Après le retour triomphal du Secrétaire General l'Association RIBAT pour la défense des causes palestiniennes, Mohamed Ghoulam Ould Hadj, qui avait participé à la flottille de la Liberté, un groupe de femmes tentera à son tour de réaliser le rêve de tous les mauritaniens, " entrer à Gaza ". C'est ainsi que dans le mois d'Aout, qu'une délégation composée de quatre femmes qui sont, Yaye N'Diaw Coulibaly, sénatrice de " Tawassoul ", Aminetou Mint El Moctar, président de l'Association des Femmes chefs de Famille, Vivi Mint Foiji, femme d'affaires et Madame Fatimetou Mint Meydah, réussiront à gagner ce pari.
Afin d'éclairer le public sur les péripéties de ce voyage, notre site "Essirage" a rencontré pour vous, Madame Fatimetou Mint Meydah, Présidente de l'association Féminine de lutte contre la pauvreté et l'ignorance et présidente de la coordination des femmes de l'association RIBAT, qui a bien voulu nous accorder une interview relative à ce voyage.
Essirage : Vous avez récemment vous et un groupe de cadres de femmes rendu visite à Gaza, pouvez-vous nous dire ce qui vous à motivé à organiser cette visite ? Et quelle est sa nature (humanitaire, politique ….) ?
Fatimetou Mint Meydah : Il faut dire que cette visite peut avoir toutes ses connotations : politique, sociale, humanitaires etc. . Elle peut être aussi considérée comme une visite d'un groupe de femmes à leurs frères. Il faut dire qu'après son retour triomphal, après sa participation à la flottille de la " liberté " le Secrétaire Générale du Ribatt avait exprimé son vœux de voir une délégation mauritanienne, qui représenterait toutes les sensibilités du pays, qui puisse se rendre à Gaza. Donc la coordination des femmes de Ribat avait cherché à concrétisé cela et tenté de prendre contact avec toutes les femmes parlementaires les femmes des partis politiques et de la société civile. Mais à ce moment, c'était la vieille du ramadan et c'était aussi les vacances. Tout le monde n'était pas là. Cependant toutes les femmes que nous avons rencontrées ont toutes exprimé leur entière disponibilité, ont salué l'initiative et l'ont apprécié. Deux, alors avaient décidé de nous accompagner. Il s'agit de Madame Vivi Mint Foyji, qui est une grande figure de l'élite de femmes mauritaniennes et qui a beaucoup œuvré pour leur émancipation et Aminetou Mint Moctar, qui elle aussi est connue pour son combat et son acharnement pour les causes des femmes au niveau des organisations des droits de l'homme.
Essirage : Quels sont les obstacles et difficultés rencontrés au cours de cette mission avec les autorités mauritaniennes, égyptiennes, et palestiniennes ?
Fatimetou Mint Meydah : Les difficultés que nous avons rencontrées sont surtout celles liées à la lenteur de l'administration Egyptienne, lenteur que l'on rencontre d'ailleurs dans tous les pays du tiers monde provoquant des ennuies et créant parfois un climat de détresse. Il faut dire aussi que la crainte d'un refus éventuel malgré les rassurantes de certains peut bien être à l'origine
En ce qui concerne les autorités mauritaniennes leur appui et leur soutien ne nous ont jamais manqué. Le Président de la République en personne a donné des instructions à notre Ambassadeur en Egypte pour prendre toutes les dispositions utiles pour l'octroi de l'autorisation de rentrer à Gaza. C'est ainsi que ce dernier à fait toutes les démarches nécessaires pour l'avoir. En ce qui concerne les autorités égyptiennes, nous avons au niveau de l'Ambassade en Mauritanie obtenu le visa sans difficultés mais c'est surtout l'autorisation qui nous a manquée.
De l'autre coté les choses se sont passées différemment. Nous avons été surprises par le niveau de la Délégation qui nous attendait la chaleur de l'accueil et surtout la rencontre du Chef du Gouvernement aussitôt après notre arrivée qu'il puisse lui son Gouvernement, les sœurs qui nous accompagnaient les personnes que nous avons eu l'honneur de rencontrer, les familles que nous avons eu le prestige de visiter trouver ici notre grande considération et notre profonde gratitude. Les conditions dans lesquelles notre visite s'est déroulée nous ont fait oublier les peines et la fatigue du voyage. S'agissant de l'état sioniste le Bon Dieu nous a préservées nous avons eu la chance de ne les pas voir. Bien, qu'à tout moment on s'attende à des raids sur la frontière ce qui a obligé les Egyptiens de mettre à notre disposition une escorte qui nous a accompagnées jusqu'à Ravah.
Essirage : Avez-vous été confrontées à des difficultés financières Fatimetou Mint Meydah : Des difficultés financières proprement dit on en n'a pas eu. C'est quand Vivi Mint Foyji, qui nous avait précédé en Egypte nous avait signalé que seules les gens, qui apportaient des aides pouvaient entrer, que nous avons dans la hâte collecté un montant de 10 mille Euros.
L'Ambassadeur de la Mauritanie a jugé que ce montant était insuffisant et que pour donner une aide à une ampleur plus grande il fallait l'augmenter. Ainsi donc une autre campagne de collecte devait être entreprise et comme le temps pressait les choses n'étaient pas faciles. Et, ici permettez-moi d'exprimer mes sincères remerciements à notre sœur, la Sénatrice Maalouma mint Meydah, et à travers elle l'illustre homme d'affaires Mauritanien Moulaye Hassen Ould Mockhtar Hassen qui avait disponibilisé un montant de 20 Milles euro, que Dieu le récompense et l'agrée. Ce qui nous a permis d'acheter 21 tonnes de médicaments et 4 tonnes de lait infantile.
Essirage : Vous n'aviez pas eu peur en tant que groupe de femmes, après ce qui est arrivé au bateau (flottille) de la " liberté " dans lequel figurait le secrétaire General de Ribat Mohamed Ghoulam Ould Hadj de subir le même sort ?
Fatimetou Mint Meydah : Il faut dire que durant ce voyage, jamais à un moment nous avions eu peur ou étaient inquiétées. Au contraire on était très rassuré car on avait un engagement sans précédant. Nous étions prêtes à subir les conséquences, puisque pour arriver à Gaza il fallait supporter tout ce qui pouvait arriver. D'autant plus que la coordination qui se fait entre les sionistes et les égyptiens devait garantir une certaine sécurité
Essirage : Qu'elle a été l'émotion lorsque vous êtes arrivées à destination? Et Comment vous Jugez l'atmosphère à Gaza ?
Fatimetou Mint Meydah : Notre émotion avait été celle de quelqu'un qui, après une longue attente entachée d'un certain désespoir puisse finalement retrouver ses parents. Notre émotion était aussi celle de quelqu'un qui s'aperçoit que son vieux rêve s'est enfin réalisé. En tout cas moi, j'ai été à la Mecque et à Médine et je pense que l'atmosphère que j'ai rencontrée à Gaza était presque semblable.
Essirage : Certaines personnes pensent que vous priorisez beaucoup la question de la Palestine sur les problèmes internes de la Mauritanie à savoir les conditions de vie précaire des rapatriés, le passif humanitaire, la question de l'esclavage, la pauvreté à l'extrême. Est-ce que vous partagez cet avis ?
Fatimetou Mint Meydah : En tant que Présidente de l'association féminine de lutte contre la pauvreté et l'analphabétisme, je peux me permettre de dire que nous avons toujours essayé de participer à tout ce qui peut atténuer la souffrance des pauvres en Mauritanie sans distinction.
En ce qui concerne les rapatriés, notre association figurait parmi celles qui ont participé à l'accueil de la première vague organisée par l'Etat. Nous avons d'ailleurs fait un travail important dans un campement à Rosso (PK 6), où nous avons distribué des aides en plus de cela nous avons équipé une coopérative féminine agricole. Je crois que les gens qui nous connaissent savent que nous avons fait quelque chose dans ce sens dans d'autres régions.
Quand à la question de l'esclavage, personnellement en tant que membre du Conseil National du Parti Tawassoul, je peux affirmer que j'ai participé au séminaire organisé par mon Parti et partage sa position concernant cette question. Je peux aussi confirmer que la plupart des populations ciblées par les activités de notre association sont issues de cette franche. Des milliers de femmes sont sorties de nos classes et mahadhras après avoir appris à lire et à écrire dont certaines sont devenues enseignantes dans ces mêmes classes. Des centaines de femmes ont bénéficié de la formation professionnelle et exercent des activités génératrices de revenue. Des centaines de coopératives et micro projets ont été financés. Cela est valable pour les distributions que nous faisons pendant le Ramadan dans les fêtes et au moment des catastrophes et à chaque fois que le besoin se fait sentir Et comme l'a bien dit Mohamed Ghoulam, Secrétaire Général de Ribat, dans une rencontre " être pauvre n'empêche pas la personne de venir en aide à autrui ". Je crois que la question de la Palestine, et quelque chose qui rentre dans nos obligations religieuses. Parce que le Prophète Mohamed (psl) a dit dans un hadith que : " Quelqu'un qui ne s'occupe pas des problèmes des musulmans, n'est pas musulman ". C'est dans ce cadre que venir en aide aux palestiniens est une obligation, un devoir religieux et humanitaire. D'autant plus que ce que les palestiniens ont subi comme injustice n'est jamais arrivé à un peuple dans l'histoire contemporaine à ma connaissance.
Essirage : Vous avez effectué cette visite en qualité de quoi (Présidente de l'association féminine de lutte contre la pauvreté et l'ignorance ou bien en tant que membre de Ribat ? Et quelles sont les femmes qui composaient votre délégation ?
Fatimetou Mint Meydah : je faisais partie de cette délégation en tant que Présidente de la coordination des femmes de l'Association Ribat, qui était l'initiatrice de cette visite. En ce qui concerne la délégation, elle était composée Vivi Mint Foyji, Madame Aminetou Mint Moctar, la Senatrice Yaye Ndaw koulibaly et moi-même.
Essirage : Madame Fatimetou, en parallèle à Ribat vous êtes Présidente d'une association dite " Association féminine de lutte contre la pauvreté et l'analphabétisme ", qui travaille dans le domaine socio-éducatif, pouvez-vous en quelques mots nous parler de ces objectif et réalisations.
Fatimetou Mint Meydah : l'Association féminine comme l'indique son nom, est une association de lutte contre la pauvreté et l'analphabétisme. C'est une association qui existe et qui évolue. Elle a presque partout des sections dans l'intérieur du pays. Parmi ses objectifs : Atténuer les souffrances des femmes, améliorer leurs conditions de vie et élever leur niveau intellectuel. Ce que nous utilisons comme moyens c'est l'ouverture des salles de classes. L'association a actuellement plus de 25 classes d'alphabétisation et plus de 30 Mahadras à Nouakchott et à l'intérieur du pays. Nous avons beaucoup d'ateliers de formation en couture, en tissage, en tricotage, en teinture, en enseignement ménager ; bref toute activité génératrice de revenu qui permet à la femme de s'épanouir et d'être indépendante.
Essirage : Madame : Votre dernier mot
Fatimetou Mint Meydah : Mon dernier mot est un appel à tous pour participer à la grande campagne que l'Association RIBAT est entrain d'organiser en vue d'appuyer la " flottille de liberté " numéro deux, qui doit partir dans quelques jours à destination de Gaza. C'est peut être une occasion pour ceux qui n'avaient pas participé jusqu'à présent, de le faire et aux autres de le recommencer dans l'espoir d'une récompense divine. Permettez moi aussi de remercier tous ceux qui de prés ou de loin ont participé à la réalisation de cet acte noble et surtout la délégation que j'accompagnais. C'est une occasion de saluer leur sens de responsabilité durant ce parcours commun et leur volonté de réussir cette mission et surtout leur endurance et l'esprit de cohésion.
Mes remerciements vont aux autorités mauritaniennes et égyptiennes et surtout à notre Ambassade en Egypte. Mention spéciale au Président du gouvernement palestinien de Gaza, aux frères et sœurs que nous avons rencontré et surtout à la délégation Palestinienne qui nous a accompagné durant notre visite à Gaza. C'est une occasion pour moi d'exprimer mes sentiments, mon espoir de les voir venir un jour en Mauritanie et de voir leur pays enfin libre. Que Dieu nous donne longue vie et permet qu'en toute liberté nous nous rendons à Gaza libre prospère et gaie avec ses lumières et toutes ses frontières ouvertes.
Interview réalisé par Oumar Amadou M'baye.
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