Scandale à l’Ambassade des USA |
Ce week-end l’Ambassade des Etats Unis d’Amérique à Nouakchott avait organisé, comme à l’accoutumée un Iftar pour les musulmans de Mauritanie en ce mois béni du Ramadan. Mais cette année cette cérémonie, symbole de partage, d’ouverture, de rencontre s’est transformée en un dramatique et pathétique conflit entre les représentants du gouvernement et les militants de l’IRA en Mauritanie devant leurs hôtes américains. A l’heure de la prière l’Imam et ministre de l’orientation islamique a voulu présider la prière du crépuscule, mais le militant Biram n’a pas voulu prier derrière lui et a présider une prière parallèle avec ses sympathisants. Cette scène qui reflète le malaise social ou les conflits de notre scène politique est malheureuse à plus d’un titre. Malheureuse, car il est évident que l’aspect provocation a primé sur toutes les considérations de bienséance chères à nos traditions : peu de respect pour les hôtes, peu de respect pour la religion… Le cas de refus de la légitimité du conducteur de la prière dans nos coutumes existe, comme celui du refus de respecter les calendriers de jeûne déclarés par la communauté, mais ses formes sont codifiées et réglementées. Dans ce cas de figure, Biram aurait pu dignement se retirer et aller prier ailleurs ou attendre la fin de cette prière et prier, sans se donner en spectacle. Mais c’est le spectacle qui l’intéresse justement, me diriez-vous. Alors dans ce cas c’est vraiment dommage, surtout lorsque je lis sur le site Essirage toutes les insultes haineuses, racistes, révoltantes et dégradantes plus pour celui qui les profèrent que pour celui qui les reçoit, profanant profondément le sacre de ce mois béni. Bien que je ne porte aucune une estime particulière pour la personne de Biram Ould Abeidi, je respecte néanmoins son combat juste et je suis fortement persuadée que ses actions ont certainement une influence positive sur certains comportements esclavagistes et serviront sûrement au changement de certaines mentalités. Mais ce qui me chagrine, c’est qu’à force de tirer sur la corde, il finira par la rompre et qu’il risque finalement d’arriver au contraire des résultats souhaités. Nous n’avons pas besoin d’attiser la haine qui ne va entraîner que la violence des ignorants et faibles d’esprits et finira par braquer les autorités et gouvernants, qui au lieu de coopérer pour faire appliquer les lois antiesclavagistes, verseront dans la logique inverse de l’autruche. Quoique que l’on dise, ou l’on déclare (dixit le Président de la République) l’esclavage en Mauritanie, même s’il est aboli, même s’il est criminalisé, demeure et sa pratique est encore tolérée (us et coutumes), souvent volontaire (acceptée par la victime même) et persiste chez toutes les ethnies et sous plusieurs formes : esclavage domestique, esclavage sexuel, servitude juvénile (Almoudés), servitude pour dettes, … Nos sociétés sont très conservatrices, peu ouvertes, pauvres, vulnérables, peu éduquées, ce qui rend difficile et lent le changement des comportements et des mentalités escomptés pour arriver à une véritable éradication de l’esclavage sous toutes ses formes. Cet état de fait demande encore plus de travail de profondeur pour améliorer l’accès à l’éducation, la seule vraie solution pérenne pour une réelle émancipation de nos concitoyens victimes des abus et injustices.
La Citoyenne Lambda
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Mardi, 23 Août 2011 15:56 |