Mansour Ndiaye à La Tribune : « J’ai été particulièrement sensible aux problèmes de nos concitoyens ici en Mauritanie. » |
La Tribune : Monsieur Mansour N’diaye, comment le centrisme tel que vous le concevez peut-il être porteur de l’espoir de la majorité des sénégalais alors que ces derniers ont également de solides attaches aussi bien politiques que religieuses… ? Mansour Ndiaye : Lecentrisme pour nous c’est la voie du juste milieu. C’est la voie de la majorité, celle des couches défavorisées, celle des démunis, ceux qui n’ont pas de pouvoir d’achat. Le centrisme répond au caractère pondéré de notre éducation religieuse. Le centrisme est le juste milieu et la modération en toute chose. C’est un paravent contre l’extrémisme et le laxisme. Ce laxisme qui nous a conduit à la corruption structurelle, à la dégradation de nos conditions de vie, du cadre de vie, à la dégradation du pouvoir d’achat des sénégalais, bref au malaise social qui nous a conduit au mouvement du 23 juin 2011. Le centrisme c’est aussi pour nous la réforme dans la manière de faire la politique dans nos pays. On ne peut pas faire de la politique sur la base uniquement de l’éthique mais nous ne comptons pas agir sans l’éthique. La Tribune : en 2000 c’est une synergie de plusieurs formations politiques conduites par ceux qu’on pourrait appeler les grosses pointures de l’opposition politique de l’époque qui a permis l’élection d’Abdoulaye Wade. Faut-il retenir que votre candidature à vous, inspirée comme vous le soutenez par des Forces de l’Espoir soit insufflée par un désir de rupture avec l’option politique d’accession au pouvoir ? Mansour Ndiaye : Ma candidature part d’un certain désaveu de cette classe politique avec laquelle les citoyens se sont mobilisés en 2000. En dix ans, cette classe dirigeante a été désavouée par son immobilisme, ses mauvaises pratiques et de façon spectaculaire toutes ces sommes d’argent qui ont été versées à des leaders politiques (30 millions d’après le premier ministre) à l’insu du peuple et de toute bonne pratique en matière de transparence. D’ailleurs la mobilisation du 23 juin, le groupe « y’en a marre » est un désaveu de tous ces vieux leaders politiques qui nous ont trompé pendant 50 ans. Aujourd’hui la quasi-totalité des candidats qui se sont déclarés datent de l’époque Senghorienne. Ils sont directement ou indirectement impliqués dans la situation chaotique et le malaise social qui prévaut dans notre pays. La Tribune : On vous a vu en Mauritanie en compagnie des leaders d’un parti politique, le Tawassoul, présenté ici comme une formation d’obédience islamiste. Quelles sont vos relations au Sénégal avec les confréries religieuses dont les chefs ont très souvent pesé dans les urnes à travers ce que l’on appelle le ndiguel, c'est-à-dire la consigne ou l’ordre de voter pour untel ? Mansour Ndiaye :Nous travaillons avec toutes les forces religieuses, politiques, et même avec la société civile pour que l’expression d’un « désir d’avenir serein » qui va dans le sens du respect de la volonté populaire. Nous avons rencontré Tawassoul parce que nous partageons beaucoup de choses avec ce parti qui travaille à restaurer l’équilibre de la diversité dans la société mauritanienne. Nous partageons aussi le centrisme et notre démarche de réforme qui suppose l’amélioration progressive de notre situation commune. La Tribune : Vous avez 41 ans. Vous êtes expert en finance. Donc une jeunesse et une expérience qui pourraient convaincre les sénégalais à porter leur choix sur vous en 2012. Mais face aux crises dont vous parlez souvent, pensez-vous que ces deux traits de votre personnalité puissent suffire à régler les problèmes structurels de votre pays dans un monde où les institutions financières, les partenaires économiques et les bailleurs de fonds sont souvent très difficiles à suivre, voire à comprendre ? Mansour Ndiaye : Je ne pense pas car au delà de mes compétences, je travaille avec des équipes d’experts dans tous les domaines qui aujourd’hui sont entrain de désigner une « vision prospective – Sénégal 2045 ». Ce « construit collectif » dévoilera tous les leviers de notre développement commun. Je sais aussi que les choix politiques, économiques et sociaux ne sont pas toujours approuvés par les bailleurs de fonds. La détérioration systématique du pouvoir d’achat est très gênante pour tous les partenaires de notre pays. Le Sénégal devra aussi revenir sur les grands équilibres financiers. La détérioration de notre balance commerciale (près de 1500 milliards en 2010), le déficit du compte courant, l’avancée de la pauvreté car sur 10 sénégalais les 6 sont des pauvres. J’ai été particulièrement sensible aux problèmes de nos concitoyens ici en Mauritanie. J’ai rencontré les présidents des associations, des jeunes, des femmes et même ceux qui sont en détention dans les prisons. Je m’engage à relever ce grand défi de les mettre dans des conditions optimales de travail et de vie. Je sais que la majorité des sénégalais ont des inquiétudes sur les recensements en cours qui peuvent déboucher sur l’exclusion de beaucoup d’entre eux. Je compte intégrer ces différents aspects dans le cadre de notre programme pour trouver des solutions durables. Propos recueillis par Kissima Diagana source : La Tribune N°556 du 04 juillet 2011 |
Lundi, 04 Juillet 2011 14:01 |