Pour les politiciens, il est le doyen des opposants Mauritaniens. Pour les hommes de culture on le surnomme « Baba legnol ». Mais il s’agit de Mamadou Samba Diop dit « Mourtoudo », qui signifie en Poular un révolté contre toutes formes d'injustice. Mourtoudo a vu naitre tous les courants politiques Mauritaniens : Nassériens, Baathistes, Frères musulmans, Anti-esclavagistes (El Hor), Marxistes, Prosoviétiques, Prochinois, Provietnamiens, Pro-albanistes, et les Nationalistes « négro-mauritaniens ».
Président d’un Parti politique du nom de DEKAALEM/RDN et de l’Association Internationale du Pulaar (AIP), Docteur Mourtoudo DIOP que nous avions trouvé entrain de dispenser des cours en poular, nous avait aimablement accordés un entretien, le 17 Février 2009, malgré son emploi du temps chargé.
Dr Mourtoudo avait une rubrique spéciale chaque semaine dans notre journal.
Toute l’équipe de l’Etablissement Assiraje est attristée par cette mort si subite, et transmet ses condoléances à sa famille ainsi qu’à toute la communauté mauritanienne de cette perte immense d’un grand savant et combattant sincère en acte et parole. Qu’Allah le tout puissant l’accueille dans son vaste paradis
Assiraje Hebdo : Pouvez vous vous présenter à notre public
Mourtoudo DIOP : C’est un plaisir immense et une occasion inespérée que vous me donnez pour vous saluer, remercier Dieu et son Prophète, remercier tous vos lecteurs et lectrices, aussi demander à Allah de nous aider à renverser notre régime despotique, défroqué, carrent et rétrograde.
Je suis un Haalpulaar mauritanien, musulman, né vers 1942 au village de Mbagne, situé au bord du fleuve Sénégal, dans la région du Brakna. C’est là et à Boghé où j’ai fait l’école primaire. L’enseignement secondaire s’est effectué à Saint-Louis du Sénégal, ancienne capitale de la Mauritanie et du Sénégal. C’est là, à bas âge que j’ai flirté avec le Parti Africain pour l’indépendance, dirigé par le pharmacien Majhémout Diop. Cette formation politique d’obédience marxiste léniniste se battait pour la liberté, l’unité continentale et l’instauration du socialisme scientifique sous la bannière de l’Union Soviétique. Nous avions défié la France, nos régimes réactionnaires et avons rudement houspillé le général De Gaulle lors de son célèbre meeting à la place Protêt de Dakar en 1958, devenue Place de l’Indépendance. Il a commencé son discours par ces termes : « Je vois que Dakar est une ville vivante et vibrante. Je ne me lasserai pas de la saluer en des raisons de souvenir qui m’y attachent... » Nous l’avons brusquement interrompu par ces mots : « A bas caporal De Gaulle ! A bas l’assassin de Thiaroye ! Indépendance immédiate…» Il s’arrêta et rétorqua : « A bas les démagogues ! Vous voulez l’indépendance ?» Nous avons dit Oui ! Il répondit : « Eh bien, prenez là, prenez là le 28 septembre 1958…» Ces mots continuent jusqu’ici à résonner dans ma tête comme s’il s’agissait d’aujourd’hui. La passion du militantisme politique retarda mes études secondaires et supérieures. La rigueur de la répression des régimes fantoches de Senghor et de Mamadou Dia, le démantèlement du P.A.I. et la dislocation de la Fédération du Mali, m’obligèrent à rejoindre la Mauritanie. Admis à un concours administratif, j’ai servi treize dans l’administration des douanes. J’ai été le secrétaire général du syndicat national des douaniers de la Mauritanie. Fall Malick et le professeur Elimane Kane responsables de l’Union des Travailleurs de Mauritanie (U.T.M.) avaient remarqué mon dynamisme au sein de l’Union locale de Nouadhibou avec Brahim ould Haïmouda dans la lutte pour la défense des travailleurs contre MIFERMA. Ils m’ont choisi pour aller à un stage à l’école internationale syndicale des militants d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine à Moscou de 1966 à 1968, période qui a coïncidé avec les évènements de mai 1968 en France et en Europe où les jeunes s’étaient révoltés contre le capitalisme et l’impérialisme. Depuis lors j’ai toujours milité dans les partis d’oppositions. De Daddah à Aziz, je n’ai jamais pactisé avec nos régimes réactionnaires, racistes, tribalistes et esclavagistes. Par contre, j’ai été dans la clandestinité avec le P.M.T., le parti des kadihines. J’ai soutenu matériellement et moralement des militants persécutés. J’ai hébergé des recherchés et appuyé un étudiant incorporé de force dans l’armée. Beaucoup de patriotes conséquents le savent.
Depuis 1956, je suis dans l’opposition, j’en remercie Allah qui a fait de moi le doyen des opposants mauritaniens. En 1973, j’ai obtenu une bourse pour poursuivre des études supérieures de droit international à l’Université d’Etat de Tarasse Grégorivitche Chevtchenko de Kiev (U.R.S.S). Après quelques années, la rigueur du climat m’a obligé à transférer en France où j’ai fait des études en sociolinguistique, en sciences politiques, en histoire… J’ai obtenu un D.E.A. en analyse institutionnelle des sciences de l’éducation, un D.E.A en égyptologie, un doctorat en sciences politiques. J’ai beaucoup milité dans les organisations syndicales des étudiants en URSS et en France où j’ai participé aux débats houleux de tous ceux qui voulaient graisser l’axe du monde qui était rouillé. Ces débats passionnés étaient animés par tous les courants politiques mauritaniens ; nassériens, baathistes, Frères musulmans, anti-esclavagistes (El Hor ), marxistes, prosoviétiques,prochinois, provietnamiens, pro-albanistes, les nationalistes « négro-mauritaniens » etc. tous avaient des projets plus ou moins nébuleux de société ; ils s’affrontaient en théorie sans chercher à se comprendre, quel gâchis !
Assiraje Hebdo : Qu’est ce que c’est DEKAALEM, un mouvement politique ou culturel ?
Mourtoudo DIOP : « Dental Kaaldigal Leyyi Moritani » c’est-à-dire le Rassemblement pour le Dialogue des Nationalités Mauritaniennes (R.D.N.M) est un parti politique national, continental et alter mondialiste. Il aspire à la prise du pouvoir pacifiquement en vue de régler d’abord notre étouffante questions nationale qui est susceptible de faciliter le règlement de nos problèmes essentiels, de consolider l’unité nationale, de solutionner le partage du pouvoir, des richesses nationales entre toutes les nationalités, de stabiliser le pays, de gérer correctement l’espace, de promouvoir sur une base égalitaire les cultures et les langues nationales, ainsi que l’utilisation équitable de la radio et de la télévision.
C’est un problème complexe qui a agité, ensanglanté tous les pays du monde entier depuis la formation des états nations à nos jours. Malheureusement, nos décideurs politiques ne l’ont jamais appréhendé, et les principaux leaders de l’opposition l’ont tous abordé dans une déconcertante cacophonie.
Le bilan calamiteux que j’avais fait de nos combats politiques après la période d’exception m’avait poussé avec un certain nombre de cadres à renouveler le débat politique et à le faire avancer concrètement par la création d’un parti politique non violent afin de sortir nos idées des limbes de la virtualité à la réalité.
Ainsi donc DEKAALEM a été créé dans la clandestinité en 2001. Partant du fait que les mauritaniens ne se connaissent pas, et que des murs épais qui alimentent la peur, la méfiance, la haine, la division sont dressés entre eux, il faut les briser pour inciter à la rencontre, à la concertation et au dialogue. Notre devoir est de nous rapprocher, de nous unir et non diviser, de nous entre aimer et non nous haïr, de réfléchir sur nos problèmes, les résoudre ensemble afin de transformer les divergences en convergences. Il faut dépassionner la question nationale, la résoudre scientifiquement en tenant compte de notre spécificité nationale et continentale. La Mauritanie est un état biracial et multiethnique, située à la lisière du monde arabe et de l’Afrique noire. Cette réalité doit être reconnue constitutionnellement et pleinement assumée. Y privilégier une race ou une nationalité quelconque, c’est créer un déséquilibre préjudiciable. Or tel n’est pas le cas jusqu’ici chez nous. Ce manque criant de justice et d’égalité, cette chosification de l’individu par la pratique ignoble de l’esclavage et autres nous incitèrent de changer de tactique et de stratégie afin de mieux faire comprendre la cause commune que nous défendons, qui consiste à reconstruire une autre Mauritanie où les droits de chacun et de chacune seront respectés. Seule la lutte paie, et la liberté a un prix qu’il faut payer par tous les moyens.
Ainsi donc DEKAALEM s’est mit à l’œuvre, a tracé sa voie, et a fait entendre sa voix en Europe, en Amérique et en Afrique. Nous avons largement contribué en Europe au rassemblement de nos forces politiques et celles des Droits de l’Homme. Nous n’avons ménagé aucun effort avec des patriotes déterminés à taillader la « taayanie » et, triquer « l’Aziztanie », formes exécrables de despotisme en Mauritanie.
Assiraje Hebdo : quelle analyse faites vous de la situation politique actuelle
Mourtoudo DIOP : Nous vivons dans une situation effervescente où un Don quichotte galonné s’est emparé du pouvoir contre un président démocratiquement élu, en usant des arguments spéciaux et de l’achat des consciences pour se maintenir. La résistance interne, externe et le veto de la communauté internationale ont paralysé le pouvoir despotique de la junte. Le populisme du Général s’est émoussé, et ses promesses effritées. Le tripatouillage de la constitution et ses manœuvres donjuanesques n’ont pas eu la mortée escomptée. L’état s’est ankylosé. Les contradictions se multiplient. Le pays est divisé et isolé. La faim se propage, le pouvoir d’achat s’amenuise, le chômage étouffe la jeunesse, la violence grimpe, la morale dégringole, et le dialogue est oblitéré. Ce blocage étouffant et ahurissant risque de conduire à des remous imprévisibles.
Le pays a deux présidents dont l’un est légal et l’autre « prohibé ». Que faire pour sortir de cette situation étant donné que les deux camps n’ont adhéré à aucune proposition consensuelle ?
A mon avis, nous devons faire échoué le putsch par notre patience, notre mobilisation continue, et attirer vers nous toutes les forces démocratiques, accentuer la lutte, changer notre tactique et notre stratégie, impliquer d’avantage les mouvements des élèves, des étudiants, des femmes, des travailleurs, des marabouts, des O.N.G. , des associations villageoises, des artistes etc.
Le FNDD est actuellement l’unique levier et la rampe de nos luttes libératrices. Il doit organiser toutes ces formations pour le renversement du régime.
Nous y parviendrons comme le peuple malien, ivoirien, indonésien, pakistanais, turc, chilien, portugais, grec etc.
Assiraje Hebdo : Pensez-vous que la junte au pouvoir résoudra définitivement le problème du passif humanitaire ?
Mourtoudo DIOP : Plusieurs membres de cette junte ont fait partie de l’équipe génocidaire de O/ Taya, c’est pourquoi ils ne pourront jamais résoudre cette question qui les gêne, qu’ils veulent escamoter par le mensonge, les promesses, ou s’agripper au pouvoir indéfiniment afin de la noyer. Mais, tôt ou tard, s’ils évitent de la solutionner, ils se retrouveront au Tribunal Pénal International comme tous ceux qui ont commis des crimes contre l’humanité. Quand le président a décidé de s’en occuper, ils l’ont renversé.
Par passif humanitaire nous entendons :
* La désignation d’une commission d’enquête pour faire la lumière sur tous les crimes commis par le régime de Taya – Aziz depuis 1986 à nos jours.
* Le jugement de tous les coupables et l’indemnisation de toutes les victimes.
* La reprise dans leurs fonctions de tous les fonctionnaires ou autres travailleurs licenciés pour des faits politiques, et le paiement intégral de leurs salaires.
* La restitution à leurs propriétaires de toutes les terres de cultures, bétails et d’autres biens arbitrairement spoliés.
Aucun pardon n’est possible avant la réparation de ces injustices et le jugement des coupables.
Assiraje Hebdo : Quelle relation entretenez-vous avec les FLAM pas (FLAM Rénovation) puisque, selon certaines rumeurs, on dit que vous êtes membre fondateur ?
Mourtoudo DIOP : Mes relations avec FLAM authentique dont le vaillant Samba Thiam est le président, sont excellentes. Actuellement, nous sommes des organisations complémentaires. Nous nous battons pour la question nationale, et soutenons le retour de Sidi. J’ai été avec beaucoup de plaisir plus qu’un membre fondateur, mais un père spirituel, même si cela peut offusquer quelques individus c’est une réalité que je ne fuis pas mais que j’assume. J’ai beaucoup aidé à la demande des étudiants pour la réunification des chapelles politiques des mélanodermes qui fustigeaient le racisme, l’esclavage et l’exclusion. Il y’a eu de fortes résistances, comme j’étais le point de jonction qui avait une relations avec ces cadres et étudiants, Dieu a aidé à les rassembler. J’étais un étudiant qui faisait la navette entre l’URSS, l’Europe de l’Ouest, chaque fois que je revenais en Mauritanie, ils profitaient tous de mes conférences. Je suis l’un des principaux théoriciens de la question nationale en Mauritanie. J’ai formé dans ce domaine beaucoup de cadres et d’étudiants. Seulement, je n’avais pas assisté au congrès fondateur de FLAM. J’étais en France où nous avions un parti clandestin appelé l’Union Démocratique des Nationalités (U.D.N) que nous pensions transformer en section des FLAM. Malheureusement, par la maladresse de quelques amis, qui ont failli à leur mission de nous informer à temps, j’ai évité organsationnellement d’y adhérer, mais son combat a toujours été le mien.
Notre séjour en Europe et aux USA a permis de souder nos rangs à tel point que nous avons l’impression de croire que nous sommes des organisations jumelles bien que FLAM soit plus vieille que DEKAALEM, et souhaitons que cette collaboration soit accrescente. Je remercie le Docteur Aboubakri Ndongo pour y avoir contribuer.
Assiraje Hebdo : Pensez-vous que le FNDD sortira vainqueur de ce combat politique ?
Mourtoudo DIOP : Seul Dieu le sait, mais, je le souhaite. C’est bien possible de renverser ces nérons du désert, ce sont des chameaux aux pattes d’argile. Je veux dire comme les marxistes que la situation révolutionnaire est mûre en Mauritanie. Elle peut être pacifique ou non. Cette situation révolutionnaire, c’est-à-dire facteur d’un changement inéluctable exige trois conditions.
Un mécontentement populaire.
Un désir profond de changement.
Une formation politique audacieuse déterminée à conduire et à gérer ce changement.
Or, ces trois conditions sont déjà remplies. Le FNDD est le catalyseur, en dépit des mouvements de systoles et de diastoles qu’il subit, il peut vaincre ses adversaires.
Sa résistance opiniâtre et ses luttes épiques ont embourbé la junte qui a utilisé tous les moyens pour l’écraser, mais, comme le roseau, il continue de flotter au dessus des vagues. L’armée sur laquelle s’appuie le Général n’est pas homogène. Des contradictions couvent en son sein. La violence appelle la violence.
La peur a changé de camp. Elle n’est plus du côté de ceux qui résistent. L’embargo dérange les nantis, les ressources tarissent, les difficultés s’accroissent de jour en jour. C’est le marasme qui s’installe. Tout peut arriver d’un jour à l’autre. Les murs du régime sont lézardés, notre lutte appuyée par l’embargo le fera crouler.
Le régime du Général est à son crépuscule. Faute de s’aménager une sortie honorable, le FNDD lui arrachera le pouvoir et gérera autrement le pays.
Assiraje Hebdo : L’enseignement des langues nationales pourra-t-il contribuer au renforcement de l’unité nationale ?
Mourtoudo DIOP : C’est l’un des éléments cardinaux qui permet aux mélanodermes de ce pays aliénés et marginalisés de se réconcilier avec leur culture, leur histoire et de promouvoir leur identité. Refuser à un homme d’apprendre sa langue, c’est l’abêtir. C’est un crime contre l’humanité.
Officialiser et enseigner toutes nos langues, en faire des langues de travail et de gouvernement, leur donner le même statut à la radio et à la télévision, c’est faire œuvre de justice et encourager l’unité nationale.
La constitution mauritanienne est injuste. Elle privilégie en son article 6 une seule langue au détriment des autres.
DEKAALEM ne défend pas le français contre l’arabe, mais l’enseignement de toutes nos langues nationales y compris le Hassaniya qui est officiel au Sénégal mais écrabouillé en Mauritanie. C’est une variété dialectale de l’arabe, comme d’autres variétés dont le Berbère au Maghreb et d’autres variétés au Proche Orient et en Extrême Orient qu’il faut promouvoir et non liquider. Bourguiba et le roi Hassan II ont été les plus grands clairvoyants dirigeants arabes qui ont protégé leurs variétés dialectales face à l’arabe classique, académique. Dans leurs rencontres avec les présidents arabes, ils utilisaient l’arabe classique, mais leurs contacts avec leurs masses se faisaient avec l’arabe non académique. La pluralité linguistique est un facteur de richesse et non de pauvreté culturelle. Liquider une langue c’est tuer le peuple qui la parle.
Ce qui unit les citoyens d’un pays quelconque, ce n’est pas imposer une langue, mais favoriser entre eux la justice et l’égalité, promouvoir toutes les langues et favoriser l’ouverture de chaque citoyen à la langue de son voisin et aux langues étrangères, c'est-à-dire stimuler un emprunt réciproque ou un métissage culturel. Les langues dominantes peuvent périr et les langues dominées se substituer à leur place. C’est la loi de la dialectique. Rappelons nous du « Lazère » mauritanien, du latin, du grec, de l’égyptien ancien mère de toutes les langues africaines etc. Nos langues qui co-existent depuis des centaines d’années se sont enrichies mutuellement. C’est un héritage qu’il faut préserver et non détruire. Il est regrettable de constater que beaucoup de nos intellectuels et décideurs politiques ne maîtrisent pas nos langues nationales et n’ont aucune idée des progrès inouïs accomplis dans ce domaine bien avant la création de l’Institut des Langues Nationales.
Des dictionnaires, des manuels pédagogiques, des livres scientifiques existent en Pulaar, en Ouolof et en Soninké.
Il faut rappeler les travaux accomplis par (L’INALCO) section de la Sorbonne de France, de l’académie des sciences sociales de l’ex URSS, de l’université de Harward des USA, des associations internationales du Pulaar de l’Europe, des pays Arabes, des associations du Pulaar, du Ouolof et du Soninké de Mauritanie, du Sénégal et l’Institut des Langues Nationales de Mauritanie etc.
Faut-il rappeler que j’ai traduit le Coran, la chimie classe de première, les œuvres de Cheikh Anta Diop notamment Nations Nègres et Culture en Pulaar. J’ai aussi traduit les théories marxistes et la question nationale de Aarieh Yaari en Pulaar. J’ai écrit plusieurs livres dans cette langue dont le dernier est intitulé : « Holno Allah anndortoo to bannge ganndal» ? La recherche scientifique nous permet-elle d’accéder à la connaissance de Dieu ? Je fais parti des pionniers du développement du Pulaar à l’échelle mondiale.
Toutes les conditions existent pour l’enseignement de nos langues nationales, don de Dieu, de l’école primaire à l’université. Il n’y a que la volonté de l’état qui confond islamité et arabité qui s’y oppose. L’arabité et la « haalwolsoninkité » (Haalpulaar, Wolof, Soninké) loin de s’exclure se complètent.
Certes beaucoup de partis soutiennent l’enseignement des langues nationales. Mais, actuellement seul DEKAALEM, ici et en Europe, s’investit dans l’alphabétisation en langues nationales afin de faire reculer les bornes de l’ignorance, d’élever la conscience politique citoyenne, démocratique et la foi de ses militants.
La traduction des sciences en langues nationales et plus particulièrement le Coran, Sciences des sciences sera un raccourci et une rampe pour le développement. Nos masses qui sont aujourd’hui à l’avant-garde de ce combat en feront un instrument efficace de la maîtrise de leur destin. Les langues sont au commencement, au centre et à la fin de tout progrès. Nous demeurons convaincus que, la création de l’académie des langues nationales en Mauritanie, comme celle du Sénégal comblerait une grande lacune, et serait un exemple pour les pays qui souffrent de ce handicap.
Entretien réalisé par Oumar Amadou M’baye et Moustapha Lô |