Le patron de l'Etat Civil: pas de questions spécifiques posées aux noirs |
ALAKHBAR (Nouakchott) – Les responsables de la mort de Mangane, des actes de vandalisme "sont ceux qui véhiculent des rumeurs et mensonges autours de l'enrôlement" a déclaré le directeur général de l'Agence Nationale du Registre des Populations, Mohamed Fadel Ould El Hadrami (Mrabih) dans une interview accordée à Alakhbar.
Quelle est la finalité de l'opération de recensement?
Ce n'est pas un recensement? mais un enrôlement des populations. Au recensement de 1998, des équipes se déplaçaient auprès des gens et leur posaient des questions. La personne pouvait donner son nom et les informations qu'elle voulait. Certains étaient recensés plus d'une fois. Et à chaque période électorale, présidentielle ou parlementaire, des gens se plaignaient de n'avoir pas été recensés. On procédait alors à des recensements complémentaires qui n'étaient, non plus, suffisants. Aujourd'hui, avec les nouvelles techniques, on peut prendre de la personne ses empreintes digitales, oculaires( le visage et autres). Ces données ne se répètent pas d'une personne à l'autre, comme c'est le cas avec le nom et le lieu de naissance. La personne donc ne sera plus enrôlée deux fois, et on lui délivrera pas deux fois la carte d'identité. L'Etat a décidé de procéder à un comptage définitif de la population par une opération d'enrôlement. Elle se fait à un lieu donné: les CAC(centre d'accueil des citoyens). A l'issu du processus, on aboutira à l'établissement d'un registre national des populations. On aura à la fin de l'opération soit un citoyen, un résidant avec carte de séjour, un étranger de passage avec visa d'entrée ou un clandestin en Mauritanie. Pourtant l'opération est si contestée. Avez-vous pêché dans la communication?
La communication ne suffit pas, il faut continuer à communiquer et nous sommes là-dessus. Mais communiquer avant de créer le projet et de le mettre sur place , n'a pas de sens .Imaginez si on avait dit aux gens vous allez être enrôlés, alors qu'on n'a pas encore mise en place les commissions d’identification.Ils peuvent dire,vous communiquez sur quoi? Actuellement, nous sommes en train de communiquer parce que nous sommes sur le terrain: nous avons effectivement ouvert les centres d'accueil des citoyens et entrain d'enrôler. Je ne dirais pas de façon très précise que ce que nous faisons est parfait. Non! Nous faisons un travail humain. Le travail humain est par excellence imparfait. Mais nous sommes prêts à corriger. Si l'un des citoyens se sente lésé, on est là pour l'écouter. C'est notre rôle, notre devoir. Justement certains se plaignent des questions humiliantes. Est-ce que celles-ci sont les mêmes du nord au sud du pays?
Nous sommes dans un pays multiracial. Nous en sommes fières. Cependant, au nord, il a des gens qui nous ressemblent, qui sont parfois nos cousins et ne sont pas mauritaniens. Au sud-est, au niveau de la première région, on a des gens qui nous ressemblent, qui sont nos cousins ou frères et ne sont pas mauritaniens. Je ne peux pas comprendre comment les gens peuvent penser que certains font objet d'une discrimination. Ceux qui le pensent constituent une partie partielle de la population et pas toute la population négro-africaine. Ce sont des gens qui sont politiquement bien organisés, mais n'ont aucun argument objectif à par dire qu'on pose des questions humiliantes aux gens. Quelles sont ces questions? Je vais vous expliquer certaines choses: Les questions posées aux gens du nord ne peuvent pas être les mêmes que sont posées aux gens du sud. Quand on demande à quelqu'un de savoir si Boghé se trouve entre Kaédi et Aleg. Au niveau de Boghé les gens savent ce que c'est. Mais quelqu'un à Néma il ne le saura pas, parce qu'il ne connaît pas Aleg. On pourrait lui demander donc, suivant sa zone, où se trouve Bassiknou? Pourquoi les instances départementales sont-elles accusées de douter seulement sur les noirs. On déplore d'ailleurs des questions réservées à eux.
Ces allégations sont infondées. Il n'y a pas de questions spécifiques posées aux noirs. On pose les mêmes questions orales selon les circonstances. Combien de personnes d'ailleurs sont sorties sans s'être questionnée. Combien? Ça ne finit pas. Mais si quelqu'un est susceptible d'être questionné, on le fait. Nous voulons que les choses soient claires; beaucoup détiennent papiers mauritaniens et ne sont pas mauritaniens. Ces gens là on leur pose des questions. Que cela dérange ou pas, nous leur posons des questions. Nous voulons distinguer nos citoyens des résidents et visiteurs. Y a-t-il un consensus autour de l'opération?
Un consensus? Dans quel sens? Il y a des élections démocratiques et un président est élu pour cinq ans et dans son programme , il a promis de réformer l'état civil. Faut-il organiser des journées de réflexion sur l'Etat civil! Ce n'est pas la peine surtout quand on est entrain d'appliquer son programme. Cette opération a suscité une polémique . Que comptez-vous faire pour rassurer les populations?
Il n y a pas de polémique ni de "contestation" . Peut être qu'il y a certains concepts qui sont mal compris. Comme ce que nous venons de dire que les gens disent qu'il y a une commission nationale d'indentification, c'est faux. Nous sommes en train de communiquer. C'est ce que nous sommes en train de faire avec vous comme nous l'avons déjà fait à la télévision. Donc ça, se sont des changements. En plus, nous avons dit à l'ensemble des instances départementales de prendre les mesures nécessaires afin qu'aucun citoyen ne soit pas exclu. Situez nous un peu. Votre agence s'occupe-elle de l'état civil ou décide-t-elle sur la nationalité?
Je dis et je répète encore une fois que l'indentification n'est pas l'apanage de l'Agence nationale du Registre des Populations et des Titres Sécurisés. Ce n'est pas nous qui décidons que quelqu'un doit être enrôlé ou pas. Regardez bien le texte de création de l'Agence. C'est un comité technique de pilotage. Il n'y en rien du tout concernant l'enrôlement. C'est une structure indépendante de l'Agence, une instance départementale d'enrôlement des population dans laquelle siègent 9 membres présidée par le premier responsable de l'Etat qui est le Hakem et composée de l'ensemble de nos forces de sécurité, des élus locaux qui désignent une personne après une réunion du conseil municipal. C'est toute une structure qui a été légalement mise en place par un arrêté ministériel, qui s'occupe de l'enrôlement. Pensez-vous pas que la direction de l'Agence est accaparée par une seule race ethnique, à savoir les beidanes comme disent certains?
Je me réveille pas tous les matins pour dire combien de gens du nord, de l'est , de négro-africains , de hartani , de beidani, de chérif, de Moalem, etc. je n'engage pas les gens comme ça. Je les engage selon les compétences. Je travaille suivant la compétence de la personne. Mais d'aucuns disent il y a un seul négro-mauritanien qui siège à l'Agence?
C'est faux. Dans ce comité de 13, il y avait deux négros africains. Il y avait le secrétaire général du ministre de l'intérieur. Et il y avait l'actuel ministre de la santé Ba Housseinou qui été à l'époque secrétaire général du ministre chargé de la modernisation. Et il a été heureusement pour lui nommé ministre. Mais quand on faisait notre comité de pilotage, on a fait référence à des techniciens. On cherchait pas à ce qu'ils soient simplement négro-africains, mais des capables. C'était un décret présidentiel. Pourquoi enrôler d'abord les personnes les plus âgées?
Figurez-vous qu'il y a actuellement en Mauritanie 200 à 300 milles personnes vivantes qui sont les ancêtres de tous les mauritaniens. Ces personne-là quand on les enrôle on prend l'information pour enrôler les descendants. On va gagner donc deux tiers du temps. Et quand vous venez avec votre famille on gagne encore plus. Les élections ne dépendent-elles pas de l'opération?
Non! Les élections ne dépendent pas de cette opération. Elles dépendent du ministère de l'intérieur. Et cela ne nous concerne pas. Nous ne sommes pas concernés par le ficher électoral. Nous sommes concernés par la mise en place d'un état civil fiable. Une fois ce stade terminé, nous serons concernés par la production de titres sécurisés, une carte d'identité non falsifiable et un passeport dernière génération. Je vous rappelle que nous sommes l'Agence nationale du Registre des populations et des Titres Sécurisés. Vous avez sur notre site la loi sur l'état civil le décret créant l'Agence le décret mettant en place l'enrôlement en cours et l'arrêté qui organise les instances départementales. Que compte faire l'Etat aux rejetés de l'enrôlement?
L'enrôlement est ouvert pendant toute la vie. Contrairement aux anciens recensements. Il n'est pas limité. Dès que vous prouvez que vous êtes citoyens mauritaniens, on vous enrôle. 54 CAC, pour enrôler plus de 3 millions de mauritaniens et encore des étrangers. Est-ce possible? Combien de temps cela prendra?
Pourquoi pas? Ceci sont des moyens techniques. Ce n'est pas quelque chose qu'on va dire à la télévision. Ce que nous disons le président de la République l'a dit; c'est que s'il faut vingt ans on fera vingt ans. Pourquoi les gens demandent d'arrêter et pourquoi on arrête. Est-ce qu'on ne doit pas normalement identifier la population. Le devoir d'une nation n'est elle pas de se connaître, de connaître ses populations! Hier, des gens disaient être oubliés des opérations de recensement. Nous voulons éviter que cela se répète. L'enrôlement cette fois-ci n'oubliera personne. Vous voulez donc qu'on le fasse dans un seul mois? Qui sont les responsables de la mort de Mangane et des saccages de biens publics et privés? Les responsables de la mort de Mangane, des actes de vandalisme et des scènes de saccages de biens publics et privés sont ceux qui véhiculent des rumeurs et mensonges autour de l'enrôlement. Il faut savoir qu'il y a de l'extrémisme des deux bords. Il y a certains qui sont en train de jouer avec le feu. La majorité de nos populations négro-africaines sont en train d'être enrôlés correctement et normalement. source : ALAKHBAR (Nouakchott) |
Mercredi, 05 Octobre 2011 16:26 |