre, nous retrouvons l’abstinence sexuelle. Cette dernière doit être impérativement imposée aux deux sexes. L’imposition de cette norme au sexe féminin uniquement est non seulement injuste mais pas trop réfléchi et encore moins stratégique.
Les explications de ce point ont été exposées ci-dessus. Elles sont la réponse donnée à la question posée qui est de savoir qui déflore la fille/la femme. Et comme réponse fournie, il a été noté que, normalement, c’est le garçon/l’homme.
Compte tenu de cela, nous devrons penser à une autre façon d’éduquer et de socialiser les enfants à vivre leur vie sexuelle de façon équitable sans privilège d’un sexe sur l’autre, autrement dit sans imposer à la fille seulement de rester pucelle mais d’en faire autant pour le garçon car si ce dernier préserve sa chasteté, c’est fort probable que la fille fasse de même.
Ce point parce que celui qui est censé la déflorer se dit psychologiquement, par le biais de son éducation et de sa socialisation, qu’il ne doit en aucun moment la toucher, la déflorer. ça se fera de façon réciproque.
Certes, éduquer et socialiser les enfants de façon univoque à une abstinence sexuelle ne signifierait pas qu’ils s’abstiendraient toutes et tous, qu’ils resteraient chastes. Mais notons que la probabilité qu’ils le soient est beaucoup plus élevée que dans le cadre d’une éducation sexuelle basée uniquement sur le genre féminin.
Ce point nous ramène à l’article de Fatima Mernissi, « Virginité et Patriarcat »,qui met l’accent sur l’attitude de l’homme méditerranéen qui cherche par tous les moyens à trouver son épouse vierge le jour du mariage et, aussi, passe tout son temps à surveiller et à préserver la chasteté et la virginité de ses sœurs, tantes, cousines voire ‘‘mères’’. Or, ce qui est paradoxal, c’est que ce même homme a défloré, ‘‘sans s’inquiéter’’, d’autres femmes qui sont les sœurs, les tantes, les cousines voire les ‘‘mères’’ d’autres hommes.
Notons que cela ne concerne pas l’homme méditerranéen seulement, il concerne plusieurs sociétés comme celle mauritanienne et les autres qui ont les mêmes systèmes et structures sociaux. Alors face à cette situation, comment qualifier cette attitude ? De quoi devrions-nous parler ?
Personnellement, dans ce contexte, je dirai simplement que cela relève d’un égoïsme et d’un orgueil masculins forgés, d’une manière ou d’une autre, par la société. Et l’unique remède de cette situation réside voire est une éducation sexuelle asexuée basée sur l’abstinence sexuelle.
L’éducation ou l’abstinence sexuelle va au-delà de la question de la virginité uniquement. C’est d’abord un bien personnel, psychologique, social et sanitaire car étant dans un monde où les maladies se multiplient et s’accroissent (sida, maladies sexuellement transmissibles, etc.), il y va de l’intérêt et du bien de toute la société de s’investir en corps et âme afin d’assumer ses devoirs et ses responsabilités éducatifs dans ce domaine.
A titre d’exemple, j’évoque le sida qui a pris de l’ampleur à travers le monde et qui fait partie des maladies les plus connues, contagieuses et mortelles. Rien que compte tenu de la contagiosité de cette maladie qui ne se transmet pas que par voie sexuelle et qui peut faire des ravages humains voire sociaux, il nous est plus que jamais imposé de remettre en question certains faits sociaux solidement et durablement enracinés et quelque soit leur degré d’importance social.
Face à certaines mutations sociales qui se font à une vitesse extraordinairement incroyable, nous devons impérativement revoir certaines normes, règles voire fondements sociaux.
En définitive, il est important de rappeler que le sexe/la sexualité est un don naturel dont les adultes eux-mêmes ne parviennent pas à saisir dans l’intégralité à plus forte raison les enfants. Sachant cela, il est temps de le dédramatiser et d’en parler sans tabou aux deux sexes et de la même manière afin de les amener à une compréhension logique et à s’abstention sexuelle.
Nous devons cesser de faire semblant d’ignorer certains points tout comme l’existence de la sexualité. Parlons-en entre nous et avec nous enfants afin de ne pas être surpris et de ne pas être ravagés par les multiples fléaux qui nous guettent dans ce monde où tout va de mal en pire.
Je reviendrai sur ce sujet vaste qui est inépuisable en mettant en lumière d’autres aspects.
Baye Tidiane Diagana
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source:cridem.org |