Librairies à ciel ouvert : La connaissance et l’inconfort |
Historiquement, la Mauritanie est connue de disposer des bibliothèques séculaires. Nombreux sont les historiens qui mentionnent la richesse documentaire de celles de Chinguitty et de Oualatta. Aujourd’hui ou depuis presque deux décennies, la ville de Nouakchott a enregistré un développement considérable des bibliothèques et des librairies ayant plus ou moins un caractère moderne. Mais à coté de ces dernières se trouvent des librairies à ciel ouvert. Il s’agit plus précisément des « parterres ou étalagistes » qui poussent comme des champignons sur les artères de la ville de Nouakchott. Selon le Sociologue Cheikh Saadbou Kamara : « La Mauritanie de par sa diversité est le carrefour de cultures et de civilisations ». En effet, cette réputation lui accorde une place considération toutefois que les nations se côtoient au rendez vous du donner et le recevoir. Pays de milles poètes, terre de la Sagesse, la Mauritanie a renoué il y’a de cela quelques semaines seulement avec sa réalité. Deux manifestations suffisent pour en témoigner : Le sommet international de la poésie tenue au Palais des Congrès et l’ouverture du 11 Salon du livre Magrébin exposition faite dans l’enceinte du Maison de la Culture (Musée Nationale) Mais bien avant ces manifestations, on peut dire que la divulgation et la recherche de la connaissance étaient les choses les mieux partagées par les citoyens.
Malgré, que la Mauritanie soit connue pour son attachant à la recherche de la connaissance, rares sont les bibliothèques privées qui se trouvent à Nouakchott. Jadis, les individus transhumaient de pays en pays rien qu’à la recherche d’un seul livre. De nos jours, force est de constater que les biens ne s’investissent que dans le commerce. Hélas, le livre a perdu son poids culturel en Mauritanie. Les librairies que l’on trouve à proximité du Marché de Capital et ses alentours ne vendent sans doute que des livres en Arabe et rarement quelques traductions des ouvrages islamiques en Français. Certains nous signifient que : « la rareté des librairies est due au fait qu’à l’étranger les livres coûtent excessivement chers. A cela il faut ajouter le transport qui constitue également un casse tête ». En plus, une fois que les documents arrivent à Nouakchott, il faut nécessairement chercher un bon emplacement afin de mieux les vendre. A défaut de l’avoir, les plus jeunes passent les longueurs des journées à sillonner la ville de Nouakchott. Alors, les vieux cherchent des locaux sur lesquels ils étalent leurs bouquins. C’est ainsi d’après les témoignages que sont nés les parterres. Cependant, les points de vente les plus côtoyés demeurent jusqu’ici, le grand arbre du Carrefour BMD et les parterres de la BMCI sans pourtant oublier ceux qui se trouvent au niveau du Marché du centre ville.
Moussa est un libraire étalant sa marchandise à proximité de la BMCI. Au départ, il collaborait avec un certain Elhadj qui nous dit- il avait une librairie dans la ville de Nouakchott dans les années 90. Mais, l’instabilité politique, le manque des moyens et la faillite avait à l’époque voué leur entreprise à l’échec. En la circonstance, son collaborateur lui a cédé les bouquins afin qu’il multiplie ces chances. A défaut de pouvoir aménager de nouveau local, Moussa a préféré définitivement de se camper à ciel ouvert pour vendre ces livres. Etalant quotidiennement ses livres ce dernier attend modestement des clients qui peuvent rester des jours, des semaines voire même des mois sans pour autant payer un journal. C’est avec ces propos taciturnes qu’il illustre sa routine : « Je suis là presque plus de 10 ans. Avec ce petit commerce, je vis du jour au lendemain. Les livres ont particulièrement une place considérablement dans ma vie, et je m’en glorifie quand il s’agit du savoir. Si parfois, certains pensent que nous ne disposions que de la saleté malgré l’ancienneté des nos livres, je leur atteste qu’ils ont torts. En effet, la connaissance que l’on découvre dans le livre le dément catégoriquement. Nous avons certes des bouquins qui contiennent des programmes dépassés. Ce ci prouve que nous n’avons point de moyens pour commander des nouveaux programmes. Mais, quand même avec les prix accessibles, je peux dire que nous faisons le bonheur de certains pères de familles qui n’ont pas les moyens de payer des livres tout neufs. J’obtiens rarement de nouveaux bouquins de la part des connaissances par exemple des amis qui enseignent au Petit Centre, la Foire des livres du CCF, des parents d’élèves qui veulent échanger des livres et j’en passe. Cependant, la chose la plus regrettable dans mon boulot est le fait que minimisant notre contribution en matière d’éducation, l’Etat en l’occurrence la Communauté Urbaine ne cesse pas de nous déranger. Si ce n’est pas l’histoire de l’assainissement, elle nous embete chroniquement avec les impôts. Alors que, comme tu peux le témoigner notre commerce n’est la hauteur. Car, dés fois je peux rester 24 heures bedrouille (Rires). Par ailleurs, j’ai cherché depuis longtemps à aménager une bibliothèque, mais les moyens me font toujours défauts. Je n’ai personne à me financer, l’Etat n’a pas fait signe et l’UNESCO tout de même. J’adresse à toutes les bonnes volontés et tous ceux qui sont intéressés pour la divulgation de la connaissance de nous aider à développer notre ambition afin de contribuer à l’amélioration de l’éducation de qualité. Personnellement, on m’a toujours découragé par des propos selon lesquels que vendre des livres en Mauritanie ne fait bonne affaire. Cependant, je laisse la réponse aux intellectuels » La connaissance n’a pas de prix, nos libraires d’infortunes en sont pertinemment conscients. Malgré les aléas climatiques et les charges familiales, ils tachent de tenir les deux bouts. Ils sont victimes d’harcèlement de la part des employés de la Communauté Urbaine, mais ils s’entêtent de quitter leurs parterres fautes de locaux .La seule chose qu’ils demandent est la considération de la part de l’Etat et des bonnes volontés en particulier l’UNESCO qui œuvre pour la promotion de l’éducation et la sauvegarde des patrimoines culturels. Bâ Sileye |
Vendredi, 28 Janvier 2011 21:11 |