Ils sont innombrables ces hommes, femmes et enfants qui sillonnent à longueur de journée les avenues de la ville, les places publiques, les marchés et les services administratifs. Ce ne sont pas des demandeurs d’emploi. Loin s’en faut ! Ils ont un métier : mendicité.
Leur salaire, ils le préfèrent le plus supérieur à 10 UM. Seuls les petits enfants acceptent la pièce de 5 UM.
Quant aux adultes, hommes et femmes, les bénédictions qu’ils font après avoir reçu la charité sont proportionnelles à la somme ou à la valeur de ce qu’un bienfaiteur a daigné leur accorder. 1000 bénédictions pour 1000 UM de donné !
Profession : Mendiant. Mais surtout, dérangeur de l’ordre public. Ces mendiants dont la plupart sont loin de présenter les signes physiques de la misère ne laissent personne indifférent. On leur donne l’aumône à contrecœur, tellement ils se montrent harceleurs. Un harcèlement moral dont ils ont les ruses : un frère, une femme, ou un enfant malade pour lequel ils veulent acheter une ordonnance.
C’est dire combien le phénomène de la mendicité est devenu une épidémie dans la cité. Un fléau qui entame l'honneur du pays et ternit sa réputation des droits humains. Pourtant le gouvernement mauritanien à ouvert des centres d’insertions des mendiants à travers un Programme du Haut commissariat au Droits de l’homme, à l’action Humanitaire et aux Relations avec la Société Civile, dénommé PNLCM. Ce Programme National de Lutte Contre la Mendicité ne prend que les Adultes en charge. Il vise l'intégration des mendiants dans leur sphère familiale. Et ce, en les aidants à trouver du travail à travers des formations en métiers qualifiants mis en place par les autorités. Mais certains ne veulent pas y rester jugeant que cette aide ne peut rien résoudre. Ils ont préféré quitter les lieux. Le revenu mensuel d’un mendiant dépasse40.000 UM. Et cela leur semble beaucoup plus rentable. Les rafle effectuées contre ces mendiants, ne sont qu’occasionnelles. Et la profession de mendiant se fait de plus en plus présente, de plus en plus pressante. Guère plus un acte désespéré, mendier est devenu un gagne pain comme tant d’autres, une manière de vivre, de se faire de l’argent ; une ultime tentative d’exister socialement, un pis-aller pour compenser les faiblesses d'un système afin de réguler les inégalités sociales…
Le Sénégal, pays voisin de la Mauritanie, a récemment interdit la mendicité sur les voies publiques. La Mauritanie fera-t-elle autant pour lutter contre un fléau qui risque de se propager alors que le chômage est encore plus criant ?
TABARA MBODJ
Présidente de l’ONG AISER
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