Les 24 et 25 mai lors du Forum économique de Nouakchott, le ministre des Finances de Mauritanie, Thiam Djombar, a souligné la nécessité de développer le secteur privé et de renforcer le climat des affaires.
Ce Forum s'est tenu dans un contexte marqué par la finalisation du nouveau plan d’action du CSLP (Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté) qui s’étendra de 2011 à 2015. Thiam Djombar répond aux questions de Marchés tropicaux et méditerranéens à propos de l'environnement économique général du pays. Propos recueillis par Anaïs Dubois, à Lisbonne.
Marchés tropicaux et méditerranéens : La Mauritanie souhaite attirer davantage d’investissement du secteur privé, quelles mesures ont été mises en place pour faciliter la création d’entreprises ?
Thiam Djombar : Comme vous le savez, l’installation des entreprises privées ne peut se faire que si le gouvernement prend toutes les mesures qui s’imposent pour pouvoir attirer ces investissements. Quelles sont ces mesures ? C’est d’abord la mise en place d’un environnement des affaires favorable qui implique la justice, la fiscalité, les infrastructures, l’électricité ou encore les télécommunications.
Ces dernières années la Mauritanie a fait d’énormes efforts pour le développement de ses infrastructures. Ce n’est donc pas un vœu pieu. Ce n’est pas parce qu’on dit aux investisseurs de s’installer qu’ils le font. C’est parce que les conditions sont réunies pour leur installation et leur développement. Et nous sommes en train de les réunir pour amener des entreprises à venir en Mauritanie.
Nous avons également récemment revisité notre code des investissements, qui est presque finalisé. Nous avons mis en place de nouvelles structures pour l’attribution des marchés et nous avons également entamé des réformes juridiques pour sécuriser les investissements.
MTM : Pensez-vous que les banques vont jouer le jeu du financement des entreprises ?
T. D. : Absolument. Depuis deux ou trois ans des banques étrangères (1) sont venues s’implanter directement en Mauritanie. Ce sont des banques qui occupent des créneaux importants et qui sont prêtes à jouer le jeu car elles savent que, sur le plan intérieur, des progrès ont été faits pour les aider à s’installer. Il y a déjà une banque française, une grande banque marocaine. D’autres qui ont déjà leur agrément vont arriver dans le pays. Et nous pensons que le problème du financement du secteur privé ne se pose plus.
MTM : La Mauritanie importe l'essentiel de ses besoins alimentaire. Comment faites-vous face à la volatilité des prix?
T. D. : Début 2011, après que le budget a été adopté, nous avons fait face à une crise alimentaire sans précédent. Le gouvernement a donc été obligé de mettre en place un programme de subvention des produits de première nécessité. Mais nous ne nous sommes pas arrêtés là. Avec le ministère de l’Agriculture, le ministère de l’Emploi et celui de l’Environnement, nous avons mis en place un programme à court terme d’emblavement des superficies cultivables pour amener les Mauritaniens à s’intéresser à l’agriculture. Nous avons énormément de terres cultivables, nous avons de l’eau, de l’électricité, des routes.
Tout ce qui manquait, c’était la volonté des gouvernements d'aider effectivement ces paysans à travailler la terre. Nous avons un programme très ambitieux, qui a débuté cette année avec les fonds de l’État, pour aider les paysans à emblaver des surfaces plus importantes et que l’autosuffisance alimentaire soit une réalité dans quelques années en Mauritanie.
MTM : Comment évoluent les explorations de pétrole et de gaz en Mauritanie, en en particulier dans le bassin de Taoudenni ?
T. D. : Nous avons des indices probants. Les sociétés qui font l’exploration sont très contentes et nous pensons que nous allons débuter très prochainement l’exploitation. Le gaz se trouve essentiellement en offshore. Attendons d’avoir les résultats de toutes ces recherches.
MTM : Comment envisagez-vous l'évolution de la croissance après la chute de 2009 ?
T. D. : La croissance a été très affectée en 2009 mais en 2010 nous avons dépassé les 5 % et les projections sont au delà de 5 % en 2011. La Mauritanie est de plus en plus un pays à vocation minière. Grâce à l’exploitation de ces ressources minières nous prévoyons un taux de croissance très élevé pour les années à venir. À partir de là, nous pensons que le CSLP sera plus facile à mettre en œuvre.
par Anaïs DUBOIS
(1) La Société générale s'est implantée en 2006, suivie de BNP Paribas en 2007. Cette dernière a été rachetée par les marocaines Attijariwafa bank et Banque populaire
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