Je tiens tout d’abord à féliciter les membres de l’IRA et en particulier Monsieur Biram ould Dah pour son courage, son acharnement et sa ténacité dans ce combat noble qu’il mène depuis quelques années contre l’esclavage en Mauritanie. Comme le disait l’autre, la liberté ne s’octroie pas mais elle s’arrache par une lutte permanente jusqu’à l’atteinte de l’objectif suprême.
Je me permets en toute modestie de vous recommander la stratégie du Docteur Martin Luther King : une lutte pacifique mais acharnée contre le système, la désobéissance civile, mobiliser les dockers, les boys, les chauffeurs, les charretiers, les adwabas, les soldats, policiers, gendarmes, douaniers harratins, les cadres, mobiliser les harratins dans les kebbas et à l’intérieur du pays par le biais de petits meeting pour les sensibiliser sur leurs droits en tant qu’êtres humains d’abord et en tant que citoyens à part entière de la Mauritanie, d’autant plus qu’ils représentent plus de 60% de la population mauritanienne.
Je sais pertinemment qu’il y a un grand nombre d’intellectuels maures-blancs qui sont contre l’esclavage et le racisme en Mauritanie, mais il faut que ces derniers aient le courage de dénoncer ces ignominies et d’apporter leurs soutiens à des organisations tel que l’IRA. Le gouvernement mauritanien doit impérativement reconnaître l’IRA si vraiment son intention est de lutter efficacement contre l’esclavage et ses séquelles.
Il est vraiment ridicule de reconnaître un parti politique de jeunes qui soutient le président Aziz et ne pas reconnaître une organisation qui lutte pour le respect du droit et de la dignité des harratins. Je crois que le président Aziz doit redoubler d’efforts pour éradiquer cette ignominie et ses séquelles en posant des actes significatifs : reconnaître l’IRA et collaborer avec cette organisation pour éradiquer l’esclavage ; des peines de prison plus sévères à l’encontre des esclavagistes ; licenciement des cadis, walis et préfets qui étouffent les cas d’esclavage avérés qui leurs sont signalés.
D’autre part, l’IRA se doit être une organisation ouverte et multiculturelle composée de harratins, maures-blancs progressistes, pular, soninké, wolof pour ne pas être taxée de sectaire afin d’avoir un poids politique important en Mauritanie. Il vaut mieux orienté la lutte sur le terrain, surtout à l’intérieur du pays.
Sur le plan international, si le gouvernement mauritanien montre sa bonne foi dans l’éradication de l’esclavage en posant des actes concrets qui vont dans ce sens, il n’est pas nécessaire d’aller ternir l’image de notre pays en Europe et en Amérique. Il serait plus judicieux de collaborer avec les autorités compétentes pour trouver une issue à ce problème. Dans le cas contraire, Monsieur Biram ould Dah, saura quoi faire.
Notons que le problème de l’esclavage n’existe pas seulement au sein de la communauté maure. L’IRA devra aussi dénoncer l’esclavage chez les soninkés qui ont des cimetières pour nobles et des cimetières pour esclaves, plus esclavagiste que ça tu meurs ! Chez mes parents Wolofs de Garaak , près de Rosso, il y a des Gamou (célébration religieuse) pour nobles et des Gamou pour esclaves et castés.
Chez les pulaars aussi c’est encore pire. Il ne faut pas tomber dans une sorte de dénonciation sélective qui ne vise qu’à dénoncer l’esclavage au sein de la communauté maure. Il faut une dénonciation généralisée de ce mal quelque soit la communauté qui le pratique. En ce qui a trait à la redistribution des richesses et des postes de responsabilité au niveau de la fonction publique et des sociétés parapubliques ainsi que l’attribution des marchés et des licences de pêche. Il est important que toutes les franges de la population soient représentées et aient leurs parts du Méchoui.
Il est néfaste que le Méchoui soit la chasse gardée de certains privilégiés au détriment des autres. La politique d’exclusion n’engendre que frustration et colère, c’est comme une marmite qui est en train de bouillir on ne s’est pas quand est-ce que le couvercle va sauter. En ce qui a trait à l’enrôlement des populations, je trouve que c’est une excellente initiative du gouvernement. Il faut qu’on ait un registre de l’état civil fiable qui intègre les données biométriques de chaque citoyen mauritanien. Pour non seulement sécuriser nos frontières et gérer le flux migratoire en provenance du Maghreb et de l’Afrique sub-saharienne.
A titre d’exemple, chez mes cousins sénégalais, vous ne pouvez pas être taximan si vous n’êtes pas de nationalité sénégalaise alors que chez nous en Mauritanie tout le monde peut être taximan. Il faut donner la priorité aux nationaux pour certains types d’emplois afin de lutter efficacement contre le chômage.
Il va falloir promouvoir la formation technique (programme 1 année ou 2 ans) pour les métiers de plombiers, électriciens, mécaniciens, maçons, menuisiers, tailleurs, afin de « mauritaniser » ces types de métier et faire baisser le taux de chômage des jeunes. Mes propos n’ont rien de Xénophobe, au Canada pour travailler au Gouvernement fédéral ou dans certaines institutions, il faut être de citoyenneté canadienne. Ils vous disent clairement que la priorité est accordée aux canadiens.
Vous allez me dire que le contexte est diffèrent mais je veux juste préciser que la notion de préférence nationale existe même dans les pays développés. Il est primordial de savoir qui est mauritanien et qui ne l’est pas, tout patriote doit être à l’aise avec ce principe. Je suis parfaitement pour cet enrôlement ou ce recensement de la population.
Le seul problème avec cet enrôlement est le déficit de communications des autorités compétentes par rapport à la sensibilisation de la population sur l’objectif que vise cet enrôlement, les documents nécessaires à fournir pour être recenser ou enrôler, la procédure à suivre pour les mauritaniens nés à l’étranger. Il faut aussi noter le manque de diversité ethnique par rapport aux membres des commissions dans les différents bureaux d’enrôlement.
En effet, la plus part des membres des commissions sont arabo-berbères, arabisant et zélés, d’après les échos que j’ai eus et la constatation que j’ai faite dans le bureau où je me suis recensé, ce qui ne facilite pas les choses. Il va falloir imposer des sanctions sévères aux agents de l’état civil qui bradent les papiers mauritaniens aux étrangers.
Concernant le cas des réfugiés, je crois que le gouvernement est sur la bonne voie pour résoudre définitivement ce problème. En acceptant le retour des réfugiés en Mauritanie, j’estime que le gouvernement a envoyé un signal fort d’apaisement pour renforcer la cohésion nationale. Ce qui reste à faire, est d’aider ces gens à s’insérer dans la société et œuvrer pour qu’ils recouvrent rapidement leurs droits.
Avant de conclure, j’aimerai féliciter notre armée nationale et nos forces de sécurité pour leur courage et leur abnégation dans la lutte qu’ils mènent contre les forces du mal. Que Dieu bénisse la Mauritanie! Mon pays bien aimé malgré tout
Ahmedou fall Diène, conseiller financier au Canada
source CRIDEM |